Le bonheur est tel un Homme; d'abord nouveau né, fragile et capricieux,irrationnellement curieux. Il ose quelques pas, chute parfois, se redresse et court. Il grandit, crise et fugue, se cache, se joue de nous, nous nargue chez autrui, se fait désirer, s'illusionne parfait et puis découvre; change son regard cupide en regard accusateur et défit le monde plus que nous même. Ne nous en voulons pas...
Un jour, inattendu par habitude de l'absence, il revient. C'est alors une telle surprise que le cœur vide l'accueille sans poser de questions, en possédant pourtant mille, et le laisse inconditionnellement et amoureusement grandir, tel un parent. Ils'émancipe purement et prend une place considérable dans nos vies.Il impose, au monde qui l'a blessé, sa force et son caractère, se montre indestructible, indépendant et supérieur, s'empare du pouvoir et refuse de laisser sa place, il s'imprime dans l'esprit, se loge au chaud dans le cœur, se nourrit d'optimisme, atténue le chagrin, soigne les plaies et vous remercie avec comme seule douleur les crampes du rire, comme seules grimaces les sourires et comme seul tourment celui de la paix.
Le temps passant, nous aurons l'impression qu'il nous échappe, fuit les difficultés, irresponsable, qu'il ne nous aime plus, nous abandonne au silence, à l'absence, à la solitude, aux peines de la vie,dans l'obscurité du vide. Loin de là, nous aurons imaginé un scénario dramatique que nous aurons tenté, sans succès, de noyer dans les larmes, tandis que notre enfant, adorable bonheur, aura appris le partage : laisser parfois la place à d'autres, se donner ailleurs, accepter de recevoir en retour. Quelle illusion que de penser connaître l'imperceptible.
Voilà, simplement la vie. Naître et grandir. Mourir ? Nous partirons avant.