[WRITING INKTOBER] 3-Appat

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Le Ciel, inconsolable, se perdait depuis des jours, des semaines dans sa mélancolie, à revoir sa création la plus précieuse s'éloigner de lui, avec haine. Elle le haïssait. C'était certain. Il déversait tout son chagrin au-dessus d'une gigantesque étendue de sable. Plus le Ciel pleurait, plus la Terre s'engorgeait. Elle a bien essayé de lui crier d'arrêter, mais il n'entendait que la douleur. Au final, la Terre fût contrainte de courber l'échine pour contenir cette eau salée par la tristesse. Ainsi naquît l'Océan.

La Terre, qui jalousait profondément la place de la Femme dans le cœur du Ciel, vit cette situation comme la goutte qui fait déborder le vase. En colère, elle jura par tout ce qui existait qu'elle ferait tout son possible pour prendre le Ciel et le garder pour elle seule.

C'est alors qu'un murmure vacillant, tel un écho lointain, résonna à son oreille :

« Je sais comment s'y prendre. »

La terre ne comprit pas tout de suite que cette voix enfantine et cristalline appartenait à l'Océan. Il poursuivit, non sans une pointe d'espièglerie :

« Appâte celui que tu désire. Attire son attention pour qu'il te voit, toi. Tu pourras alors t'en emparer. »

Il acheva en lâchant un petit rire amusé. La Terre n'était pas adepte de la duperie. Mais sa volonté était sans faille. Elle est prête à tout.

L'homme à l'allure simplette ne s'est arrêté de divaguer que pour manger et pour dormir, tandis que la Femme l'écoutait avec intérêt. Elle était bien la seule. Les animaux, refusant de quitter leur amie, essayaient tant bien que mal de protéger leurs oreilles de ce charabia :

« ... Et quand le vent souffle, qui peut bien le souffler ? Est-ce qu'un seul possède assez de poumons pour souffler tant de vents à la fois ?... Et si- »

Il s'interrompit. Un bruit sourd commença à percer le silence et le sol vibra soudainement. De plus en plus fort. La petite troupe trébucha. La Terre grondait dans un état de fureur dévastatrice. Une fissure gigantesque apparue et la terre s'ouvrit. La Femme chuta, parvînt à s'agripper à une racine. Elle cria de stupéfaction, puis de peur :

« Au secours !! »

L'Idiot s'approcha du bord, l'air de ne savoir que faire en pareille situation. Il dit alors :

« Si tu tiens à la vie, accroche-toi à ce qu'il y a de plus solide ! »

Il disparut une seconde, le temps de s'allonger et ce qui réapparu au-dessus de la Femme fût sa jambe gauche.

Pendant qu'elle faisait son possible pour sortir de cette brèche, le Ciel, ayant reconnue sa voix, accourut sans demander son reste. Et la Terre guettait son arrivée.

La pluie et le beau temps arrivèrent en trombe au milieu de la voute céleste :

« Je suis là ! N'aie crainte, je vais t'aider ! »

La Terre saisi alors l'occasion et appela :

« Ciel ! Me reconnais-tu ? »

La réponse était évidente. Elle pétrifia le Ciel. La Terre, d'un ton plein d'émotions, continu :

« Je suis celle que tu as abandonné. Je ne te suffisais pas, même avec moi tu te sentais seul. Alors tu as donné naissance à cette créature. Et regarde ce sue je suis devenu. Un sol stérile. Aride et plat. Cette forêt où nous nous trouvons est la dernière à subsister. Dans peu de temps, elle périra comme les autres. Deviendra un désert. »

Sa voix devînt larmoyante, suppliante, même si elle s'efforçait de se maîtriser :

« J'ai besoin de ton eau. J'ai besoin de ta lumière. J'ai besoin de toi. Je te chérirai par les caresses des feuilles virevoltant au vent. Bâtirai des montagnes dont les sommets se couvriront de fleurs pour toi. Ensemble, nous donnerons naissance à de beaux et solides arbres que nous aimerons et qui nous aimerons. Comme avant... »

Le Ciel, à ces paroles, entra dans une colère aussi noire que les nuages qui se rassemblaient au-dessus de tous. S'en était trop. Assez de douleur. Assez de tromperie. Il ne se laissera plus aller à ses sentiments. Il restera seul. Dans son infinie atmosphère. Il fera ce que bon lui semblera. N'écoutant que ses caprices. Seul maître de sa barque. Il déclara d'une voix tonitruante :

« J'ai trop souffert ! S'en est assez. Désormais, tout ce qui se trouve ici-bas se soumettra. Moi seul déciderai de mon humeur, au gré de mes envies. Par la suite, faites ce que vous désirez. Votre sort ne dépend plus de moi. »

Des rugissements se dégagèrent de la masse noire qui s'est formée devant le soleil. La foudre frappa le sol. Coupa les arbres en deux, y mis le feu.

Un incendie débuta.

Inktober 2019Where stories live. Discover now