Dans la chambre d'enfant, une petite fille dormait. La chambre d'une taille moyenne était couverte d'un papier peint rose pale où était dessiné des fleurs blanches, que l'on distinguait mal à la lueur de la veilleuse. Au fond de la pièce, en face de la porte se trouvait le lit. Un lit dont les petites filles, dont Aslinn, rêvent. Un lit de princesse en bois sculpté blanc, avec un grand ciel de lit beige qui couvrait jusqu'à la moitié du lit quand il était déployé, créant une auréole de coton autour de la petite créature endormie. Comme une protection de tissu contre une sorcière, comme une preuve que l'enfant était bien la princesse qu'elle rêvait d'être. Au sol aussi il y avait des princesses, miniatures. Des poupées habillées de robes longues, parfois pailletées, avec pour certaine une couronne sur la tête, et pour toutes un prénom choisi par l'imaginaire rêveur de la petite fille. Aurore, Sophia, Tiana, ou encore Anna, ses princesses elles aussi se reposent sur le sol parqueté de la chambre à côté de peluches plus ou moins volumineuses. Sur le tapis blanc où se dessine une marelle décorée de fleurs multicolores d'autres jouets dorment paisiblement, attendant le réveil du jour et de leur maîtresses.A côté de la porte, sur la droite, se trouve un petit bureau en bois bleu foncé, presque noir, ou repose plusieurs livres de contes, racontant les aventures d'une fée avec des animaux fantastiques ou les amours d'une princesse courageuse. Sur le bureau une veilleuse lunaire est également déposée. Elle éclaire doucement la chambre. Elle illumine aussi le tableau situé au-dessus. Une magnifique broderie médiéval représentant une licorne d'un blanc immaculé et d'une corne torsadé aussi blanche dans un enclos et attachée par une corde autour du cou au poteau situé au centre. Soudain l'enfant se met à bouger. La petite Aslinn s'agite dans son sommeil et commence à pleurer elle cauchemarde. Dans tous ces rêves, elle est une petite fée des bois ou une magnifique princesse plus ou moins sauvage, comme dans celui de ce soir. Elle était en train de jouer dans une forêt de champignon géants bleus ou orangés, avec des pois ou des rayures, quand un immense corbeau arriva. Il essayait, en vain pour l'instant d'attraper Aslinn qui courrait et essayait tant bien que mal de se cacher sous les champignons. Elle s'enfonçait de plus en plus dans la forêt qui se transformait à chacun de ses pas, devenant de plus en plus sombre, les souches et les racines remplaçant les champignons colorés. Un deuxième corbeau arriva et la prit en chasse à son tour. Aslinn pleurait désormais. Elle était en sueur. Elle voulait se réveiller, elle qui pourtant adorait ses rêves de contes de fée, retrouver sa chambre, ses poupées, son lit, la licorne de son tableau, sortir de ce mauvais rêve. Quand soudain une grande licorne d'une blancheur éclatante arriva, plus grande encore que les corbeaux, ramenant avec elle la lumière. Elle prit Aslinn sur son dos et la ramena dans la forêt de champignons. Puis elle repartit aussi vite qu'elle était arrivé. Avant de se réveiller, au petit matin, la petite fille entendit seulement une voix lui dire qu'elle la protégerait toujours et qu'elle se tiendrait prête. Aslinn serra fort son doudou contre elle avant d'ouvrir les yeux, puis elle s'assit sur son lit, ne voulant pas en sortir de suite. Elle regarda donc le tableau en face. La licorne d'une blancheur éclatante dans son enclos fleuris était toujours aussi belle. Assise sagement, comme si elle attendait quelque chose, les yeux ouvert regardant au loin. Aslinn connaissait cette broderie par cœur, pourtant ce matin là elle fut surprise, quelque chose avait changé. La licorne, pareille à son rêve, n'était plus attachée. Comme libérée par une princesse.
