51 Teddy Bear

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Nous optons pour deux camions, l'un conduit par Glenn, le second par moi. Les civils sont répartis en deux groupes. Le vieillard est mal en point. Il faut faire vite. La balle a touché l'abdomen mais n'est pas ressortie.

L'homme qui s'est fait battre, Jason, nous a avoué avoir dissimulé de nombreuses armes dans l'une des maisons. Celle située tout au bout de l'allée sur la gauche.

- Non, on ne se sépare pas, Kate ! Me lance Glenn.

Je lui réponds d'une voix plus que ferme :
- Je ne veux pas prendre le risque que vous arriviez trop tard pour Douglas !

- Bon, plus vous discutez, plus vous perdez du temps, déclare Daryl.
Harvey, tu viens avec moi, on va chercher les armes. Et on part, tous ensemble.

Au moment où il passe à ma hauteur, il ajoute :
- C'est bon, c'est pas trop con comme idée ?
Et pas la peine de venir.

Je racle ma gorge.

- Bah, J'sais pas ce que tu lui as dit, mais visiblement tu l'as contrarié... Me dit Glenn, gêné.

- Je lui ai dit qu'il était con...

Glenn manque de s'étouffer. Je ne lui laisse pas le temps de me faire la morale et pars rejoindre Daryl et Harvey tout en me plaçant délibérément à la hauteur du motard. Je garde la tête bien droite, le regard au loin, malgré ma honte et la culpabilité qui me submergent. Je m'excuserai dès que je le pourrai.
Mais pour le moment, le plus important, c'est de récupérer les armes et de rentrer au plus vite.

Un juron sort de la bouche de Daryl lorsqu'il m'aperçoit à ses côtés.

Harvey nous dévisage l'un et l'autre puis soupire. Il se garde bien de nous parler mais je surprends son regard rempli de reproches à... mon intention. Qui aurait cru qu'il prendrait en silence la défense de celui qu'il jalouse malgré lui. La vie réserve bien des surprises. Mais je préfère savoir ces deux-là solidaires plutôt que rivaux...

Nous entrons, en silence, dans la maison, qui là encore semble abandonnée. Jason nous a indiqué l'endroit exact où il a caché les armes.
Toutefois, certains détails dans le salon attirent mon attention. Le canapé est parfaitement propre, un plaid recouvrant sans un pli l'un des fauteuils. Les revues sur la petite table basse sont rangées impeccablement. C'est l'une des habitudes d'Emily. Mon coeur s'accélère, je commence à reprendre espoir mais décide de ne pas en parler à Harvey tant que je ne suis pas sûre qu'il s'agit d'eux.

- Y'a eu du passage par ici, déclare Daryl en désignant la table de la cuisine et les 3 assiettes sur l'égouttoir.

Le motard me gratifie d'un léger signe de tête face au sourire que je lui adresse. La hache de guerre est loin d'être enterrée mais nos différents n'ont pas leur place à cet instant.

Harvey est déjà à l'étage.

- Venez voir par ici, lance-t-il, presque joyeusement.

Daryl et moi empruntons rapidement l'escalier pour nous rendre vers l'une des pièces dont la porte est entrouverte. Nous trouvons Harvey à l'intérieur. C'est une chambre d'enfant, les murs d'un bleu pâle sont recouverts ça et là de planètes, étoiles et fusées. Des dizaines d'étoiles phosphorescentes maculent le plafond. Et là encore la pièce est parfaitement rangée.

Harvey tend le doigt vers le petit lit. Un ours en peluche a été installé sous les couvertures, dont la tête repose sur l'oreiller.

- C'est l'ours de Schelley. Que Sarah a adopté, m'écrié-je.

Je la revois, le traînant partout dans la maison à Chester. Elle ne le quittait jamais.

Daryl demande à Harvey :
- Schelley ? Tu sais qui c'est ?

Harvey n'ose pas regarder le motard et baisse les yeux.

Daryl n'insiste pas et sort de la pièce, mais s'il est vexé, il n'en montre rien.

Harvey est à deux doigts de me prendre dans ses bras :
- Ils sont vivants, Kate, et ils sont venus ici. Je le savais ! Claironne-t-il.

Je le repousse délicatement, gardant sa main dans la mienne pendant quelques instants avec à nouveau un sourire sur mes lèvres.

- La question est de savoir pourquoi ils en sont partis. Puis j'ajoute plus doucement :
- Sarah n'aurait jamais laissé sa peluche si elle n'y avait pas été obligée...

C'est au tour de Daryl de nous interpeller. Sa voix provient de la pièce d'à-côté.

Nous le découvrons dans la chambre des parents, en train d'enlever les lattes du plancher, au beau milieu de la pièce.

- Y'a que 3 sacs là-d'sous. Ton David s'est fait la malle avec les 2 autres...

C'est bon signe. David et Emily sont repartis avec Sarah en emportant des armes. Mais pourquoi n'avoir pris que 2 sacs au lieu de la totalité... J'ai beau cherché plusieurs explications, je n'en trouve aucune de satisfaisante.

- Il faut qu'on y aille, Kate.
Harvey hésite avant de me demander :
- Tu comptes bien rentrer avec nous ?

J'inspire profondément. Soit je les accompagne et m'assure que tout le monde rejoint la prison sain et sauf. Soit je continue seule à chercher les miens.
Mais j'ai une promesse à honorer... que j'espère ne pas avoir à regretter un jour.

Ma voix est sans appel :
- On rentre tous ! Retournons aux camions.

Les sacs sont imposants et lourds, remplis d'armes et de munitions en tout genre. Il faudra que je questionne Jason à ce sujet...

Glenn piétine près de son camion. Lorsque j'arrive à sa rencontre, je lui confie les sacs puis lui annonce :
- Nous avons retrouvé la trace de David, Emily et Sarah dans la maison.

- C'est génial !

Ses traits passent de la surprise à la joie puis à l'inquiétude.

Je prends les devants avant qu'il ne me pose la question :
- Je viens avec vous, Glenn. On conduit ces gens à la prison. Mais dès que je le peux, je repars les chercher.

Glenn presse doucement mon épaule, je sais que c'est sa façon à lui de me réconforter.

Je vais voir Jason, installé à l'intérieur de mon camion avec quelqu'uns des membres de son groupe. Près de lui, sa femme appuie fermement sur la plaie de Douglas. Le visage du vieil homme est bien trop pâle à mon goût.

Je m'approche doucement près de lui en lui murmurant :
- Tenez le coup, Douglas. On vous ramène en lieu sûr pour vous soigner. Vous pouvez faire ça pour moi ?

Pour toute réponse, le vieux me presse lentement la main en battant des cils. Je décide de prendre ça pour un oui.

Le convoi est prêt à partir. Daryl ouvre à nouveau la marche avec sa moto suivi des deux camions.

Tout en conduisant, je jette un dernier regard à cet endroit, l'espoir aux lèvres et la peine dans mon cœur.

Live Die Love - TOME 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant