Le Temps D'un Instant...

chapitre 6. Il pousse un petit peu trop mamie dans les orties.

Tout d'abord pas très rassurée, la journée a ensuite été géniale. Il est vrai que Quentin conduit bien ! Il a donc réussi à me mettre en confiance assez rapidement. Moi qui avait peur de lâcher prise et de me mettre en danger. Une fois grimpée sur la moto, mes bras passés autour de sa taille, j'ai découvert une sensation nouvelle, une impression folle de liberté et d'espace. La route nous appartenait désireuse d'être arpentée sans fin, l'air balayait mes cheveux derrière moi, le vent caressait mon visage  grâce à la visière relevée. L'adrénaline a très vite parcouru mon corps lorsque la vitesse a commencé à augmenter. Les seuls moments où j'étais encore tendue ont été lorsque nous prenions des virages, la moto se couchant légèrement. Arrivait alors cette impression de chute.  Lorsque cela se produisait, mon corps se crispait attendant le contact avec le bitume. Mais je vous rassure, ce n'est pas arrivé !  Le problème suivant est arrivé lorsque nous avons fait une pause. Quentin était obstiné à me faire piloter. Il m'en demandait beaucoup trop là ! C'était une bonne expérience et en plus de cela, maintenant, nous sommes à égalité. J'ai moi aussi dans ma manche un joker que je pourrais utiliser à bon escient le jour où le jeune homme me proposera quelque chose d'insurmontable !
Je suis rentrée le soir pour dîner en-tête à tête avec Thibault, nos parents étant sortis en amoureux. Nous avons passé la soirée devant la télévision, ma tête appuyée sur son épaule, des larmes coulant sur mes joues. Je lui avais pourtant dit que regarder un film triste était une mauvaise idée mais il ne me croit jamais ! C'est à croire qu’il sait que je vais partir et qu'il me le fait déjà payer, enfin je dis ça, mais ce n'est qu'une hypothèse ! Il n'a pas arrêté de me traiter de nunuche et de me rappeler qu'il s'agissait d'acteurs et de scénario comme si je ne le savais pas ! Il n'a pas oublié de me questionner sur ce que j'avais fait de l'après-midi avec son ami. Il fut plutôt étonné d'apprendre que nous étions partie en balade sur son deux roues. Il en a même rigolé en disant : que cela me faisait du bien de trainer avec lui, que je revoyais mes à priori à la baisse. Il était plutôt surpris de m'entendre dire que cela m'avait plu !

☆

Ce matin, les filles venaient à la maison pour que nous prenions toutes ensembles le petit-déjeuner afin de pouvoir faire un point sur la situation. Thibault avait disparu au lever du jour, je l'avais entendu fermer sa porte et descendre l'escalier. J'ignore où il a bien pu se rendre, enfin bon, loin de moi l'idée de lui poser la question. Je n'ai toujours pas reçu l'habituelle photo de bon réveil de la tête de son ami, alors je suis plutôt tranquille. Je prépare le café après m'être habillée. Tylie et Beth apportent les viennoiseries. La porte s'ouvre et se ferme… ce doit être elles. Lorsque je suis seule à la maison, j'ai pris l'habitude de leur envoyer un SMS en les prévenant ainsi elles rentrent seules. Elles ont l'habitude et font à présent comme chez elles : elles retirent et accrochent leurs manteaux, ôtent et rangent leurs chaussures dans le meuble.
— Salut, beauté.
Me lancent-elles en entrant, me faisant sursauter. Elles étaient tellement silencieuses que je ne les ai même pas entendues approcher. Je leur souris et leur fait signe de s'installer.  J'ai déjà disposé sur la table  le sucre et le lait. Il ne me reste plus qu'à apporter le café bien chaud !
— Comment tu vas ? me demande Tylie.
Je m'installe après avoir déposé leurs tasses.
— Fatiguée !
— Tu es sortie hier ? me questionne Beth.
Je me tourne vers elle.
— Non, non, j'étais ici avec Thibault. On a regardé un film, jusqu'à pas d'heure.
— Tu as bien raison de profiter de tes vacances pour passer du temps  avec ton frère ! approuve Beth avec un sourire.
— C'est pour cela qu'il ne pouvait pas me voir ! lance soudainement Tylie.
C'est une compétitrice dans l'âme ! Elle fera tout pour gagner le pacte… Moi, je n'en suis plus si sûre. J'ai à présent d'autres choses en vue, comme passer du temps avec mon frère et mes amies. Sohan... à quoi bon être avec lui six semaines pour ensuite le quitter ?
— Tu en es où Tylie ? je lui demande.
— On s'est embrassé ! me répond t-elle contente.
Je prends un croissant que je coupe en deux, avant de porter l'un des morceaux à ma bouche.
— Et toi ?
— Jarred m'a envoyé un message ce matin, on se voit ce soir. Tessa ?
— Quentin avait des bleus hier, lorsque je l'ai vu !
Elles me fixent avec des yeux ronds. J'ai dit une bêtise ?
— Il lui est arrivé quoi ? me questionne Beth.
J'avale une gorgée du liquide noir.
— Tu n'as vraiment pas d'idée ? lui grogne Tylie.
— Tu penses comme moi ? Pourtant, je n'ai pas revu Sohan !
— On parle de moi ? demande une voix que je connais bien.
Je sursaute comme une andouille, prise en flagrant délit de commérage. Sohan entre dans la cuisine pour faire la bise aux filles et lorsqu'il arrive à ma hauteur, il me glisse à l'oreille qu'il souhaite me parler.
— Tessa on y va ?
Quentin est ici aussi ? Je me détourne du blond alors qu'il attrape sous la table, une de mes mains. Il est toujours debout dans mon dos.
— Je peux déjeuner avant de partir ?
Pourquoi tient-il aussi fortement mes doigts ? Il me fait mal. Il a perdu la tête ? Ce n'est pas en me broyant la main qu'il va m'empêcher de partir !
— Oui, bien sûr. me répond l'autre jeune homme.
Il se trouve dans l'ouverture, le regard braqué sur moi. Ou sur Sohan ? Il n'y a pas vraiment de différence puisqu'il est prêt de moi.
— On fait un truc ensemble les filles cette semaine ? demande Beth.
Mon frère débarque à son tour en me demandant si j'ai fini de pleurer.
— Très drôle ! je lui rétorque.
— Ce n'est pas ma faute, si tu es faible !
S'en suit une course poursuite dans la maison où je hurle à mon jumeau de répéter ce qu'il vient de dire. Il se retrouve un instant stoppé par le sofa et j'en profite pour lui sauter sur le dos, bien qu'il finisse par me faire tomber sur le canapé ! J'ai réussi, je ne sais comment, à le faire sortir de son pull-over. Alors je le récupère entre mes bras, le plaque contre moi, me relève et je cours comme une folle jusqu'à la cuisine. J'entends mon frère marmonner derrière moi. C'est avec un grand sourire sur le visage que je pénètre dans la pièce et retourne m'asseoir derrière ma tasse de café !
— Vous êtes de vrais gamins, me taquine Beth.
Thibault arrive quelque secondes plus tard alors que je tire la langue à la jeune femme. J'en profite pour enfiler le vêtement sur mon dos.

☆

C'est deux-là me désespèrent ! Ils passent leurs temps à se chamailler… Ils sont vraiment très fusionnels. En même temps, on en attend pas moins de jumeaux. Mais ça me fait mal, de me dire qu'elle est plus proche de son frère que de moi. Je suis là, je n'attends qu'elle, qu'un signe de sa part à mon égard. J'ai besoin de lui parler, ça ne fait que quelques jours, mais déjà mon cœur en saigne et j'ai l'impression de crever. Qu'est-ce qu'elle m'a fait ? Avant que je ne me laisse aller, je me contrôlais, certes elle m'intéressait, mais je n'étais pas comme un putain de collégien devant sa première copine. Aujourd'hui, je meurs de jalousie ! Elle adresse des petits sourires à un autre que moi, elle passe du temps avec lui. Et moi, comme un con, je ne suis autorisé, pour le jeu, à ne la voir qu'une fois par semaine. J'ai presque l'impression qu'elle a fait table rase de notre rapprochement et qu'elle soit passée à autre chose ! Pourtant dans l'histoire, c'est elle qui avait une attirance pour moi ! La terre tourne à l'envers, les rôles se sont échangés, c'est à ne plus rien comprendre !

☆

 J'ai trouvé Quentin assez pressé aujourd'hui. On peut dire qu'il m'a poussé aux fesses pour partir et ça m'a mis plutôt de mauvaise humeur. Alors avant de décoller avec lui de la maison, je suis montée dans ma chambre afin d'aller chercher un livre que je compte emmener avec moi. Je ne compte pas me montrer polie avec lui et bien tirer la tête toute la fin de journée. En plus de cela, il profite maintenant de savoir que j'ai pris goût à la moto, alors il est venu avec pour que nous repartions plus rapidement qu'à pieds. Il pousse un petit peu trop mamie dans les orties. J'ai bien vu au regard que pose Sohan sur moi avant de partir qu'il était mécontent de la situation. Avec cette précipitation j'ai oublié qu'il désirait me parler alors ce sera pour une autre fois. Enfin de compte, peut-être que Quentin l'a aussi fait exprès. Alors, lorsque nous sommes arrivés chez lui et que j'ai découvert avec plaisir qu'il n'y avait personne à son domicile, je pouvais donc tirer la tête comme je le voulais sans avoir peur de faire mauvaise impression. Je suis donc partie m'installer sur le canapé et j'ai tiré de mon sac à main le roman que j'avais commencé il y a quelques jours sans même lui demander avant si il avaite prévu quelque chose.
— Il y a un problème Tessa ?
Je relève la tête de mon bouquin, mais en prenant le temps de finir ma phrase.
— J'en  ai un peu marre d'être à votre disposition !
Je le vois pincer ses lèvres mais je ne m'en soucis guère et retourne à la lecture de ma page.
— Tu veux faire quoi ?
— Lire !
Il se pose à côté de moi et me demandant de lui parler de l'histoire.
— Ça parle d'un couple qui se retrouve alors que la personnage principal va se marier, alors que par le passé, il ressentait des choses l'un pour l'autre…
Pourquoi Sohan ne cherche pas à me contacter ? D'un côté c'est vrai que je pars, avant la fin de l'été mais je n'ai pas envie d'avoir des regrets en me demandant si ça aurait fonctionné entre nous !
Étonnamment, Quentin s'installe plus confortablement et me demande de lui faire la lecture. Il a la tête sur l'accoudoir et les chevilles croisées sur la table basse. Je suis un peu surprise de sa demande, mais je ne fais aucune réflexion puisqu'il me laisse lire tout de même tranquillement même si c'est à voix haute. J'ignore s'il m'écoute réellement ou s'il pique un somme ainsi installé mais avant que nous ne dînions ensemble j'ai eu le temps de finir les pages qu'il me restait et j'ai maintenant plus que hâte de commencer le suivant !