Dolce Vita: L'innocence

Chapitre I

   Les vacances d'été étaient passées à une vitesse invraisemblable. Frederica et Giuseppe Sarraga avaient passé tout leur temps à dénicher des meubles afin de remplir au mieux leur petit appartement. Le confort était primordial bien que l'hygiène laisse au fil du temps peu à peu a désiré. Giovanna avait accompagné son père dans cette tâche une grande partie des vacances, lorsqu'elle ne devait pas aider sa mère. Elle avait passé très peu de temps dans le quartier alors que sa mère lui avait conseillé de sortir pour se faire des amis avant la rentrée.

    Chose que la jeune fille appréhendait. Autrefois, dans le centre de Naples, elle allait dans une bonne école où l'avenir d'aller le plus loin possible était une certitude. Aujourd'hui, la peur de ne pas savoir s'intégrer, d'être rejetée et d'échouer à cause du fait de ne pas être originaire de ce quartier la terrifiait. Et ce jour arriva. Début octobre, tout le monde se dépêchaient d'aller acheter les derniers cahiers, les derniers costumes. Peu d'enfants iraient au-delà de l'école primaire, mais leurs parents faisaient leur possible quand ils en avaient les moyens de rendre leurs enfants présentables afin de préserver une bonne réputation.

     "Giovanna, dépêche-toi, il ne faut pas que tu sois en retard ! ordonna sa mère."

    Pendant ces trois mois, la jeune fille avait beaucoup pensé à sa vie d'avant. Son père avait un boulot plus que correct, ils vivaient dans une maison qui était tout le temps propre. Un jardin rien qu'à eux. Maintenant, Giovanna partageait une pièce qui faisait office de chambre avec ses petits frères, tandis que ses parents avaient gardé une pièce pour y installer leur chambre. Ensuite, il y avait une cuisine et une salle d'eau réunie avec les toilettes. Pas de jardin, pas de bonnes odeurs, ni de jouets. Même les murs avaient l'air triste puisqu'il n'y avait aucun papier peint pour les recouvrir.

    Ils avaient dû se séparer de la plupart de leurs biens en les vendant, suite à la faillite de l'entreprise dans laquelle Giuseppe travaillait. Les affaires les plus essentielles avaient été gardées et Frederica s'était rapidement mise à la recherche d'un endroit où vivre. Grâce à quelques connaissances, elle était tombée sur ce quartier où un appartement était disponible pour une famille de cinq personnes. Après peu importait le nombre de personnes, le principal était que le loyer soit payé en temps et en heure.

    Par chance, Giovanna avait pu garder son uniforme d'école. Une jupe noire avec une chemise blanche, très basique mais de bonne qualité. Alors après s'être préparée à l'aide de sa mère, avoir pris son petit-déjeuner, elle sortit de l'appartement et de l'immeuble. Une fois dans la cour de l'immeuble, elle remarqua que beaucoup d'enfants de son âge sortaient de celui d'en face, ainsi que du sien. Il était certain qu'elle se retrouverait avec plusieurs de ces jeunes filles dans sa classe.

    Il ne lui avait fallu que quelques minutes pour arriver jusqu'à l'école, tous les enfants du quartier allaient dans la même école. Aucun d'eux n'avait la possibilité de partir jusqu'au centre de Naples pour se rendre dans une école plus prestigieuse. De nature discrète, Giovanna alla s'installer au fond de la classe, ne voulant pas attirer l'attention sur elle. Ce qui n'était pas gagné, car tout le monde se connaissait et en conséquence, tous les regards se posaient sur elle.

    Le silence se mit à régner lorsqu'une femme, très impressionnante entra dans la classe. Alors que le reste des filles se levait, Giovanna les imita tout en regardant la maîtresse. Sans un mot, ni un regard à sa classe, elle posa son cartable, qui devait lui servir depuis des années à en déduire son état, sur son bureau. Son visage ne laissait paraître aucune émotion en particulier, il était très fermé. Mais au moment où elle se décida à accorder de l'attention à ses élèves, le visage de la maîtresse se détendit et laissa place à un sourire qui mit Giovanna en confiance.