Boucaniers

Prologue

Florida Key, 1680

Il meurt... Gisant sur le sol, perdant tout son sang, la mort frappe à sa porte. Et moi, je suis là, à le regarder crever comme un oiseau auquel on aurait arraché ses ailes. Le regard évasif, je ne pouvais plus le regarder droit dans les yeux. La balle avait traversé sa poitrine, aussi facilement qu'une âme traversant le Styx. On entendait encore les coups de canon, les coups de feu, le bruit des sabres et le vent soufflé en rafale. Mais le Falcon s'éloignait, peu à peu, de cette agitation assourdissante et de la mort, qui nous guette. Ma goélette avait subi de gros dégâts et commençait à prendre sérieusement l'eau. Je ne savais plus à quelle distance était le port le plus proche et si mon navire allait tenir jusqu'à celui-ci mais je n'avais d'autres choix. Je jetais un dernier regard à Marco tandis que la vie le quitté. Il ne bougeait plus, ne réagissait plus, il était mort. La pluie frappait à présent le plancher abîmé de mon schooner. C'est dans ces conditions que j'aurais aimé avoir une frégate avec une cabine de capitaine pour me réfugier. Mon équipage avait diminué de moitié, nous étions déjà peu nombreux sur un si petit navire... Tous mes hommes me regardaient, le visage meurtris et ensanglanté. Nous avions perdu !

-Ce soir nous n'avons pas perdu qu'un ami, nous avons perdu notre liberté !

Mes hommes semblaient désemparés. C'est avec amertume que chacun retourna à son poste. Il fallait vite ce tiré de ce lieu maudit, et retrouver la terre ferme et un endroit où je pourrai enterrer Marco, mon ami.

Son corps fut mis à l'abri, dans la petite cale de mon bâtiment, au milieu des tonneaux de rhum et de l'or. A l'horizon, on pouvait encore distinguer les flammes et la violence de cette dantesque bataille, entre le bien et le mal. Mais notre défaite était irrévocable...