Arizona représente l'association de deux faits déroutants : un cerveau habile et des pieds maladroits. Immergée dans une existence où se partageait études et quotidien consciencieusement organisé, elle est à l'aube de commencer sa vie d'adulte. Derr...
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Avant toute chose, il est préférable d'entrer en matière avec quelques précisions sur ma personnalité. Non pas que je sois excessivement différente des autres, mais je me suis résignée à me classer dans une certaine catégorie de personnes.
Et justement, la scène qui suit est excellente pour dresser mon portrait :
Petit 1 : mon rouge à lèvres, ma manucure et ma paire d'escarpins, sont assortis. Détails qui révèlent l'attention particulière que je porte à mon apparence.
Petit 2 : l'étalage de verres vides sur le comptoir du bar et cette tenue parfaite sur mes talons prouvent ma remarquable capacité à tenir l'alcool.
Petit 3 : l'homme séduisant à ma droite se demande quand il va pouvoir me ramener et m'ôter cette robe pleine de jolies promesses. Toutefois, il devra attendre que je termine la coupe de champagne offerte par celui à ma gauche. Pas de doute, je maîtrise avec brio le domaine de la séduction.
Avouez que ça le fait, n'est-ce pas ? Ça aurait pu être moi, si je n'étais pas l'exact contre-pied du sex-appeal. Le même physique, l'audace en moins. Hélas, cette version de moi n'est rien de plus qu'une chimère sur un temps de sommeil.
En réalité, la scène parfaite pour m'illustrer est un brin moins glamour : Visage enfoui sous un oreiller, une masse de cheveux entremêlés, une jambe à moitié dans le vide, un vieux tee-shirt des Rolling Stones sur le dos et un peu de bave au coin de la bouche.
J'ai toujours su me mettre en valeur, chaque fois que je fais mon entrée, je m'assure d'être aussi mémorable que du pain sec.
Dans le dictionnaire, vous me trouverez à la définition « extrêmement commun, sans originalité ». Depuis ma tendre enfance, je préfère la saveur des bouquins à celle des interdits. Le monde des soirées pyjama ? Pas pour moi, j'étais trop occupée à décoder la philosophie derrière «Oui-Oui au pays des jouets». En fait, je suis devenue tellement obsédée par mes études que même ma façon de parler est devenue hyperbolique. Attendez, est-ce que je viens vraiment d'utiliser le mot « hyperbolique » ?
À savoir que je suis fille unique, n'ai qu'un seul véritable ami et qu'il aime autant faire la fête que j'aime avoir une scène de crime dans ma culotte chaque mois. Je ne suis pas le genre à sortir le soir et aller à des soirées les week-ends. Je n'accorde pas trop d'importance à ma vie sociale. À ce niveau, il est même probable que les éléphants de mer mènent une vie plus trépidante que la mienne. Vraiment, je préfère me réfugier dans un bon livre ou m'empiffrer de graines de tournesol devant Netflix. Il semblerait que je sois proche du pathétisme si on en croit mon âge. Bientôt vingt-cinq ans et jamais eu de petit ami, jamais sortie en douce, jamais été en retenue, accroc à aucune substance illicite, je n'ai même pas le permis !
Je vous assure que ce genre de fille existe encore...
Cependant, je possède deux choses que tout le monde n'a pas la chance d'avoir : deux amitiés en or, dont l'une est aussi solide que le fer et l'autre hors du commun.
