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ʀᴇᴠᴇʟᴀᴛɪᴏɴ

– Violette ?

Elle pleure. Ses sanglots secouent son mince corps et sa main qui tient sa clope tremble.

– T'as ramené ce que je t'ai demandé ?

Une phrase dite avec si peu de contexte.

Je répond à l'affirmative et m'assois à sa droite.
Je déteste quand elle pleure. Je hais ça. Avant, quand elle rentrais avec ses joues humides, je l'a priais pour qu'elle me transmette le nom du gros chien qui a osé faire pleurer ma meuf.
Sauf que aujourd'hui, je crois que c'est moi le gros chien qui lui fait verser des larmes.

On reste assis, dans le silence, les yeux vers les taches pailletées du ciel noir. Seuls ses pleures sont en fond en jouant la mélodie de la tristesse.

Là, j'ai mal.
Après tous ces jours où elle m'a laissé dans le doute, l'incompréhension et la dépression, elle pleure devant moi.
Même si au départ, j'avais pensé devenir en colère par son comportement insensé qui consiste à pleurer lamentablement sur son sort, l'a voir dans cet état me désole profondément. Elle, cette femme si forte au caractère sans pitié qui dévoile sa faiblesse à mes yeux, c'est pas normal.
Ouais, là j'ai très mal.

Sa cigarette se consume seule, la cendre au bout du cylindre s'agrandissant de plus en plus. J'aimerais tellement l'aider. La prendre dans mes bras, l'a bercer, l'a câliner, l'embrasser et lui chuchoter que je serais toujours là pour elle.

Or oui, moi je serais toujours là pour elle, mais elle ? J'en doute fort. Cette promesse importante pour moi, n'est malheureusement pas réciproque.

Elle relève la tête vers moi.

Voilà 27 ans que je suis né. 27 ans que je vis sur terre, 27 ans où je rencontre des personnes importantes comme Doums, Diaby, Hakim ou ma sœur, Lana. 27 ans où je rencontre aussi des personnes moins importantes comme Sumalee ou Ezra. Mais chacune de ces personnes sont chère à elle même et m'ont apporté quelque chose. De bénéfique ou de calamiteux.

Toutes ces personnes sont différentes les unes des autres. Mais jamais, jamais durant ces 27 ans je n'avais croisé ce regard.

C'est le regard le plus expressif que j'ai pu voir. Le regret, la tristesse, l'anxiété et la peur. Il y a vraiment quelque chose de pas normal.
Violette n'a jamais peur. Le seul moment où elle a peur, c'est quand elle croise malencontreusement une bestiole sur 8 pattes. Et je ne crois pas que j'ai une araignée sur le front en ce moment.

Une de ses mains froides vient glisser un petit rectangle dans ma paume chaude. Mais si cet objet attise beaucoup ma curiosité, je ne peux détacher mon regard du sien. J'ai peur de la perdre en quittant ses yeux larmoyants. Peur qu'elle fuit du regard comme elle m'a fuit trois ans auparavant.

Elle repars dans un flot de larmes en me présentant ses paupières, avec ses longs cils sur ses cernes.

Je relève l'objet jusqu'à mes yeux et comprend que c'est une clé usb.
Je ne suis pas fan des romans policiers où des programmes criminelles qui passent à la télévision, mais je sais que recevoir une clé usb de la part d'une personne en pleure et qui est morte de trouille, ça ne pressage rien de bon.

J'insère avec crainte l'embout dans mon ordinateur portable, l'objet qu'elle m'a demandé de ramener, et cherche parmi mes dossiers, le nom de la clé.

Sur ce seul fichier présent, seule une vidéo s'y trouve. Une vidéo. Son visage. Elle.

Je pointe le lien avec le curseur triangulaire et après avoir regardé Violette qui pleure de plus en plus et quelques secondes de réflexion, j'appuie sur la touche.

𝑠𝑜𝑙𝑒𝑖𝑙 𝑛𝑜𝑖𝑟 | nekfeuWhere stories live. Discover now