Hypnose, tome 1, Notre Rencontre. | ✔

Chapitre 35. « Juste un mauvais rêve »

~ Leah ~

Je n'aurais jamais dû revenir.

Courant aussi vite que mes forces me le permettent, je m'appuie sur le mur en me tenant les côtes. Un petit gémissement s'échappe de mes lèvres lorsque mes doigts touchent l'endroit où le sang coule à flot mais je ne peux pas m'écrouler là, pas tant que j'entends toujours leurs voix derrière moi. Ayant du mal à maintenir mon équilibre à cause des stupides talons hauts que je porte à mes pieds, je ne peux m'empêcher de tanguer de tous les côtés. Je m'appuie un peu plus sur le mur, mon souffle devenant de plus en plus incontrôlable.

Je traverse le couloir de l'appartement à toute vitesse. Il faut que je leur échappe, il ne peut pas en être autrement. Rien qu'un instant seulement, je revois la façon dont ses yeux se sont posés sur moi. Ces yeux que j'ai croisé tant de fois la nuit, dans mes plus terribles cauchemars. En un clin d'œil, tout cela est mis dans un coin de mon esprit que je choisis de ne plus rejoindre tant que je ne suis pas sortie de cet enfer, mon enfer.

Un rire résonne dans mon dos. Rapidement, je lance un regard derrière moi, vers le fond du couloir. Mon pire cauchemar se tient debout, me sourit à pleines dents, m'adresse même un clin d'œil. Quelqu'un qui n'a plus aucune valeur pour moi l'accompagne, discrètement caché derrière lui. Traître. J'ai envie de lui cracher ce mot à la figure, encore et encore, jusqu'à ce qu'il ait honte de lui-même, de ce qu'il a fait. Je veux le torturer jusqu'à ce que sa souffrance égale le nombre de morts qu'il a causé. Ensuite, je pourrai alors le tuer lentement pour qu'il regrette jusqu'à mon existence, pour venger les personnes qu'il a violemment arraché de ma vie.

— Je te vois, ma déesse.

Un long frisson parcourt chaque parcelle de mon corps en l'entendant prononcer ces paroles.

Je ne dois pas utiliser mes pouvoirs, je dois économiser un maximum les pauvres forces qu'il me reste, je me répète encore et encore. Je ne peux pas me permettre d'être encore plus faible que je le suis actuellement. C'est précisément ça qui me permettra de m'échapper d'ici vivante.

Au diable les pensées raisonnables.

Je me retourne brusquement vers eux, lâchant le mur et ma blessure. Mon sang jaillit et se déverse sur le sol. Je déglutis avec difficulté.

— Je vais t'attraper, ma déesse.

Dans cet océan de souffrance, une douce vague électrique que je ne connais que trop bien se propage délicieusement dans mon corps. Mes yeux revêtissent leur masque mortel et, à peine une seconde plus tard, l'adrénaline m'envahit tout entière. Mon bras droit s'étend brutalement devant moi et mon regard se plante sur le visage du traître. Je lui fais lentement éprouver la douleur que l'on peut ressentir lorsque la peau est tranchée et arrachée au couteau. J'augmente le rythme et ce couteau imaginaire vient maintenant se planter au milieu de sa poitrine pour descendre d'un coup sec vers le bas de son ventre. Je m'immisce dans son esprit, lui fais soudainement croire que son bras gauche vient d'être détaché du reste de son corps. Puis, sa jambe droite. Un hurlement sort de sa bouche à chacune de mes tortures et mon sourire l'accompagne en silence. Je fais un rapide geste de la main vers le mur, le traître s'écrase violemment la tête contre la cloison. Une traînée rouge dégouline à l'endroit de l'impact.

Il n'est pas mort. Il le sera quand je le déciderai.

— Tu es fabuleuse lorsque tu deviens violente, ma déesse.

L'adrénaline quitte immédiatement mon organisme. Je n'ose pas utiliser mes pouvoirs sur mon pire cauchemar, il ne devrait même pas être debout devant moi.