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15 Avril

C'était un samedi ensoleillé, plein de promesses.
La semaine s'était déroulée dans une routine familière: maison-boulot boulot-maison. Elle m'avait épuisée à tel point que j'avais eu besoin d'une bonne grasse matinée pour m'en remettre. Je me levai de mon lit à onze heures avec une idée très nette de ce que j'allais faire de ma journée.
Après avoir pris une longue douche, je revêtis une tenue décontractée: un jean noir, des baskets blanches et noires et mon T-shirt Nike favori, de couleur grise. Mes longues tresses pendaient dans mon dos et je mis sur ma tête une casquette Nike comme mon T-shirt. Je féminisai ce style assez masculin avec des créoles comme boucles d'oreilles et pris un sac à main. Une fois prête, je sortis de mon appartement et pris la direction de ma maison familiale. Ma mère et mes petits neveux me manquaient et contre toute attente mes soeurs aussi, malgré leur animosité envers moi.
J'arrivai dans la maison de mon enfance à treize heures. Par chance j'y trouvai tout le monde. J'appréhendais cependant la réaction de mes soeurs. En dépit du sang froid avec lequel je m'efforçais toujours à les affronter, au fond de moi j'étais vraiment gênée par cette hostilité. Pendant toutes ces années le fossé s'était fait plus profond entre nous et nous avait rendues étrangères. Je ne les reconnaissais plus, elles avaient tant changées. Notre complicité d'antan n'était qu'un lointain souvenir d'enfance. J'aurais aimé que les choses fussent différentes mais tout cela ne dépendait pas de moi. Mes soeurs me considéraient à présent comme leur ennemie. Elles rejettaient sur moi la responsabilité de leurs échecs, en répétant sans cesse que j'avais toujours été la préférée de nos parents. Nous avions pourtant toutes eu les mêmes chances et reçu les mêmes soins. Seuls nos choix personnels étaient différents et faisaient d'ailleurs toute la différence. J'espérais malgré tout qu'un jour nous puissions nous réconcilier.
L'ambiance ce jour était moins tendue qu'à l'accoutumée, à ma grande surprise. Je ne sais quel bon vent avait soufflé dans la maison mais il avait soufflé assez fort apparemment. J'avais de ce fait eu droit à un compliment de la part de Milena et à un 《comment vas-tu?》de Paula. Bien qu'il fusse plein de sarcasme, c'était déjà un début. J'y répondis avec naturel.
Ma mère nous rejoignit dans le salon. Et nous eûmes une discussion des plus enthousiastes, entre fous rires, blagues à n'en plus finir et scoops. J'avais l'impression de rêver. Cela faisait un éternité que ça n'était plus arrivé dans cette famille.
Pour achever ce tableau de bonheur, nous decidâmes d'aller dans un parc d'attraction avec les enfants. Kevin invita Sacha pour l'occasion. Elle faisait désormais partie de la famille.
Ce fut une journée magnifique et inoubliable. J'avais retrouvé mes soeurs, bien que je ne m'étais pas complètement laissée emporter par cette euphorie. Une partie de moi restait prudente au cas où.
C'est exténuée par tant d'agitation mais surtout ravie que je retournai chez moi en début de soirée. Je pris une douche et m'affalai sur mon lit, puis sombrai dans un doux sommeil.

J'émergeai à dix-neuf heures passées de quelques minutes, le coeur toujours aussi  heureux qu'à mon retour, mais le ventre grondant de famine. Je courus donc dans la cuisine pour y remédier et me préparai rapidement une omelette et des frites. Chargée de mon repas de fortune, je pris la direction du salon et allumai la télé. J'espérais tomber sur un programme intéressant, ce qui ne fut malheureusement pas le cas et j'optai finalement pour une série dont je ne comprenais absolument rien. De toute façon, mon esprit était ailleurs. Je ne pensais qu'à cette journée magique. Je m'interrogeais surtout au sujet de mes soeurs. Pourquoi avaient-elles subitement changé d'attitude à mon égard? Que s'était-il passé? Ce n'était certainement pas le fruit du hasard. Il fallait que je comprenne.
Le repas achevé, je fis la vaisselle et m'allongeai ensuite dans le canapé du salon afin de digérer un peu. Je m'ennuyais toute seule dans ce grand appartement. J'avais besoin de compagnie, surtout de terminer cette journée en beauté. Une envie soudaine de danser me saisit. Faire la fête! C'est ce qu'il me fallait. Je composai le numéro de Nora pour lui proposer d'aller boire un verre entre filles dans une boîte branchée de Sekou, un quartier chic de la ville.  Elle accepta par un grand 《OUI 》 qui me brisa les tympans.
Je raccrochai et me dirigeai vers ma chambre pour me préparer. Je voulais être sexy! J'enfilai une courte robe moulante jaune pâle, fendue à l'arrière qui laissait entrevoir la naissance de mes cuisses. Je me juchai sur des sandales à talons hauts et pris une petite pochette. Mon maquillage était léger et mes tresses ramenées en arrière dans un faux chignon coiffé-décoiffé! Je passai un coup de fil à Nono pour savoir si elle était également prête: 《Allô!
- Oui Dina.
- Alors prête?
- Euh! ... oui.  Repondit-elle hésitante.
- Sérieusement? On se connaît chérie.
- En fait non! Enfin pas totalement. J'ai encore deux trois choses à finaliser. Renchérit-elle avec un petit rire coupable.
- Dans ce cas je passe te chercher. Ça te donnera le temps de terminer et on ira ensemble.
- D'accord Didi. Ça m'arrange. A toute!
- Ouais à toute!》
Je rangeai mon tel dans mon sac et fis un dernier tour devant le miroir. J'étais toute excitée. La soirée s'annonçait belle.
J'empoignai la porte de ma chambre pour rejoindre le vestibule lorsque la sonnette résonna. Je sursautai surprise par ce bruit soudain. Qui pouvait bien me rendre visite? Très peu de personnes savaient où je vivais.
J'espérais de tout coeur qu'il s'agisse d'une erreur.
C'est agacée que j'allai ouvrir.
Mon cœur s'emballa lorsque je découvris Geordi.
Je restai figée sur place un moment, traversée par un flot d'émotions embrouillées. A la surprise, se mêlaient un peu de gêne et surtout une joie que je ne comprenais pas.
Georges était donc là devant moi, un immense bouquet de roses à la main. Ce qu'il était beau dans sa chemise bleue sombre! Il semblait sortir tout droit d'un rêve! Son parfum me chatouilla les narines. Il semblait tout aussi gêné que moi. Sortant de ma torpeur, je lui esquissai un sourire un peu trop en retard. Il me le rendit néanmoins. J'ouvris grandement la porte pour l'inviter à entrer, ce qu'il fit en silence. Je cherchais mes mots tout en refermant la porte avec mes mains qui étaient devenues moites. Je m'interrogeais, que faisait-il là?

La porte fermée je me tournai vers lui, gênée mais heureuse de le revoir. comme il m'avait manqué! Depuis notre dernier appel, je n'avais plus eu de nouvelles de lui. Il me remit le bouquet de fleurs avec un sourire. Je l'invitai à s'asseoir dans le séjour, tandis que j'allai mettre les fleurs dans le vase de ma chambre. Je profitai pour téléphoner à Nora. Elle décrocha instantanément: 《Nono!
- Oui Dina! Dis moi.
- Tu ne devineras jamais qui a sonné au moment où je sortais.
- Je pense avoir une idée mais vas-y dis moi répondit-elle excitée.
- Geordi. Lâchai-je
- Ah oui? Je pensais justement à lui.
- En ce moment même Il est au salon. Je ne sais pas comment me comporter. Ajoutai-je désespérée.
- Bon eh bien ma chérie respire et va le rejoindre. On peut remettre la soirée à plus tard. Dis toi que c'est l'occasion de vous expliquer. Son ton se voulait rassurant.
- D'accord Nono! J'y vais.
- À plus Didi.》

Je regagnai ensuite le salon et m'assis à l'autre extrémité du canapé. Seule la télévision faisait du bruit, l'ambiance était plate. Je tentai cependant d'ouvrir la conversation en lui proposant à boire. Il opta pour un coca. Je me  rendis dans la cuisine pour lui préparer un plateau.
Belle échappatoire pour éviter mon charmant visiteur! Bien que cela ne fut que de courte durée.
Tandis que je disposais tranquillement les boissons dans le plateau, je sentis un souffle dans mon cou et une odeur fraîche et masculine envahit l'espace. Nul doute que c'était lui. Il passa ses mains autour de ma taille dans un geste lent qui me permit de ressentir la douce pression de ses doigts contre ma peau. Il me serra contre lui, et rabattit mes tresses vers l'avant pour dégager mon cou. Il me caressa l'épaule et déposa un baiser dans mon cou, puis un autre, puis des milliers.
Je croyais rêver, et je ne voulais surtout pas me réveiller mais c'était mieux qu'un rêve, c'était réel. Je me laissais faire avec raideur au début et ensuite avec ardeur. Il me retourna. Je lui faisais face, il souleva mon menton de son index, et me caressa la joue. Ses iris sombres me dévoraient littéralement, une lueur de désir s'y cachait. Je fermai les yeux comme pour l'inviter à m'embrasser. Et dans la seconde qui suivit, je sentis la chaleur de ses lèvres contre les miennes. Notre baiser devint très vite fougueux, débordant de passion. Il me souleva, et me posa sur la paillasse, sans que ses lèvres ne se détachent des miennes. Je l'emprisonnai contre moi avec mes jambes. Ses mains se baladaient sur mon corps, allumant en moi un feu. Je brûlais de désir. Je me tortillais au contact de ses lèvres sur ma peau. Le silence dans lequel tout se passait rendait l'instant plus délicieux. En effet, ce moment ne nécessitait pas de mots.
Il baissa la glissière de ma robe et passa ses doigts le long du creux de ma colonne vertébrale, puis descendit jusqu'à la naissance de mes fesses. Mon excitation atteignit son sommet. Je ne me contrôlais plus, donnant à mes mains plus de liberté. Je déboutonnai sa chemise et la jetai je ne sais où. Mes doigts carèsserent ensuite son torse dur puis ses muscles fermes. Comment pouvait-il y avoir tant de virilité en un seul homme?
Il me caressa les jambes puis remonta jusqu'à mes cuisses. Mettant ses mains sous ma robe, il les passa tout le long de mes cuisses, dans un geste sauvage et sensuel, puis m'empoigna brusquement la fesse. Je poussai un petit gémissement. Il me porta ensuite et m'emmena dans la chambre. Il me posa sur le lit, et s'allongea tout près. M'attirant à lui, il m'embrassa de nouveau, d'abord tendrement, puis rageusement! Ses gestes se firent de plus en plus pressants, comme animés par une certaine urgence. Je ne sais à quel moment j'avais perdu ma robe et lui son pantalon. Mais nous nous retrouvions donc là, tous nus sous les draps, à faire l'amour comme jamais.

L 'inespéré Where stories live. Discover now