Chapitre 16 :

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Se trouver dans un nouvel endroit aussi hâtivement rendait le comportement de la femme plutôt étrange, surtout après avoir passé d'une tour empestant la mort à une forêt lugubre, sentant le bois cramé. Cependant elle ne pouvait s'en plaindre car après tout l'endroit actuel ressemblait à une immense bâtisse luxueuse en plein milieu d'un désert brûlant. L'endroit était moderne et, ô combien, grand. Elle ne prît pas plus de quelques secondes pour se perdre dans ses pensées et marcha jusqu'à une pièce qui n'était autre qu'un grand jardin d'hiver. Elle doutait très sincèrement qu'il s'agissait de l'oeuvre de fourmis-chimères. L'endroit était si minutieusement travaillé.

« Où vas-tu comme ça ? » l'interrogea la seule créature en qui pouvait-elle avoir confiance.

Celle-ci et Misaki ne se connaissaient que depuis quelques semaines à peine, et encore, puis... étant donné que le Roi était actuellement absent, pour une raison dont elle ignorait et dont, mystérieusement elle craignait, elle s'était occupée seule, et c'est ainsi qu'elle avait fait sa connaissance. Une rencontre plutôt nostalgique d'ailleurs. Il était apparu parmi les premiers kimera-ants et malgré cela, il possédait une âme bien plus humaine que ses camarades.

« Je t'ai déjà demandé de m'appeler par mon prénom... hum... Méléolon ? »

Son bras se leva vers le ciel pour s'abaissa de nouveau pour lever le pouce, lui confirmant sa bonne réponse d'un sourire amical et détendu. Ce Méléolon possédait les caractéristiques d'un caméléon mais non seulement par son physique mais également par ses particularités comme le fait de devenir invisible en retenant sa respiration. Il était décidément très doué.

« Donc... dis-moi, Misaki... que fais-tu ? »

Il s'installa à ses côtés, joueur.

« Toujours la même chose. » répondît-elle.

« Tu n'es pas lassée ? »

La jeune fille désapprouva et lorsqu'ils atterrirent dans le jardin d'hiver, elle se dépêcha de prendre un arrosoir et de donner à boire aux plantes. Jardiner lui faisait penser à son passé qui, au fil du temps, ne lui manquait plus vraiment. Bien que cette monstruosité que possédaient les fourmis-chimères était dé-mesurable, elle pouvait s'apercevoir qu'il y avait tout de même quelques exceptions comme cet homme-caméléon puis... le Roi... enfin, Meruem. Un sourire discret orna ses lèvres. Lorsqu'il lui avait avoué son nom, elle avait été chamboulée par tant d'émotions comme la joie, la joie d'être considérée pour ce qu'elle est, et non un bétail sur pattes. Il lui avait fait la promesse qu'il reviendrait bientôt mais de nombreux jours étaient déjà passés. Seulement, elle ne bronchait pas, après tout elle était prisonnière alors qu'importe.

« Pourquoi aimes-tu tant la nature ? »

Il s'installa sur le bord d'un espace vert et lui fit mine d'en faire de même, la jeune fille répondît à sa quête silencieuse. Elle ne pensait pas renouer tout ce qui s'était passé à haute voix.

« Prend ton temps. » lui rassura son ami.

Elle l'observa alors, lui et sa mine confiante, puis sourît face à sa gentillesse, il n'était vraiment pas comme ces chimères sans coeur.

« Eh bien... avant je vivais dans une ferme au beau milieu d'un champ et la nature faisait partie de mon quotidien, mon... »

Elle serra les poings, dépassée.

« Mon oncle était le seul membre de ma famille... » termina-t-elle d'une voix déchirée.

« Le seul membre de ta famille ? »

« Je ne connais pas mes parents et je ne pense plus vraiment à eux, alors... »

« Navrant de vivre dans ces conditions. »

Il était vrai que ce n'était pas la meilleure des conditions mais chaque personne vivait avec ce qu'elle pouvait avoir et devait se contenter de ce qu'elle possédait, ce qu'avait d'ailleurs fait Misaki durant dix-sept longues années de sa vie.

« Tu es bien silencieuse... »

Misaki gloussa doucement, il ferait un parfait grand frère, bien que l'idée d'avoir un caméléon en tant que frère n'était attirante.

« Et toi... quels sont tes souvenirs ? » demanda-t-elle, curieuse d'en connaître plus.

« Eh bien... il y a peu j'étais commandant de troupe lorsque la reine était enceinte du... »

La jeune fille lui coupa la parole en levant soudainement la main, un sourire aux lèvres.

« Je veux dire... ton passé. Avant d'être... »

« Un monstre ? Tu peux le dire, tu sais ! »

Il se mit à rire. Elle attendît ensuite sa réponse, peut-être n'avait-t-il aucun souvenir ? Peut-être que son âme était déjà si loin à présent.

« Je me rappelle vaguement... » débuta-t-il.

« Alors tu as bien encore quelques souvenirs de ta vie humaine ? » dit-elle, très étonnée.

« Seulement certains... mais pour l'instant, je préfère ne pas en parler. » s'excusa son ami.

Elle le rassura en lui confiant que ce n'était pas obligatoire d'en parler, qu'ils avaient le temps de se découvrir, et puis, elle aussi n'avait dit qu'une infime partie de son ancienne vie, le plus cruel était enfoui douleureusement en elle.

« Méléolon ! » s'élança une voix au loin.

Les deux se retournèrent et aperçurent Koruto à bout de souffle. Le caméléon se releva et demanda aussitôt ce qu'il se passait.

« Une armée d'humains envahi les alentours, nous avons pour but de les éliminer ! »

« Pourquoi une armée se trouve ici ? »

Il hésita.

« Je suis navré mais adresse-toi à sa Majesté si tu veux en savoir plus, je ne suis pas là pour discuter mais pour accomplir mon rôle de soldat ! » expliqua-t-il, très déterminé.

La jeune femme se releva à son tour.

« Le Roi est encore absent. » prévint-elle.

« Non. Le Roi est rentré il y a peu. Méléolon, allons-y ! Il est temps ! » ordonna ce dernier.

Serait-ce l'amour ? Where stories live. Discover now