KANASHIMI, 𝗷𝗼𝗼𝗸𝘆𝘂𝗻。

𝕀。ｐｒｏｌｏｇｕｅ

on cultivait le désir de se voir, se découvrir. se sentir, sûrement se toucher ... sans jamais l'exprimer de manière explicite.

le fait était que, d'aussi loin que je puisse me souvenir, j'ai toujours tout su de lui. ce qu'il aimait manger, ses habitudes, les livres posés sur son chevet. l'heure à laquelle il se levait. l'encre qu'il utilisait pour me parler ... j'étais sûr de pouvoir le reconnaître entre des millions de personnes car je connaissais n'importe quel tic de langage qu'il entretenait.
au fil des mois, puis des années, j'ai fini par parler de moins en moins de nos aventures. mes amis étaient toujours inquiets, cultivaient peut-être des idées morbides quant à ma sécurité. et je trouvais ça idiot, et il était certain que jamais je n'avais écouté quelconque de leur avis.

j'avais confiance en yorokobi.
doux surnom que je lui avais donné du à son air joyeux.

et je n'avais pas besoin de savoir son nom ni son physique. car je savais que j'étais la personne qui le connaissait le mieux, et je sais que c'était pareil pour lui, il me connaissait comme personne. voilà pourquoi je n'avais que faire des avis quant à notre relation. s'il était dangereux, qu'il voulait mon mal, ça me semblerait insensé. car toute l'affection et l'amour que j'ai reçu vaut bien plus que le malheur potentiel de sa réelle identité.
certaines personnes pensent qu'il s'est éprit de moi.
à vrai dire ... je ne sais pas pourquoi. je ne suis pas attiré par les hommes autour, je n'ai jamais eu de relation amoureuse.

mais, je crois ... j'affirme : je veux qu'il m'aime.
ça me fait quelque chose.
et j'aime pas l'idée qu'il aille voir quelqu'un d'autre.

parce qu'être la personne la plus importante et précieuse rempli mon corps de papillons.
parce que c'est mon trésor et que j'estime bien être le seul à pouvoir prendre soin de lui.

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* ଘ(੭*ˊᵕˋ)੭* ੈ♡‧₊˚ ici ton ange, yorokobi!!

je pense que tu as remarqué (et je doute sincèrement du contraire, tu es du genre à remarquer et chérir n'importe quel détail), mais le soin que tu apportes à chacune de tes lettres m'inspire énormément. ah ... je suis pas encore, je suis même loin de ton niveau mais il est sûr que je fais des efforts.
tu n'es pas pour me démotiver non plus. tu as toujours de superbes idées et ta calligraphie me passionne. la manière dont tu écris aussi, je pourrais t'en faire des louanges sur des lignes et des lignes.

comment tu te sens ? c'est tout ce qui m'importe. j'aimerai être là pour toi au quotidien tu sais. j'espère que tu ne me mens pas quand tu me dis avoir gardé toutes mes lettres dans une boîte ! car la mienne est toujours en dessous de mon lit. je garde même l'emballage des bonbons que tu m'envoies.
tu as dis chérir quand je raconte ma vie sur de longs paragraphes, c'est donc en ton honneur que je vais me faire une joie de te raconter ce qui se trame, de mon côté. en espérant ... que tu fasses de même ? (je n'espère rien, j'attends juste, tu as intérêt si tu ne veux pas que je retarde l'envoi de ma prochaine lettre.)

bientôt quatre ans que l'on discute, toi et moi, par le biais de papiers interposés. des échanges de mots. je n'ai jamais autant aimé une relation. j'avoue n'avoir jamais autant aimé quelqu'un, (quand bien même tu ne donnes pas. assez. d'attention.) et me voilà bien triste de t'annoncer que ... si tu ne sors pas le grand jeu pour mon dix-huitième anniversaire, tu es foutu ! je déménage, tu sais quoi, et je ne te donnerai même pas l'adresse !

c'est dingue comme on a grandit ensemble ... mon chéri, tu n'y penses pas toi ? tu as vingt ans ! je t'ai connu à seize.
tu étais perdu, je t'ai trouvé. tu n'imagines jamais que l'on puisse se tenir la main ? car moi si. en fait, je le fais actuellement. j'espère que tu peux sentir le chaud dans ta paume au rythme de mes mots. je ne sais pas comment je t'imagines d'ailleurs ... peut-être grand, aux cheveux noirs. tu ne m'as jamais rien dis dessus. de toute manière, je me fiche bien de ce à quoi tu ressembles. ton intérieur est un endroit onéreux de nature et de beauté. j'y vois les plus beaux trésors et le plus beau cœur ... ugh, j'étais sensé parler de ma vie et me voilà à flatter ton ego à coup de mots à l'eau de rose.

il est évident que tu ne peux pas vraiment commenter cela mais je me suis fait une teinture. rousse. c'est dommage que tu ne puisses pas me complimenter.

à ce moment, j'étais sûr que tu étais le plus bel ange.

j'ai l'impression que ma maman se sent un peu mieux. et j'en suis très satisfait car j'ai toujours du mal de mon côté ... je m'attendais pas vraiment à cela. j'ai beau n'avoir jamais entretenu de lien avec lui, c'est comme si j'étais affilié directement à son cœur. avec sa perte, j'ai réalisé que je l'aimais tout de même. on dit souvent que c'est quand on rend l'âme qu'on embrasse le plus de compliments, qu'on embrase les cœurs ... je me demandais toujours si c'était simplement plus respectueux de glorifier un mort, ou si c'était un réel sentiment partagé par l'entourage.

je ne sais pas si je glorifie mon père en disant que c'était quelqu'un d'humble au final, mais actuellement j'ai l'impression de vraiment le penser. je sais que tu trouveras ça d'un non-sens total car tu m'as lu me plaindre de lui sur des mois et des années. la question, aussi horrible soit-elle, est-il mieux condamné au repos éternel ? à vrai dire je le pense. je ne sais pas si je dois culpabiliser alors, l'air paniqué, je vais te dépeindre là mon raisonnement.

il faisait beaucoup de mal, en son vivant. à ma mère, à moi. mais j'ai le pardon facile, et il travaillait tant ... de six heures à vingt-deux heures ! tout ça pour nous, sa famille. j'aurai du voir plus tôt que c'est comme ça qu'il me disait 'je t'aime'. c'est flou mais je pense qu'il n'en pouvait plus de toute manière et peut-être ... peut-être que le fait qu'il s'éteigne est le seul moyen pour moi d'avoir un souvenir moins péjoratif de mon paternel.

j'espère que tu me comprends.
enfin, je n'espère rien, arrête de hocher la tête avec cet air concerné, tu as l'air ridicule.

... kanashimi. dépêche toi de m'écrire s'il te plaît.
kanashimi. n'oublie pas que ta prochaine lettre est celle de mon anniversaire !
kanashimi, tu me suis toujours ?

je t'aime.

je t'aime.

JE T'AIME.
— yorokobi.