Newton regarde par la fenêtre sans un mot. Dans la rue, un petit groupe de jeunes personnes discute calmement. Il fait plutôt sombre, mais rien qui ne promette de la pluie. Dans l'appartement, la lumière d'une vieille lampe jette sur son visage une ombre qui creuse ses joues et ses yeux. Soudainement, quelqu'un ouvre la porte et entre. Il entend assez vite la voix bien connue de son ami d'enfance, Tom.
"- Newt, t'es là ?
- Oui, à la fenêtre.
- Tu fumes ?
- Non, pourquoi ? Tu fumes, toi ?
- Non.
- Tu pourrais, tu sais.
- Je sais, je sais. Tu veux manger un truc ?
- J'ai commandé des pizzas il y a une demi-heure.
- Ah... Tu veux faire quoi ?
- Je suis un peu fatigué, je vais me reposer. Fais ce que tu veux, toi. Ne t'inquiètes pas pour moi.
- En ce moment tu restes vachement seul.
- Je me sens mieux seul en ce moment.
- Fais gaffe à toi.
- Fais pas gaffe à moi.
- Si tu fais gaffe à toi j'aurai pas besoin de faire gaffe à toi.
- D'accord."
Le vent se met à souffler, et le petit groupe d'en bas se sépare. Il pose sa tête contre la vitre derrière lui et soupire longuement.
"- Tom ?
- Ouais ?
- Tu vas faire quoi ?
- Je sais pas. J'attends les pizzas.
- Tu vas pas jouer ?
- Si, peut-être. T'as envie ?
- Un peu."
Tom sourit.
"- Je vais brancher la console, vas dans la canapé et ferme la fenêtre."
Newton sourit puis s'exécute.
La soirée passe.
"- Newt ?
- Tom ?
- Qu'est-ce qui t'arrive en ce moment ?
- J'en sais rien. Toujours les mêmes vieilles histoires.
- T'es sûr ?
- Rien ne change jamais.
- Sauf toi.
- Je suis le même.
- Et moi ?
- Tu es le même.
- Tu voudrais que je sois différent ?
- Pourquoi je voudrais une telle chose ? T'es rassurant comme t'es.
- Je suis comment ?
- Tu es toi. C'est suffisant.
- Je suis facile à vivre.
- Excessivement.
- Et Adam ?
- Tu ne l'aimes pas ?
- Je le connais pas, mais il a pas l'air si facile à vivre. Tu le voudrais différent ?
- C'est une bonne question. Tu penses que si tu enlevais le mauvais côté d'une personne, cette personne serait toujours elle-même ?
