Recueil d'OS I-Dolls Otome

Concours Mermay

Les pieds dans le sable frais de la plage, je contemple la Mer Jaune qui s'étale devant moi à perte de vue. Malgré l'heure avancée de la nuit, je ne parviens pas à fermer l'œil. Mon cœur est dépourvu de fatigue et rempli d'excitation comme jamais, comme si quelque chose m'attendait.

Depuis que je suis arrivée dans ce pays pour passer les vacances avec un groupe d'amies, la Corée m'ébahit de sa beauté. Sa culture musicale et gastronomique, son histoire, tout a été un coup de foudre pour moi.

Je me sens ici comme chez moi, encore plus que dans ma nation d'origine. Je le ressens au plus profond de mon être, comme si les cognements dans ma poitrine répondent à une basse qui résonne.

Les yeux posés sur l'horizon, le son des vagues s'échoue contre le sable et m'apaise. Un léger vent rafraichit mon visage et fait danser mes longs cheveux autour de moi. J'enfouis mes mains un peu plus profond sous les grains, bascule la tête en arrière et ferme les yeux. Ce calme est divin et je m'évade hors de mon corps.

Au bout de longues minutes, une mélodie s'envole dans le ciel et s'incruste dans mon âme. Je rouvre les yeux et essaye de trouver l'origine de ce merveilleux chant qui ressemble davantage à un tintement de cristal qu'à une voix humaine. En plissant les yeux, je remarque qu'un petit rocher est planté au centre de l'eau, à quelques mètres du bord. Je me demande s'il est raisonnable d'y aller mais ma curiosité prend rapidement le dessus. Peut-être que cette escapade pourra me fatiguer un minimum et m'aidera à ferme l'œil. Je me déshabille, laisse mes vêtements sur le sable et entre dans l'eau en maillot de bain.

Sans un regret, j'avance au rythme de mon cœur qui s'accélère. Petit à petit, une silhouette se dessine sur le rocher et je distingue sans mal que le bas du corps ressemble à une queue de poisson. Je fronce les sourcils.

C'est une sirène ? Soit c'est une mauvaise farce, soit c'est un rêve.

Je me rapproche jusqu'à toucher la pierre du bout des doigts. Un peu plus haut, une créature mi-homme, mi-poisson me regarde avec intérêt. Son visage est fin et son nez et son menton sont pointus. Ses cheveux de jais sont coupés court sur la gauche du crâne et une plus large mèche ébouriffée retombe à droite. Ses yeux marron clair percent mon âme, comme s'ils cherchent à lire en moi, à découvrir mes plus obscurs secrets. Aux oreilles, de tout petits morceaux de coquillage sont ancrés dans la peau, comme des piercings. Son torse est massif et puissant. Ses écailles sont d'une couleur fuchsia contrastant avec le paysage, parsemé de grandes taches noires.

Nous nous regardons intensément pendant que sa voix continue de s'élever dans les airs pour se répercuter sur l'eau. Son visage ne transparait aucune émotion si ce n'est la sérénité. Au bout de quelques secondes, les notes s'arrêtent et il tend une main vers moi. Je regarde ses doigts avant de lever les yeux vers les siens. À cet instant, ils me renvoient une image virile, masculine et audacieuse.

— Je rêve, c'est ça ?

— Il n'y a qu'une manière de le savoir, dit-il d'une voix envoutante avec un sourire en coin.

Que pourrais-je perdre ?

Je glisse mes doigts mouillés dans les siens. Avec force, il me hisse jusqu'à son torse puis tombe en arrière, m'entraînant avec lui dans un léger rire grave. Nous plongeons la tête la première mais je n'éprouve aucune crainte à me laisser embarquer par un inconnu. C'est même plutôt l'inverse, l'excitation présente dans ma poitrine semble enfin s'épanouir. Mon corps contre le sien, j'ai presque l'impression d'être là où je devrais être. Sa queue remue à coup de mouvements amples pour nous propulser vers le fond de l'eau.

Dans notre vitesse, un miroitement de poissons de mille et une couleurs glisse sur nos peaux pour prendre le chemin inverse. L'eau est limpide autour de nous, la lune s'y reflète et l'éclaire de ses rayons argentés. Nous nageons dans un tourbillon d'animaux marins, de pétales et de bulles d'air qui m'enivre.