Chapitre 9 : Pression, dépression

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La commissaire Legrand rangea le journal dans son tiroir quand elle aperçut sa collègue arriver avec les deux adolescentes. Émilie avait son bras autour des épaules de Pauline qui tremblait malgré l'épaisseur de sa doudoune.

- Bonjour les filles. Nous n'avons pas encore parlé toutes les trois, vous me suivez.

Emilie acquiesça et entraina Pauline à sa suite. Une fois dans la salle d'interrogatoire, Sarah s'installa et attendit que les jeunes filles fassent de même.

- Bon, j'ai une question importante et vous avez plus qu'intérêt à y répondre sincèrement. Pourquoi vous en vouliez à Lucie ?

Silence. La policière patienta, leur montrant ainsi qu'elle ne comptait pas abandonner. C'est finalement Émilie qui prit la parole.

- On sort ensemble et Lucie nous faisait vivre un calvaire, dit-elle simplement.

- Donc vous êtes en couple, seulement Lucie, homophobe, j'en déduis, vous persécute, c'est ça ?

- Oui.

- Vous l'avez tué ?

- Non, répondit l'adolescente calmement prenant sa petite-amie, toujours tremblante, dans ses bras.

- Très bien, Pauline est-ce que tu t'en es prise à Lucie pour te venger ?

La jeune fille secoua la tête de gauche à droite, sans jamais croiser le regard de la commissaire. Des gouttes de sueur commencèrent à perler sur son front et ses joues se colorèrent de rouge, tandis qu'elle peinait de plus en plus à respirer.

- Pauline, calme-toi, il peut rien t'arriver d'accord ? Elle n'est plus là, lui assura Emilie en ouvrant sa doudoune, sans pour autant réussir à la calmer.

- Tu l'as tué, n'est-ce pas ?

- Non ! s'écria la blonde de plus en plus tremblante.

- Si, tu t'es débarrassée d'elle, tu t'es vengée.

- Non, je vous le jure, je ne l'ai pas tué, j'en suis incapable, promit-elle, haletante. La respiration sifflante et la pâleur du visage de la jeune fille inquiéta tout de même Sarah qui ordonna à l'un des policiers de garde d'aller chercher un verre d'eau et de récupérer un inhalateur.

- S'il vous plaît commissaire, arrêtez, elle ne l'a pas tué. Je suis persuadée que même vous, vous le savez. Lucie la hante, vous ne pouvez pas savoir ce que c'est, de pas pouvoir s'aimer, juste parce qu'on n'est pas dans les normes. Vous n'avez pas idée du calvaire que l'on vivait. Elle savait très bien que les insultes et les coups ne m'atteignait pas, alors vous savez ce qu'elle a fait, elle a commencé à menacer Pauline. Un jour elle l'a frappé, comme ça, devant des dizaines de lycéens qui n'ont rien fait et quand j'ai défendu ma copine, un surveillant a débarqué. C'est moi qui ai tout pris, j'ai été exclue trois jours, et Pauline s'est retrouvée seule au lycée. Lucie l'a persécuté, elle l'a ridiculisée, insultée, brisée, et je n'étais pas là pour la défendre. Vous ne pouvez pas imaginer comme j'ai culpabilisé, j'étais en sursis à mon retour, je n'avais pas le droit à l'erreur. Alors oui, je la détestais, plus que tout au monde, mais je ne l'ai pas tué et Pauline non plus. Si ça ne vous a pas convaincu alors allez-y mettez moi en taule. Mais si vous faîtes ça, c'est elle qui gagnera. Lucie aura encore gagné même morte, elle aura réussi, déclara la brune en serrant Pauline dans ses bras, elle planta son regard, empli de larmes, dans celui de la commissaire, la mettant au défi de la contredire. Le policier arriva et posa le verre d'eau et l'inhalateur sur la table en métal. Émilie récupéra l'inhalateur et appuya plusieurs fois dessus pour aider sa petite-amie à stabiliser sa respiration. Cette dernière bu ensuite le grand verre d'eau et prit la parole.

- Désolé commissaire, murmura-t-elle.

- Je t'ai poussé à bout, je devais m'assurer que vous étiez sincère. Vous allez pouvoir rentrer chez vous maintenant.

- Merci beaucoup, dit Émilie avant de se lever et de prendre la main de Pauline. Devant la porte, celle-ci se retourna.

- Commissaire, Maëlle, elle va s'en sortir pas vrai ? demanda-t-elle.

- On l'espère, mais c'est une battante. Nous vous contacterons lorsqu'on aura des nouvelles.

- D'accord, merci et au revoir.

Quand elles furent partit, Sarah sortit et rejoignit son meilleur ami dans son bureau. La journée touchée à sa fin. Elle toqua et rentra, trouvant le jeune homme concentré sur les données de l'ordinateur, un café dans la main.

- Tristan ?

- Oh, salut Sarah. Quoi de neuf ?

- J'ai interrogé Emilie et Pauline, elles ne l'ont pas tué, j'en suis certaine.

- Et les autres jeunes ?

- En garde à vue, je ne peux pas les interroger maintenant, on doit rassembler de quoi leur faire pression, trouver leur mobile.

- On verra ça demain Sarah. Tu es crevée et moi aussi, rentre chez toi.

La commissaire acquiesça et salua son ami avant de prendre la route de son appartement.

Des Bonbons ou un Meurtre ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant