16. Ezra

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Work song - Hozier
***

Elle a découvert une partie de ma double vie et j'ai tenté de la repousser mais il se trouve que Bonnie est une femme de caractère qui refuse de se faire rejeter et me le fait savoir. Surtout lorsqu'elle m'offre son aide et m'embrasse par la suite.

**

Trois heures du matin, je ne dors pas et fixe le plafond. Plus qu'un seul jour avant la reprise des cours.

Je m'apprêtais à enfin m'endormir, sentant mes paupières devenir lourdes mais un cri déchirant fend l'air et me fait sursauter. Aussitôt, je me mets debout et sors de ma chambre en trombe pour me retrouver dans le couloir en caleçon et regarder d'un air paniqué le corridor plongé dans le noir.

Le cri provient de la chambre de Bonnie. Sans prendre le temps de réfléchir, je fonce vers celle-ci et ouvre la porte à la volée. J'y découvre une Bonnie recroquevillée sur elle-même dans son lit, des larmes dévalant ses joues rosies. Ses paupières sont closes tandis que des sanglots s'échappent de ses lèvres.

Je m'approche doucement d'elle et m'assois au bord du lit. Elle relève les yeux vers moi et hoquette de surprise. Hier je lui ai montré une partie vulnérable de mon âme, cette nuit c'est son tour.

— Merde, tu trembles, constaté-je alors qu'elle se redresse fébrilement.

Elle renifle et déglutit.

— Ezra, je suis désolée de t'avoir réveillé...

Sa voix est chevrotante tandis que ses yeux fuient les miens. Je saisis alors son visage en coupe et la force à me regarder : ses prunelles plongent dans les miennes avec une telle force que j'en ai le souffle coupé. Sa peau est moite due au cauchemar qu'elle a du faire.

— Je ne dormais pas, Bonnie. Dis-moi ce qui se passe, lui demandé-je doucement.

Elle frissonne et presse les paupières. Une larme solitaire roule le long de sa joue et vient d'échouer sur mon pouce, collé contre sa peau.

Elle commence à respirer rapidement, son pouls s'emballe sous mes doigts.

— Hey ! Regarde-moi et concentre-toi sur ma respiration, Bonnie.

Elle m'écoute et se cale sur mon souffle régulier. Après un long moment, elle se dégage de mon emprise et essuie ses joues d'un geste rageur.

— Tu veux en parler ? proposé-je gentiment.

Bonnie secoue la tête et se lève pour partir en direction du balcon. Je la suis silencieusement et m'installe à ses côtés. Une légère brise vient soulever sa chevelure rousse détachée. Bon sang qu'elle est magnifique.

— C'était comme si j'étais coincée dans mon cauchemar et que je n'arrivais pas à en sortir, finit-elle par dire d'une voix blanche.

Bonnie soupire tandis que je me tourne complètement vers elle.

— Ce n'est rien, c'était un cauchemar. Rien n'était réel, tu vas bien.

À son tour de se tourner vers moi. Un minuscule sourire étire ses lèvres tandis qu'elle secoue la tête et croise ses bras contre son buste. C'est alors que je me rends compte qu'elle ne porte qu'un long t-shirt et sûrement une culotte.

Merde, j'ai envie de caresser sa peau aussi douce que du coton.

— Je ne m'en souviens plus, mais c'était terrifiant...

Je m'approche d'elle jusqu'à ce que les centimètres qui nous séparaient, n'existent plus. La prenant dans mes bras, je la serre contre moi et sens son visage s'enfouir dans mon cou dénudé. Son souffle redevenu régulier me chatouille la nuque.

Paradoxe (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant