- Chapitre II -

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G L E N S  F A L L S  - Etat de New York / 3 septembre 2018.



« - Les colombes volent, Marcus. Et je veux pouvoir les observer du haut de mon rocher, sans avoir le moindre remord, la moindre contrainte. Elles sont libres, comme l'amour que tu chéries tant. Laisse moi vivre, laisse moi rêver, permets moi de te dire que je t'aime ! »



La voix sur-jouée de Victor résonnait dans l'appartement. Mes yeux ne quittaient plus les murs jaunes dont le papier peint s'effritait. Il faisait chaud, le ventilateur n'était pas de trop. Malgré mes occupations presque trop animées, je me surprenais à rêver. Une plage de sable blanc, des transats sur lesquels je m'étendrais de tout mon long pour laisser le soleil bronzer ma peau dont la pâleur m'effrayait un peu plus chaque jour. Le cri des mouettes, inlassablement ennuyant pour les habitués, terriblement excitant pour les touristes. Un verre de sangria ou un énorme cocktail en terrasse dans un port de plaisance où les prix seraient exorbitants et hors budgets, mais pour lesquels je craquerais volontiers.

Je me perdais dans un univers que je ne connaissais plus.

Vous devez d'ailleurs être vous aussi complètement largué.

Victor ? Des mouettes ?

Non, je n'avais pas atterri dans un hôpital psychiatrique, bien que les murs livides de ce logis mériteraient un bon coup de neuf et de fraîcheur.

Je vivais chez Victor.




N E W  Y O R K - 25 octobre 2017.




J'avais réalisé bien trop tard que ma survis n'était certainement pas veine. 

J'avais quelque chose que peu d'entre eux avaient eu : une deuxième chance.

Alors, après deux nuits dans un parc, à amasser les cochonneries et bactéries sur mon corps sale, j'avais décidé d'étudier où partir. Je n'avais qu'un but en tête, me venger. Comprendre et dévoiler au grand jour le coup monté dont j'avais été la victime. Mais je n'étais pas flic, et encore moins détective. Pourtant, j'avais quelque chose qui allait certainement me permettre de mettre à nu les enfoirés derrière tout ça. Je possédais une excellente mémoire. Le pauvre bloc note que j'avais prévu d'offrir à Penny avait finit gribouillé dans tous les sens d'encre noir et rouge. J'avais dessiné le logo que j'avais aperçu dans le métro sur l'uniforme des hommes une bonne centaine de fois. En y ajoutant à chaque fois une petite touche, un souvenirs, une supposition, une idée. Au final, il ne ressemblait à pas grand chose, et je ne pouvais pas faire de recherches du parc à chiens de la ville. On avait certainement dû me prendre pour une sans abris, ou une punk. Je m'en contre fichais. Je cherchais un moyen de partir, et une ville où allait me réfugier, le temps que tout cela se tasse, que je retrouve mes esprits, et surtout, j'avais besoin d'un endroit tranquille et peu peuplé, pour passer inaperçu.

C'est à ce moment là que j'ai pensé à Glens Falls. J'y avais séjourné une fois, quand ma grande tante Mia était en maison de retraite, et cette ville était littéralement paumé. C'était comme si ses habitants restaient bloqués au dix neuvième siècle. 14 000 reclus, ravis de pouvoir connaître leurs voisins par coeur, le maire conseillé municipal étant certainement le même depuis plus de quarante ans.

Metro 73 (heure bleue)Where stories live. Discover now