Chapitre 11

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Je me sentais mal, et j'avais mal à la tête. Je regardai l'heure, il était cinq heures de l'après-midi et j'étais bien évidemment en retard. Je me suis pourtant allongée de nouveau, plaçant ma main sur l'entièreté de mon visage, me cachant de la lumière qui me brûlait les yeux, qui sortait de par les fenêtres de ma chambre. Je soupirai.

Je décidai d'enfin me lever qu'au bout de quelques longues minutes, et m'asseyant au bord de mon lit, je sursautai lorsque je vis la pièce sombrer dans le noir absolu, ainsi que le paysage par mes fenêtres. Quelques secondes plus tard, une sirène retentit, et une voix nous demanda de retourner à notre chambre sans poser de question. Je me demandai bien ce qu'il pouvait se passer, et je décidai de sortir de ma chambre, même si l'on nous l'avait interdit. Je jouai quand même le jeu de zombie que je devais jouer, car je ne voulais pas risquer d'avoir de trop gros problèmes.

Les couloirs n'étaient pas éclairés. Tout était noir, et on n'y voyait rien. Je vis une lumière au loin provenant d'une lampe torche. Les reflets éclairèrent son visage, et je le reconnus directement. Je ne pouvais pas fuir, alors je marchai normalement telle une machine que l'on aurait programmée.

- Bien, tu viens me voir par toi-même maintenant ?

Je ne répondis rien. Pourtant, des insultes à son égard me brûlaient la langue.

- Et bien alors ma belle ? Tu t'es perdue ? Tu n'as pas entendu le signalement ?

Il vint se frotter à moi. Cet homme me dégoûtait, et il me faisait vraiment peur. Seulement, je sentis quelque chose de dur lorsqu'il me plaqua contre le mur, et je savais pertinemment qu'il s'agissait de l'une de ces cartes qui permettaient d'ouvrir chaque porte de la cité. Alors, tandis qu'il était occupé à me mordre le cou comme si j'étais un morceau de viande fraîche, j'attrapai discrètement la carte qui se trouvait dans sa poche, pour la ranger dans l'une des miennes.

On entendit quelqu'un arriver, et le fait de devoir garder mon sang-froid face à cet homme était abominablement la pire des sensations au monde. Il se dégagea de moi et me prit fermement par le bras, pour m'emmener jusqu'à ma chambre et que je n'en sorte plus avant la fin de l'alerte.

Je décidai alors de sortir par la fenêtre. Maintenant que j'avais l'un de leur passe-partout, je pouvais enfin retrouver Chloé. Soudain, j'entendis un tir, puis un second. On aurait dit une chasse à l'homme. Je ne voyais rien, le ciel était noir, comme éteint, et même s'il avait fait nuit, on ne percevait pas les étoiles ni la Lune. J'hésitai à partir, mais il fallait que j'y aille, pour ne pas passer une minute de plus ici.

- Ne bouge plus. Qui es-tu ?

J'entendis cette voix familière au loin, et il se rapprocha de mi avec sa lampe-torche, pour ainsi m'éclairer le visage.

- Anna. Qu'est-ce que tu fais encore dehors ? On vous a demandé d'aller dans vos chambres.

- Je t'ai dit que je voulais partir d'ici, et je vais tout faire pour sortir d'Efosia.

- Tu as envie de mourir ? Tu as fait tant d'efforts pour venir jusqu'ici, et tu veux en repartir au bout de quelques jours ?

- Je suis venue pour toi, mais tu as beaucoup trop changé Lucas. Tu n'es plu comme avant.

- C'est normal puisque je me suis intégré ici et que j'ai appris que si je n'allais pas dans leur sens, je terminerais tué.

- Tu peux venir avec moi, et on partirait d'ici ensemble, loin de ces fous.

- Jamais je ne partirai. Pars si tu veux, je n'en ai plus rien à faire.

- Quoi ?

Avais-je bien entendu ? Lucas venait-il de m'abandonner en quelques mots ?

- C'est terminé Anna. Finis tuée si tu le veux, moi je reste ici. Je te fais une dernière faveur. Tu as deux minutes pour partir, et ensuite je préviens les autorités que tu ne t'es pas faite hypnotiser et que tu t'es enfuie.

Je le regardai avec insistance, ne comprenant plus ce qu'il se passait. Il se retourna, sans ne rien dire de plus. Je compris alors que tout était réellement terminé, comme il le disait, après avoir passé presque toute notre vie ensemble à Via. Je lui pris sa lampe torche des mains, et je partis avec. Il ne me courut même pas après.

- Il te reste une minute.

J'allumai la lampe torche et je partis jusqu'à la grande forêt d'Efosia en courant.

Paniquée, pénétrant dans cette masse d'arbres, j'en percutai quelques uns, ne faisant pas attention, mais je voulais retrouver cette porte par tous les moyens, alors je continuais d'avancer encore et encore.

J'arrivai devant la montagne, que je longeai jusqu'à me retrouver face à cette porte qu'avait franchi Chloé. Elle se trouva là, devant moi, gigantesque. Je cherchai comment l'ouvrir, mais il n'y avait que de la roche autour d'elle. Je sortis la carte que j'avais volée au Maître auparavant. Elle commença à briller, et un endroit dans la roche s'alluma également. Étonnée, je passai la carte dessus, et j'entendis les barreaux s'enclencher pour ainsi ne plus me barrer le passage.

Je pris une grande respiration. Apparemment, si je passais le pas de cette porte, je ne pourrais plus revenir en arrière. Est-ce que c'était la meilleure solution ? Oui, ça l'était, car je ne voulais pas rester ici plus longtemps. Mais je ne savais pas où menait cette porte, et peut-être allait-il m'arriver quelque chose d'affreux. Je n'hésitai plus, et je rentrai à l'intérieur, et je marchai durant de longues minutes. C'était un véritable labyrinthe. Soudain, je vis une lumière au loin, et quelque chose de léger me caressa le visage.

LuniaWhere stories live. Discover now