Chapitre 4 (1/2)

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« C'est pour ta sécurité qu'on t'a demandé de ne plus y aller !

— Ordonné », rectifie-t-elle, agacée.

La porte d'entrée claque, poussée, un peu trop brusquement, par la poigne d'un Zeck renfrogné. Leurs mauvais caractères ne tardent pas à s'entrechoquer, quand Lexi s'insurge :

« Tu n'es pas mon père, tu ne subviens pas à mes besoins, tu ne vis pas ma vie et tu n'as strictement aucune idée de ce que je traverserais si je n'avais pas ces revenus... »

Vivement, il attrape ses poignets déjà levés, comme si elle comptait lui asséner un coup, dans son élan de colère. Zeck la plaque contre la porte, sans ménagement, bloquant son corps à l'aide du sien, avec une aisance toute masculine. Lexi ne fait cas ni du PVC qui lui heurte le dos, ni de sa musculature douloureuse quand elle s'agite comme une furie pour se dégager.

Le soldat inspire et expire, à plusieurs reprises, probablement pour éviter d'entrer dans le jeu de la jeune femme et garder une certaine contenance. Inutile d'aller plus loin. Dans leurs yeux danse une lueur de défi qui se reflète dans chaque pupille, écho lointain d'une similitude qui les a fait sourire, maintes fois.

D'ailleurs, un sourire, c'est ce qu'il esquisse, une fraction de secondes. Et quand elle l'aperçoit, Lexi s'adoucit, presque aussitôt. Son corps se détend, la brûlure musculaire qui s'en suit la fait toutefois serrer les dents.

« T'as repris depuis combien de temps ? », demande-t-il doucement.

Son souffle sur sa peau apaise momentanément les tensions douloureuses, alors que l'esprit s'éloigne de la réalité, un court instant. Ses pensées occasionnent des frissons qui courent le long de son dos.

« Assez longtemps pour que ça n'ait plus d'importance.

— Et tu nous l'as caché ? s'offusque-t-il, resserrant sa prise autour des poignets de la jeune femme.

— Je me doutais de votre réaction...

— A juste titre ! C'est dangereux, Lexi !

— Lâche-moi », gronde-t-elle en ignorant superbement sa remarque.

Dans un soupir, il s'exécute et libère la demoiselle. Alors que Zeck se pince l'arrête du nez, comme pour apaiser une migraine naissante, Lexi s'éclipse péniblement. Il lui faut une énergie démesurée pour analyser le sol et ne pas se prendre les pieds dans les vêtements qui le jonchent. Pour une fois, ranger aurait été salvateur. Le petit espace qui lui sert de cuisine jouxte directement l'entrée. Les deux pièces sont séparées par un simple meuble bar : une planche de plexiglas, épaisse, appuyée sur un pied métallique. Lexi a vite fait de le contourner, mettant une distance nécessaire entre le soldat et elle.

« Je ne fais rien de dangereux. Si vous m'aviez écoutée, tu le saurais. »

Elle ne peut s'empêcher de revenir là-dessus. Loin d'être dupe, elle se doute pourtant que cela ne changera pas le point de vue de son ami. Quant à celui d'Hayden... Il n'a pas besoin d'assister à la scène pour le faire connaître. Lexi sait parfaitement ce qu'il aurait dit, elle imagine sans peine la moindre de ses réactions. Il est bien plus intransigeant que Zeck, en ce qui concerne la sécurité de sa sœur. Il en a toujours été ainsi. Dès lors qu'ils avaient été livrés à eux-mêmes, il s'était transformé en véritable garde du corps.

« Ne joue pas sur les mots », prévient Zeck.

Il s'accoude au bar, dardant sur elle un regard plein de reproches. Irritée, Lexi se détourne, ouvre le réfrigérateur, dans un geste automatique, seulement pour constater qu'il est plus vide encore que la veille.

Lexi et ComaWhere stories live. Discover now