Treizième lune

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Dehors, les nuages s'amoncelaient dans des grondements sourds, préparant un orage violent qui ne tarderait pas à crever le ciel obscurci. Les hirondelles volaient au ras du sol, fendant l'air. Un coup de vent brusque emporta avec lui de nombreux pétales de cerisiers dans un tourbillon. Les clochettes étirèrent un long tintinnabulement plaintif, les unes après les autres. Un chat détala dans la rue, les moustaches frémissantes d'avoir reniflé d'alléchantes odeurs. Au loin, le long d'une rizière, Jolie Lune tentait d'apprivoiser le vent avec son cerf-volant de papier de riz rouge à l'armature de bambou, compagnon de l'oiseau. Son grand-père se précipita pour la faire rentrer à l'abri, avant l'ondée. Il soupira : ses parents n'avaient pas assez de temps pour s'occuper d'elle et l'aimer comme ils l'auraient dû. Il la serra dans ses bras, l'oiseau pépiant joyeusement en voletant autour d'eux.

Dans l'enceinte de l'école Kamiya Kasshin, au sabre qui protège la vie, le temps passait sereinement en cette période, même si les élèves de la jeune fille restaient trop peu nombreux. Les autres occupants vaquaient à leurs occupations, ou pas, tel Sanosuke, un brin d'herbe entre les dents, les mains dans les poches, traîné de force à l'intérieur du dojo en soupirant.

« Aïe ! »

Yahiko, abandonnant son balai un court instant se mit à rire.

« Bien fait pour toi, Sanosuke, tu n'avais qu'à être attentif !

– Je n'ai pas demandé à m'entraîner, moi. Vois plutôt avec lui, petite lady. Moi, j'en ai marre ! »

Il sortit en soupirant, les yeux au ciel. Il ressentait beaucoup d'affection pour Kaoru, et une certaine reconnaissance pour le logis offert bien qu'il ne l'avouât point. Pour rien au monde, non ! Il claqua de la langue en levant les yeux au ciel. La jeune fille grimaça.

Un peu plus loin, Kenshin l'observait. Kenshin au regard lointain de ceux qui cherchent plus loin que l'apparence. Kenshin qui possédait la véritable délicatesse, faite toute d'intuitions. Il lui suffisait de lire entre les lignes, à lui, qui savait effleurer son émotion. Elle sourit. Le cœur soudainement réchauffé par la présence, il baissa les yeux sur les fillettes qui tiraient sur ses vêtements. Une phrase de Kaoru lui revint alors en mémoire : Les rires des enfants sont des guirlandes de toutes les couleurs. Mi-pensif, mi-amusé, il releva légèrement le visage pour observer à nouveau la jeune fille qui se redressait, le regard impératif et décidé. Quelque chose qui ressemblait à de la tendresse envahit son âme.

Le besoin d'affronter un adversaire plus fort qu'elle se faisait violent, ces temps-ci. L'impérieuse nécessité de se sentir prête à protéger les siens, sans aucun doute. Et bien que Yahiko fût un apprenti doué, il restait un enfant, avec moins d'expérience qu'elle. Elle soupira, et se rendit d'un pas nerveux à l'entrée, sortant quelques instants dans la rue sous un regard parme curieux qui surplombait un doux sourire.

« Bon, d'accord... Je vais tâcher de trouver quelqu'un pour m'entraîner. Je sais qui. »

Sanosuke, haussant les épaules, partit à la rencontre de Kenshin, de corvée de linge. Il aimait à le taquiner. Imperturbable, ce dernier continuait son œuvre, deux fillettes courant autour de lui en pépiant de leurs voix flûtées sous son regard attendri.

« Yo, Kenshin, si on allait s'entraîner ?

– Pas pour l'instant, je suis occupé.

– Quand je pense que tu t'occupes du linge !

– Il n'y a que Kaoru qui ramène de l'argent à la maison. J'essaie de faire de mon mieux pour l'aider, comme je te l'ai déjà dit.

– Oh, aller !

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⏰ Last updated: Sep 05, 2019 ⏰

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Kenshin le Vagabond - A l'heure du chien (recueil d'OS)Where stories live. Discover now