Chapitre 24

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Mélanie monta à l'étage et fit face à Arthur.

— Qu'est-ce qui se passe ? chuchota-t-elle, ordonnant presque une réponse.

Arthur ne la regardait pas, observait en coin les escaliers sur sa droite devant lesquels ils se tenaient. Une concentration intense transparaissait dans ses yeux, comme si rien ne pouvait le détourner du point fixe qu'il guettait.

— Qui est l'homme qui est au rez-de-chaussée ? insista-t-elle fermement.

Athur sortit de son étrange divagation et la dévisagea, perplexe et hostile.

— Quel homme, en bas ? Il n'y a absolument personne, ici.

Ce fut au tour de la jeune fille d'être perdue. Plus que confuse, elle sentait la colère monter. De quel droit lui parlait-il de cette manière, lui qui était un aimant à événements dangereux ? Il lui imposait une malédiction qui dépassait de loin ce qui lui avait été demandé. Il ne lui jetait pas seulement un voile funeste sur les épaules, il ramenait tout l'Enfer à sa suite.

— Un accident de voiture, maintenant un assassin ?! Est-ce que je suis censée m'attendre à pire ? L'invectiva-t-elle, presque à voix haute.

Elle entendit sa sœur soupirer derrière la porte de sa chambre. Sans alléger son ton, elle baissa sa voix d'un cran. La nuit claire s'assombrit : les nuages, qui menaçaient la lune depuis le début de la soirée, finir par avoir raison de ses derniers rayons.

— Je pourrais parier que même toi, tu ne sais pas ce qui se passe.

— Détrompe-toi, la reprit sévèrement Arthur. Maintenant si tu permets, la nuit est encore longue pour l'un de nous deux.

Il dépassa Mél, la bousculant presque de l'épaule en se dirigeant vers sa porte. La pièce était sombre, et elle fit volte-face au moment où la silhouette de l'esprit ouvrait la fenêtre. Elle l'accompagna dans sa chambre. Scrutant ses mouvements fluides, elle lui ordonna de rester. Le démon n'en avait cure, et sauta du cadre de fenêtre d'où il était perché, atterrit souplement sur les herbes en contrebas. Il courut vers la forêt, et celle qu'il suivait aventura son visage dans l'air froid pour l'observer rejoindre la masse noire de la forêt.

Menaçante, la nature sembla l'engloutir lorsqu'il franchit son pas. Rien ne bougea, quand tout à coup, une autre ombre fit son apparition au milieu du jardin. Mél retint sa respiration. L'homme aux cheveux blonds se tenait là, au centre de la parcelle de terre qu'elle couvrait de ses yeux. Les ombres diffuses voilaient en partie son corps, son visage. Même à une courte distance de lui, l'adolescente ne pouvait pas précisément le distinguer. Des volutes silencieuses s'échappaient de la bouche de la jeune fille, indifférente au froid qui s'engouffrait dans ses vêtements. L'inconnu s'avança d'un pas décidé vers les arbres et disparut à son tour.

Mélanie se détacha de sa fenêtre et ferma celle-ci à grande vitesse. Elle se fit la plus discrète possible, guettant les mouvements du premier étage, et ceux du bas, à l'affût du moindre bruit. Elle savait que rien de surnaturel ne bougerait, mais c'était le réveil de ses parents qu'elle redoutait le plus. Elle rabattit sa couette sur son matelas, mis des vieilles peluches sous son drap pour feindre sa présence. Elle enfila son plus gros sweat-shirt, attrapa un sac à dos, une lampe torche et de quoi se défendre. Sa grand-mère lui avait donné un jour un coupe-papier en forme de poignard, gravé de têtes et d'ailes d'anges ; il était surmonté d'une émeraude opaque. Son allure se prêtait bien à l'occasion. Mélanie garda l'arme de fortune en main ainsi que la lampe. Elle mit son téléphone dans son sac ; plus utile pour se rassurer que pour réellement l'aider en cas de problème. Mél jeta un œil à l'heure avant de fermer son sac : deux heures quarante-cinq. Elle descendit les escaliers sans bruit, la boule au ventre : jamais elle n'était sortie de chez elle à l'improviste. Elle ne songeait ni à ses cours le lendemain, ni à quoi que ce soit de rationnel. Elle pressentait qu'elle rentrait dans une partie de l'existence que tout le monde soupçonnait, mais que personne ne voyait. Loin d'être fatiguée, sa volonté de trouver des réponses l'emmènerait jusqu'au bout de la forêt.

Elle se glissa contre la rambarde et, à pas de loups, rejoignit la porte d'entrée. Les clefs, pendues sur un clou à côté du battant, ne la trahirent pas lorsqu'elle les saisit avec précaution. Elle fit pivoter la serrure, redoutant le bruit métallique du verrou lorsque la porte serait ouverte. Le claquement fut plus doux que ce qu'elle avait prévu, et son faible écho ne fit pas sursauter la maison dont elle s'échappait. Lentement, elle entrouvrit la porte, et l'air frais du dehors s'engouffra dans le couloir. La jeune fille replaça le trousseau de clefs sur son clou, se faufila dans son jardin et referma doucement la porte derrière elle, sans la verrouiller.

Enfin à l'extérieur, seul le murmure du vent dans les arbres venait casser le silence de cette froide nuit d'automne. Mélanie le savait, elle avait du retard. Elle connaissait l'endroit par où s'étaient aventurés les deux fuyards, et elle pressa le pas jusqu'au pan de nature en question. Elle croisa les bras sur sa poitrine, et plissa les yeux pour distinguer des formes autour d'elle. Sa maison, anguleuse et imposante, grise sur le tableau noirâtre dans lequel elle se baladait, paraissait encerclée par les cimes menaçantes. Elle se trouvait juste en face de la baie vitrée de son salon. Alors quelque chose la frappa : les deux êtres avaient disparu juste en face de leur pièce principale. Elle imagina l'homme blond en train de les observer derrière les sapins, guetter une cible, n'importe laquelle. Elle frissonna.

Arrivée à l'orée des arbres, Mél marqua un arrêt : passé cette limite, sa visibilité serait très, très réduite. C'était presque la nuit noire entre les épines des pins, ses pieds pourraient percuter n'importe quelle anomalie sans qu'elle n'anticipe sa chute. Ça n'était pas une rencontre avec les loups, les cerfs ou même les sangliers qui l'inquiétaient, mais avec les gens étranges qui rôdaient parfois à la nuit tombée. Des histoires à vous glacer le sang hantaient les Alpes, des histoires que ses parents s'étaient bien gardés de lui taire.

Pourtant, l'aura était différente cette nuit. D'autres types d'hommes se baladaient entre les cimes ; des intrus qui étaient déjà venus chez elle, qui avaient traîné sur ses fauteuils et dans son salon. L'un la pourchassait, l'autre traquait celui qui la pourchassait, elle en avait la conviction.

Elle savait où se situaient les clairières, les ruisseaux, les pentes et les étangs. Elle avait parcouru ces distances enfant, la forêt lui servait d'immense jardin, autrefois. Elle alluma sa lumière, consciente qu'elle ne devait pas l'utiliser plus de quelques minutes. Des inconnus mal intentionnés pourraient la repérer sans qu'elle ne puisse les voir. Elle fit un pas en avant, puis un autre, dépassa les troncs d'arbre bordant son jardin, et partit à la recherche de créatures dont seuls les contes avaient le secret.


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Hello tout le monde! 

Comme vous l'avez sûrement remarqué, j'ai été moins active ces deux dernières semaines. Comme je l'avais prédit (certainement un don de voyance de ma part N'EST-CE-PAS) mes cours ont prit le pas sur mon écriture. 

La bonne nouvelle c'est que j'ai put poster pile le premier Octobre, mon mois préféré de l'année! Autant dire que cette partie va parfaitement avec la saison, et ça ne va pas aller en s'améliorant... (屮◑v◑)屮 

J'adore écrire pendant l'automne, c'est la meilleure saison pour écrire de l'horreur! 

Je finis cette annonce pour vous dire qu'une annonce plutôt importante aura lieu sur ma page très bientôt. Abonnez vous si vous ne voulez pas rater mes nouvelles! ❤️

A la prochaine, et n'oubliez pas de liker ou de commenter si vous avez aimé cette partie! 

Le Pacte des Ruines [EN PAUSE]Where stories live. Discover now