6 - Rappel

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Il remit ses chaussures.

"Bon. Alors. Reprenons."

Il enleva ses chaussures. Ses pieds cloquės n'avaient plus aucune adhérence. Sur la plante de vagues cratères rouges commençaient à apparaître. Il faudrait bien qu'il tienne pourtant. Devant lui l'immense mur de basalte, anguleux et plein d'aspėritės vermillonnées. La dernière épreuve. La chute en serait mortelle bien entendu mais la récompense en valait tellement la peine. Derrière lui la dernière épreuve ne manquait pas de lui rappeler sa présence. Ce vide, et le saut qu'il a dût faire pour le surpasser. Là aussi la chute serait mortelle, mais elle aurait aussi l'indécence d'être foutrement spectaculaire... Mais, reniant ses idées noires, il allait commencer.

La première prise souvent la plus simple.

Enfin, s'il s'était s'agit d'un mur simple sans aucune risque d'y passer, n'est-ce pas ? Il gravit. Chaque prise lui ėcorchait les mains y laissant leur peau et quelques gouttelettes de sang. Chaque pas était un supplice, les fragments de pierre s'enfonçant dans ses pieds dès qu'il s'y appuyait. Et il ne marchait pas, il grimpait. Les muscles tendus, puissant et suintant dans l'effort. Il endurait, tenait bon, savait que pour chaques goutte qui tombait, c'était un petit bon de plus vers l'avant. En un autre temps il aurait eu du mal à le reconnaître mais il se devait de partager la vérité : il avait longuement pleuré. Tout eu long ou presque. Doutant de ses efforts, voulant redescendre et sachant qu'à chaque petites avancées c'est la mort qui, un peu plus proche, l'attendait. Quelle idiotie, quelle fougue. Mais fut atteint un stade où revenir en arrière devenait plus complexe que monter, alors, il persistait. Et il atteignit le sommet.

Au dernière étage de l'immense tour, dans un cube de cristal parfait se tenait la plus haute des couronnes, non pas par la taille mais par le pouvoir qu'elle offrait et les richesses qu'elle promettait. Il brisa le cube, la prit, contempla longuement les ramures d'or creusées, les pierres de saphirs, de topaze incrustées, le blanc argent qui l'entourait... Il la mit fièrement à ses tempes, la victoire lui inspirant une énergie nouvelle qu'il n'hésita pas à garder pour la descente. On pouvait penser le contraire mais souvent la descente était de loin plus complexe que la montée... Il parcourut ce chemin inverse avec les même difficultés qu'à l'aller mais sans larmes. Il avait finit de les verser à la vue de la couronne. Finalement il atteignit le sol. Il prit son élan face au précipice, un pas puis un autres, puis un bon.

Son pied l'ėlança d'un coup, il s'arrêta brusquement avant le vide. Ses pieds glissèrent dans la propre condensation de sa sueur. Il choyait, voulu se retenir, ne trouva aucune prise. Sa dernière pensée avant de tomber fût qu'il aurait dû remettre ses chaussures...

Le vieil homme plissa ses sourcils dans une telle grimace que l'ensemble de ses rides lui formèrent un second visage semblable à un démon. Ses mains aux veines saillantes balayèrent les papiers et crayons devant lui dans un geste de colère, avant de gratter son crâne dégarni, pensif.

"Mais ça ne s'est pas du tout passé comme ça, n'importe quoi !"

Il remonta, se redressa, recommença à grimper le mur. En haut, il enleva la couronne de son front, la remit dans son cube reconstitué, descendit à nouveau. Il remit ses chaussures.

"Bon cette fois-ci reprenons une bonne fois pour toute !"

Il enleva ses chaussures.

Writober 2019Where stories live. Discover now