les montagnes m'ont rappelé
le temps où je me suis noyée
quelque part dans la rivière couchée à l'horizon
quand j'essayais de te crier la douleur
qui parcourait mes entrailles
qui les remplissait d'encre noire
qui m'empêchait de respirer
et je me suis rendue compte
que cette distance ne t'a pas rendu sourd
et que mon corps était juste trop lourd
pour nos deux dos courbés
qu'à force de traîner le poids
de toute cette eau polluée
qui traversait mes veines
et qui essayait
tant bien que mal
de trouver le chemin jusqu'à mes yeux
je ne faisais que rendre nos draps malheureux
quand chaque soir
je les utilisais comme des mouchoirs
lorsque les lumières se fermaient
en même temps que mon espoir
jusqu'à ce que le soleil se lève
sur le reflet de mes larmes de la veille
je voulais croire
que cette distance t'avait rendu aveugle
et que mes joues qui brillaient et qui beuglaient
ne te faisaient plus d'effet
que même si mon corps essayait
de te montrer ma souffrance
tu restais figé
et tu refusais de me donner
même un restant de regard forcé
mais tu ne pouvais simplement plus me voir
car c'était à des différentes heures qu'il faisait noir
mais cette distance t'a bien rendu muet
elle t'a coupé la langue
les mains
les pensées
les promesses
mais ton absence me permet d'oublier
l'avenir flou qu'on s'est créé
ton absence me rappelle
que demain n'existe pas encore
même si on a essayé de l'écrire
de le dessiner
de le graver
trop rapidement
trop tôt
sur nos corps
on a été
naïfs et innocents
mais j'espère tout de même te retrouver
bientôt
avec ton regard d'enfant
