sept. 05.1990

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À Fleur,

Ça sent si mauvais sans toi, tu sais, l'odeur d'autrefois. Un mélange macabre de sang et de fer. J'aime pas ça. Ça pue la merde.

Le long du canal le ciel me paraît un peu moins beau, j'ai l'impression que toutes les couleurs sont parties avec toi, me laissant le gris, le noir et le blanc.
Mais je sais que la prochaine fois tu les ramèneras, et je prie déjà pour que je puisse vous conserver, toi et les couleurs, près de moi, collés à moi même.

Je me précipite, je sais. L'attente est longue. Tu sais, je me vois déjà compter les jours jusqu'à nos prochaines retrouvailles.
En attendant je vagabonde seule, maintenant, entre la rue DeVinci et le pont du canal. Tu te rappelles de cet endroit, la nuit du 11 août, lorsqu'on marchait à l'aveugle sur le trottoir ?
Je me souviens t'avoir chuchoter que je voulais t'embrasser. Tu n'avais pas répondu, pas vrai ?
Ah si, excuse moi.
Au lieu de me laisser assouvir mes souhaits, tu m'avais toi-même embrasser, je m'en souviendrais de celle-là.
On rigolait bien toutes les deux. « On se fendait la poire » comme tu aime tant dire.

Et puis bon, comment parler de nos soirées passées dehors, sans évoquer le crépuscule.
C'était beau, tellement beau, trop beau même.
On aurait cru qu'un putain de tsunami rouge orangé allait s'abattre sur nous. Mais non, c'était juste le ciel et ces bizarreries merveilleuses.
Elles nous hypnotisaient, les bizarreries, et puis les nuages allaient et venaient. On aurait cru qu'ils nous invitaient à danser la valse tu crois pas ?

Moi je me souviens aussi de ton visage. Cette chose indescriptible dont je pourrais parler des mois.
C'est un truc assez phénoménal.
Tu es si belle, je le dirais jamais assez.
Je pourrais te le dire dans n'importe quelle langue.
Tu es belle.
You are beautiful.
Eres bella.
Du bist wunderschön.
Sei bellissima.
Você é linda.
Les autres dialectes ne me sont pas accessibles, pourtant, j'aimerais pouvoir te l'écrire dans chacune des langues.

Ah oui.
Les langues.
J'aurais jamais dû lancer le sujet.
Tu sais très bien de quoi je parle.
La valse, tout ça.
C'était beau ça aussi, pas dégueu, pas sale. Juste beau.
Deux êtres qui s'aiment et qui se donnent à l'autre dans la mesure du raisonnable.
Je pourrais te couvrir d'amour si je t'avais près de moi. Les câlins c'est ce que je préfère, te sentir, te ressentir. Ta peau contre la mienne, nos respirations se mêlant à nos rythmes cardiaques coordonnés. Tout est lié quand nous nous serrons comme cela, c'est presque comme si nos corps étaient fait pour se connaître, pour se coller, pour s'aimer.

Il y a la dedans la vérité de mes sentiments, l'éloquence de mon cœur qui bat à une cadence des plus folles quand tu me parles, la réalité pure et dure.
Tu la connais, non ?
Tu sais, cette phrase que je pourrais te répéter a l'infini. Ou même plus encore, si c'est possible.
Tu sais, « je t'aime ».
Et pas pour de faux, le vrai « je t'aime », comme le dictionnaire ou les grandes personnes l'entendent.
Le « je t'aime » qui veut dire « tu es la femme de ma vie ».
Je t'aime Fleur, tu es la femme de ma vie.

ta Pau'.

à Fleur de Pau' Where stories live. Discover now