Deuxième partie

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C'était un homme grand, très grand, immense même comparé à moi il faisait la taille d'une montagne. Il dominait par sa seule présence, et l'aura qu'il dégageait et je compris pourquoi les enfants insistaient à l'appeler monsieur. A mon approche, il se leva, s'avança et se prostra juste devant moi, me faisant face. Je fus obligée de lever la tête pour croiser son regard, qui d'ailleurs était difficile à soutenir. Il avait des yeux sombres perçants, de la même couleur que ses longs cheveux noirs qu'il avait attaché en un chignon bas. Je déglutis. Sa peau bleu nuit lui donnait un aspect irréelle, et il devait mesurer pas loin de 2 mètres et demi. J'étais impressionnée et intimidée. Je savais que s'il le souhaitait il pouvait m'écraser entre ses mains. Je pris alors la parole balayant le silence gênant et pesant qui s'était installé entre nous. "-Merci de m'avoir recueillie et portée jusqu'ici. Je ne vais pas plus vous embêter, je vais récupérer mes affaires et partir.
-Non. Petite reste ici, tu as dormis un jour entier, tu dois être affamée et encore fatiguée. Reste partager un bon repas avec nous et te reposer, je ne te laisserai pas partir tant que tu ne seras pas rétablie.
-Mais je ne veux pas vous déranger et imposer ma présence.
-Tu ne le fais pas, alors c'est un ordre reste." Je considérais la proposition et n'arrivais pas à résister très longtemps sous les assauts de mon ventre qui criait famine. Je jetais un coup d'œil à la table désormais garnie de plats et fumets en tout genre que les enfants apportaient des cuisines et salivais. Je hochais la tête et m'installais avec tout les autres sur une chaise. Les enfants se jetèrent avec appétit sur la nourriture et je les imitais sous l'œil amusé de notre hôte. A la fin du repas, ils remercièrent le maître des lieux et je fis de même. lors qu'ils quittaient la table, l'homme me demanda de rester auprès de lui pour parler. "-Alors petite, comment t'appelles-tu?
-Emily monsieur et vous?" Il parut surpris par ma question, évidemment que cela le surprenait les enfants m'avaient dit ne jamais lui avoir demandé son nom. Son regard se fit nostalgique. Il prononça alors d'une voix faible : "-Quelle importance mon nom est...
-ça a de l'importance, c'est une partie de vous.
-On m'appelait autrefois Lewis. Et d'où viens-tu Emily?
-D'un village voisin. Ma mère est morte il y a peu alors j'ai voulu partir.
-Je vois, alors tu n'as pas été abandonnée? C'est dangereux à ton âge de se balader dans la forêt seule.
-Je suis pourtant plus âgée que vous ne le pensez, j'ai obtenu ma majorité il y presque un an maintenant.
-V-vraiment? Je pensais que tu étais plus...
-Jeune? Oui, on me le dit souvent. Sûrement à cause de ma petite taille, je fais plus jeune que mon âge mais je n'en reste pas moins une adulte.
-Alors tu n'as pas ta place ici.
-P-pardon?" J'avais cru mal entendre mais l'aversion que je lisais sur son visage était bien réelle. Jonas arriva, il semblait avoir épié la conversation. "-Hors de question monsieur! Vous l'avez entendu elle n'a nulle part où aller, et puis regardez la bien, elle est toute petite et fragile comme une enfant, les dévoreurs ne feront qu'une bouchée d'elle s'ils la croisent.
-Les quoi?
-Cette forêt recèle bien plus de dangers que tu ne peux l'imaginer petite. C'est d'accord tu peux rester, mais à une condition, si tu restes ici, tu ne pourras plus jamais partir, comprends le, comme ses enfants en acceptant de vivre dans le manoir tu renonces à ta liberté pour toujours.
-J'ai besoin d'y réfléchir.
-Bien je te laisse jusqu'à demain soir pour me donner une réponse." Je hochais la tête et suivis Jonas à travers les couloirs. Il me guida à la chambre dans laquelle je m'étais réveillée plus tôt.
« -Ne te fie pas à ses apparences et à son caractère de chien battu. Il se fait juste beaucoup de soucis pour nous. Je pense qu'il a peur que tu aies une influence sur nous et nous convaincs de partir avec toi.
-Je comprends...
-Sur ce, je te souhaite bonne nuit.
-Bonne nuit à toi Jonas.
-A demain, ah et au fait, tiens c'est pour t'aider à t'endormir, tout les enfants doivent le boire le soir, ordre du maître. » Je scrutais le verre de liquide pourpre qu'il venait de me donner. Je l'apportais à mes narines pour sentir les effluves qui avaient un parfum de lavande mais rien d'autre de très particulier. Ça ressemblait à du thé froid , mais je le mis de côté sans le boire, qui sait ce qu'il aurait pu mettre dedans, de la drogue? Des somnifères? Car si cela aidait vraiment à s'endormir je doutait qu'il n'y ait que de l'eau parfumée à la lavande. J'interrogerai sûrement un enfant soit le maître des lieux demain. En attendant je me posais un tas de questions sur ces enfants. Mais pour le moment je devais me concentrer pour prendre une décision. Partir sans savoir où aller, et laissais derrière moi l'idée d'une famille, d'un toit et de la nourriture à profusion sans efforts, malgré l'étrangeté de l'hôte. Ou bien partir, être libre mais sans être sûre de survivre jusqu'au lendemain, et vivre dans la crainte que chaque jour passé soit le dernier?  La seule chose qui me turlupinait était que je ne connaissais pas Lewis, comment être certaine qu'il n'était pas un tueur en série? Un meurtrier d'enfants sans défense? Un ermite psychopathe? Je lisais vraiment trop de romans.

Le lendemain j'avais pris ma décision mais je devais d'abord parler un peu aux enfants. Je trouvais Jonas en train de s'occuper de deux adorables petites filles qui gazouillaient et courraient dans tout les sens. Jonas leur courrait après tentant de leur enfiler des chaussettes. Lorsqu'il m'aperçu il arrêta toute activité, essoufflé. Il vint alors à ma rencontre en me saluant. « -Bonjour Emily.
-Bonjour Jonas.
-Linah et Nahli sont de vraies petites pestes, déclara-t-il en suivant mon regard. » Les deux petites essayaient vainement d'enfiler leur chaussettes l'une à l'autre. « -Quel âge ont-elles?
-Cinq ans, ce sont de vraies jumelles diaboliques et crois-moi ce n'est pas de tout repos.
-J'imagine. Mais dis-moi, comment sont-elles arrivées ici?
-Elles ont été abandonnées à leur naissance. Leur parent voulaient un fils, un héritier pour travailler et transmettre leur nom de famille. Ils n'avaient pas assez d'argent pour s'occuper de deux filles, deux autres bouches à nourrir qui ne leur rapporteraient rien à part des mariages dans lesquels ils devront investir encore plus. Alors quelques jours après leur naissance ils les ont déposé sur un tronc d'arbre sec dans la forêt. Elles ont bien failli mourir de soif, mais leurs pleurs ont interpellé le maître qui passait par là et il les a adopté.
-Et toi?
-Moi c'est un peu similaire, ma mère ne voulait pas de moi, elle me traitait chaque jour de bon à rien, elle me disait que j'étais inutile et que c'était de ma faute si mon père l'avait quitté. Alors je me suis enfui, et le maître m'a trouvé en larmes dans la forêt. Il m'a réconforté et m'a offert une famille, une utilité, une raison de vivre.
-Et depuis quand es-tu ici?
-Et bien... je... ne me rappelle pas vraiment... cela remonte à trop loin et tu sais la mémoire nous joue souvent des tours pour les souvenirs d'enfance.
-Euh oui sûrement ahah...
-Alors tu as pris ta décision?
-Oui je vais rester.
-Tu prends la bonne décision. Tu vas voir nous sommes bien ici. » Les deux fillettes s'étaient arrêtées de jouer et accoururent vers moi, s'accrochant à mes jambes pour attirer mon attention. « -Tu restes?
- Oui, comment je pourrai me passer de vos bouilles d'anges?» Elles gloussèrent et me firent la fête en sautant et criant dans tout les sens que je restais. Je sentais que j'allais me plaire ici malgré la part de mystère de cet endroit et de son propriétaire.

Le géant et la petite demoiselleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant