Chapitre 6: Affolement

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Les cris de Jules et d'Alix me réveillèrent en sursaut.

- Ohhh, il est 8 heures, laissez-moi dormir !

Le lycée était fermé pendant une semaine encore à cause des dégâts que le crash avait fait dans la ville. Je ne savais même pas comment j'avais pu m'imaginer une seconde que je me reposerai pendant ces quelques jours de congé.

- Nonnn, Emmy, Maman a dit que tu nous emmènerai au magasin de jouet ! me vociféra Jules dans les oreilles.

- Quoi ? Mais je n'ai jamais dit ça ! m'étonnai-je, exaspérée.

J'enfilai un legging qui trainait par là puis descendis les escaliers à la recherche de Maman.

- Qu"est-ce que c'est que cette histoire de magasin de jouet ? demandai-je en m'installant à la table de cuisine.

- Il faut que je défasse les cartons, que je range la maison ... Je n'y arriverai jamais avec eux ici, répondit-elle, en affichant un regard suppliant.

- Bon d'accord, j'accepte de les y emmener, soupirai-je, mais en échange ... tu veux bien qu'on aille au restaurant ce soir ensemble ? S'il te plaît, ça te permettra de te détendre un peu, ajoutai-je en voyant une expression désapprobatrice traverser son visage.

- Je vais voir mais il me semble que les voisins voulaient nous inviter à dîner ce soir, donc ce sera plutôt demain, d'accord ?

- D'accord, dis-je un peu déçue.

Je commençai à faire demi tour lorsqu'elle m'interpela:

- Du coup, si tu pouvais les emmener au magasin, leur acheter un petit truc chacun mais pas trop cher, et puis les faire goûter au parc ensuite ? Ça te va  ou tu avais prévu quelque chose d'autre ?

Je réfléchis à d'éventuels plans qui aurait pu me permettre d'éviter ça mais je ne vis rien. Et puis, cela me donnerait une raison pour sortir et découvrir la ville.

- Non, c'est bon, j'y vais; je reviens, je vais prendre ma douche.

- OK! Merci ma chérie !

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Après ma douche, j'enfilai une robe salopette blanche en jean puis mes Dr.Martens bordeaux et descendis enfin pour déjeuner. 

- Tiens, voici de l'argent pour la promenade de cette après-midi et une bouteille d'eau.

Je rangeai tout ça soigneusement dans mon sac fjallraven noir puis pris la main droite de Jules et la main gauche d'Alix. 

- Aliénor, tu veux venir ? haussai-je les sourcils.

- Mmh, oui pourquoi pas, je mets mes chaussures, j'arrive.

Une fois tous dans le hall, j'appuyai sur le bouton de l'ascenseur.

- Ooh camionn mimi! hurla Alix en apercevant un poids lourd devant nous. 

"Mimi" était le surnom qu'elle m'avait attribué en jugeant que "Emmy" était trop difficile à prononcer.

- Oui, choupi, c'est un camion, lui répondis-je en serrant sa petite main toute potelée dans la mienne.

Environ dix minutes de marche plus tard, nous arrivâmes devant un magasin coloré dont la devanture était submergée de jouets.

- On y est !! crièrent-ils en choeur. 

Leur excitation provoqua un sourire sur mon visage, ils étaient si mignons à s'émerveiller devant tout et n'importe quoi.

Une fois entrés dans la boutique, ils se dispersèrent chacun dans leur rayon favori tandis que je circulai au milieu afin de les surveiller à tour de rôle. Jules se précipita vers moi en m'ordonnant de le suivre. Il m'entraîna par la main jusqu'à un rayon réservé au film Toy Story dans lequel trônait un colossal buzz l'éclair d'environ un mètre de haut. 

- Tu peux me l'acheter, tu peux me l'acheter ?! trépigna Jules avec un regard insistant. 

Je m'approchai de l'individu en plastique pour voir son prix. Exorbitant.

- Non, Jules, je peux pas t'acheter ça ! Tu demanderas à Maman, c'est beaucoup trop cher !

L'air maussade, il repartit en direction d'un nouveau rayon mais ne tarda pas à retrouver le sourire en apercevant des briques étaler un peu partout sur une minuscule aire sécurisée de barrière.

Quelques instants plus tard, Alix se cramponna à ma jambe avec une poupée en tissu dans les mains tandis que Jules s'élança sur moi, une boîte en carton à bout de bras et Aliénor, de l'autre côté, avec une barbie à la queue de poisson.

- Oh oh calmez-vous les enfants ! dis-je en riant, où est-ce que tu as trouvé cette poupée ?

- Là ! dit-elle, en montrant du doigt un rayon à quelques mètres, ses grands yeux innocents cherchant l'endroit exact.

Après avoir vérifié que chacun des jouets avait un prix abordable, nous passâmes en caisse. Ils sautaient tous sur place, attendant le babiole avec impatience. Enfin sortis, nous nous dirigeâmes vers le parc le plus proche. Le ciel s'était assombri et on pouvait voir le soleil commencer peu à peu son chemin vers l'horizon. Je m'installai sur un banc alors que les enfants couraient jusqu'à la structure en bois. Je baladais mon regard sur les différentes personnes présentes à proximité des jeux. Il y avait une maman avec ses deux enfants, un papa et sa petite fille, des adolescents avec des casques de musique sur la tête, plus loin, une jeune fille et sa mère, toutes deux sur leur téléphone. Un homme d'une quarantaine d'année entra par la barrière en métal qui fit un grincement assourdissant à son abord.

Son visage m'intriga, ses cheveux étaient mal coiffés et sa barbe mal rasée. Ses cernes étaient profonds et colorés comme s'il n'avait pas dormi depuis des semaines. Son regard trahissait un excès de colère passé qu'il avait beaucoup de mal à l'oublier. En première impression, il pouvait faire presque peur et, au son de son entrée, toutes les têtes se levèrent. Les enfants le fixèrent un instant puis vaquèrent à leur occupations sans plus faire attention à lui. Je ne pouvais détacher mes yeux de lui, ignorant ses intentions. Il s'approchait, comme si de rien était, peu à peu des enfants. Pensant qu'il allait les contourner, je restai d'abord sur mon banc; puis, voyant qu'il les toisait dangereusement, je me levai d'un bond, un frisson de peur dévalant ma colonne vertébrale.

Le temps que j'arrive, il s'était approché d'Alix et s'apprêtait à poser la main sur elle.

- Je vous interdis de la toucher ! criai-je sans doute plus fort que je l'aurais voulu.

Des larmes de colères emplirent mes yeux.

- Qu'est-ce que tu vas faire ? répliqua-t-il, une moue provocatrice au visage. 

Sa voie était rauque et allait parfaitement avec son sombre visage.

Je m'interposai entre ma petite soeur, paralysée par la peur, et lui lorsqu'une voix grave s'énonça.

- Oh, barrez-vous d'ici ! C'est un parc réservé aux enfants pas aux pervers dans votre genre !

Je me retournai, la voix d'Ylan tonnait dans la direction du vieil homme qui balada son regard mauvais sur les alentours du parc puis termina sur Ylan. Il fuit en se dirigeant droit vers Ylan mais l'esquiva au dernier moment, les poings serrés.

ScrupulesWhere stories live. Discover now