L'Amulette [en écriture]

Chapitre 1

(Emma)

- Emma ? Emma, je te parle !

Je sortis de ma rêverie. J'étais en train d'observer la pluie tomber sur les vitres de la salle de classe. On était au début du mois de juin, et il pleuvait toujours comme un mois de mars. « Trop cool, le Nord. », pensais-je toujours lorsqu'il faisait mauvais. Olivia, ma meilleure amie de toujours, m'observait de ses grands yeux maquillés de manière naturelle et à la perfection.

- Je te demandais si tu voulais sortir ce week-end. Apparemment, il commencera enfin à faire beau et chaud, ce serait génial !

Je réfléchis. Le bac approchait à grand pas, et ça faisait depuis février que je m'étais promis de commencer à faire des fiches de révisions. Bien évidemment, je n'avais rien commencé. Mais je savais que j'allais m'en sortir. Il en a toujours été ainsi pour moi. Je profitais toujours à fond de ma vie, sans oublier les moyens importants et essentiels qui me permettaient de vivre ce que je voulais. C'est pourquoi je répondis à Olivia :

- Oui, pourquoi pas ? Mais il y aura sûrement Antoine, normalement il passe le week-end à la maison.

Antoine était mon copain. On se connaissaient aussi depuis très longtemps,depuis la maternelle, mais ne sortions ensemble que depuis un an,depuis que j'avais déménagé à Lille alors qu'il y avait commencé ses études. Je me rappelais encore le premier jour où on avait décidé de sortir tous les deux pour la première fois sans personne d'autre. Je n'avais jamais été aussi stressée, comme si mon cœur allait me lâcher après chaque battement. Pourtant ce n'était au départ qu'une sortie entre amis. Mais après avoir été au cinéma puis au restaurant, il m'avait prise par surprise en m'embrassant. J'avais été tellement étonnée que j'étais restée sans rien dire et sans bouger pendant au moins une bonne dizaine de secondes. Ce fut seulement après que je me rendit compte que j'éprouvais des sentiments pour lui, ce qui expliquait mon stress avant de le voir.

- Du moment que vous ne vous embrassez pas comme des dingues devant moi, ça me convient. Ah, et il ne faut pas non plus qu'il râle quand on sera dans les magasins. Je l'aime bien, mais quand il se met à râler, c'est pire que mon père quand je mets « Les Anges » à la télé après sa journée de travail. Et pourtant, il râle beaucoup. Vraiment beaucoup.

- Non, ne t'inquiète pas, on restera corrects. Et je lui ferais passer le message.

Au moment de prononcer ma dernière phrase, il y eut un silence dans la salle. Je n'avais rien dit de particulier, mais ça n'a pas empêché le fait que quelques visages se soient retournés dans notre direction. Je n'osais même pas imaginer ce qu'ils devaient tous penser : « Un message ? A qui ? Pourquoi ?Elle a un crush ? Ou bien un message subliminal à faire comprendre ? ». Malheureusement, même à la fin du lycée on aimait colporter sur les autres personnes, que ce soit bienveillant ou non. C'était d'ailleurs plus souvent malveillant que bienveillant. Enfin bon, pour quelqu'un comme moi qui n'assumait pas le regard et la critique des autres et qui préférait la discrétion,c'était ce genre de situation qui me mettait mal à l'aise. Je fis un signe à Olivia alors qu'elle allait recommencer à parler.Olivia, c'était mon total inversé. Et c'était pour cela qu'on s'adorait. Je n'aimais pas les soirées, elle en faisait toutes les semaines. J'adorais les repas de famille, elle les fuyait avec des excuses invraisemblables. Je préférais les relations durables,elle, pour l'instant, préférait les relations éphémères, qu'elle appelait elle-même « TALP »: sans contrainte de Temps, d'Argent, de Lieu et de Personne. C'était devenu un code secret pour me dire qu'elle avait un nouveau coup, et ça lui évitait de l'annoncer devant tout le monde. Malgré tout, elle traînait une réputation derrière elle. Mais sa meilleure arme face aux insultes qu'elle pouvait recevoir était son sens de la répartie inné.Encore une chose que je n'avais pas.