4.3 : Liens

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 Nicolas inspira profondément, décrocha le téléphone et composa le numéro.

— Garage Gérard j'écoute ?

La voix de son oncle, reconnaissable entre toutes. Comme un coup de massue, la nostalgie d'une époque révolue le frappa.

— Pierre ? C'est Nicolas.

Un silence interrompit leur conversation. Nerveux, Nicolas resserra le poing sur le combiné, puis s'efforça de ne pas le broyer dans sa main.

— Bordel, c'est pas vrai, dit son oncle à l'autre bout du fil. C'est vraiment toi ?

— Ouais.

Il entendit un soupir.

— Gamin, je suis vraiment content de t'entendre !

Il soupira à nouveau.

Alors... c'est vraiment toi qui as récupéré la maison ?

— Tu en doutais ?

— C'est que...

Il se racla la gorge.

— J'espérais que tu viennes me voir à ton retour. Ça fait un bail que t'as plus donné signe de vie. J'ai même cru que tu étais mort.

Nicolas sentit ses jambes trembler et, faute de siège à proximité, choisit de s'asseoir à même le sol. Cette attitude ne lui ressemblait pas. Ces derniers temps, il ne se reconnaissait plus.

— Comment tu vas ? relança son oncle.

Nicolas soupira à son tour.

— J'ai eu des jours meilleurs.

— Ouais, tu m'étonnes... retrouver la maison à la mort de ta mère... j'imagine qu'il y a mieux comme circonstances. Bordel, elle s'est fait un sang d'encre pour toi, pendant toutes ces années. Mais où t'étais passé ?

— J'ai... nulle part. J'ai voyagé, improvisa-t-il.

— T'exagères. Sans donner signe de vie ? T'exagères, gamin ! On était morts d'inquiétude !

La gorge de Nicolas se serra. Le sort de Clara avait œuvré. À son retour, elle avait rétabli son identité et effacé des mémoires toute trace de son décès. Cependant, elle n'avait pas pu gommer trois ans d'absence sans laisser de trace. À lui, désormais, de composer avec le vide laissé par cette période.

— Je suis désolé. J'aurais dû passer. J'étais... j'étais un peu perdu...

Son oncle grommela.

— Ouais... j'imagine. Et moi qui te fais la leçon... J'aurais pu passer aussi, dit-il d'une voix radoucie, quand j'ai appris la mort de Carole, c'est tout.

— T'en fais pas pour ça...

— Ça te dit de venir manger un bout un de ces soirs ?

— Et bien... en fait, j'aimerais te demander un service, avant.

— Ah ! Et lequel ?

— Tu pourrais me prêter ton garage ? Un soir ou un dimanche, pour pas te déranger. Je voudrais aider un... un ami.

Nicolas se surprit lui-même de cette appellation. Éric n'était pas vraiment un ami, tout au plus une connaissance. Mais sa bienveillance l'avait marqué. Même s'il n'agissait ainsi que dans le but de retrouver sa sœur, rien ne l'obligeait à intégrer un inconnu à ses recherches. Au vu des circonstances, il s'était montré plutôt conciliant. À sa place, Nicolas n'aurait pas fait preuve d'autant de patience.

L'Héritage (L'Hybride, Livre 3)Where stories live. Discover now