Justin

5 : Comprendre que le temps est compté

(14.11) bcp trop de trucs pour si peu de temps wsh

MISS U BEBS (-Clare)

...

Pour la première fois depuis des mois -depuis toujours ?-, Justin avait réussi à aller en cours et à travailler au McDo dans une même journée. Un exploit pur et simple.

Pourtant, s'il était plus motivé que jamais, Marion était son contraire. C'est comme s'ils avaient échangé leurs rôles : d'ordinaire plus pétillante que jamais, la jeune femme se contentait de regarder les clients manger sans bouger, le menton nonchalamment posé dans sa main depuis des heures. Ses grands yeux bleus étaient emplis d'une nostalgie infinie, qui lui donnaient un air encore plus séduisant. Marion était de ces beautés parisiennes à qui le sourire ne va pas, et qui sont tout simplement irrésistibles lorsqu'elles font la moue. Il suffisait à ses lèvres de ne pas s'incurver pour que n'importe quel garçon se mette à la suivre partout comme un toutou. Ainsi, Justin devait être le seul mec de cette planète à la préférer lorsqu'elle souriait et dévoilait ses légères dents du bonheur.

-Toujours en train de te la jouer 'clip déprimant' ? dit Justin en se postant à côté d'elle.

Elle lui décocha un regard noir sans répondre.

-Bon, qu'est-ce qui t'arrives ? Raconte tout à tonton Justin, dit-il en tirant une chaise pour s'asseoir.

Heureusement, il était dix-sept heures passées et les clients étaient de moins en moins nombreux, ce qui leur permettait de se poser sans se presser.

-Rappelle-moi de demander à Elo de ne jamais avoir d'enfants, dit Marion en arquant un sourcil. Tes neveux te prendraient pour un pédophile.

Justin grimaça, mais sa grimace se mua rapidement en sourire lorsqu'il aperçut un semblant de joie revenir sur le visage de son amie.

-Allez, qu'est-ce que t'as ? dit-il gentiment pour l'inciter à lui raconter.

-Il m'arrive que des merdes, c'est tout, dit alors Marion en essuyant son front.

-Des merdes genre t'as raté ton brushing ou genre t'es en cloque d'un inconnu ?

Marion lui adressa un regard sévère, énervée d'être interrompue. Justin lui fit alors un signe pour lui dire que c'est bon, il était prêt à l'écouter, et qu'il ne l'interromprait plus.

-C'est toujours comme ça, avec moi : je donne tout pour montrer à mes parents que je suis un peu moins ratée que ce qu'ils pensent, mais ils me rabaissent à chaque fois et je me retrouve toujours à faire n'importe quoi comme pour les conforter dans ce qu'ils disent, poursuivit alors Marion d'un air dépité.

-Tes parents sont des cons. Pardon pour eux, ajouta-il précipitamment, mais ils sont quand même cons. Fallait bien que tu tiennes ça de quelque part, après tout.

La brune soupira pour cacher son amusement, parce qu'il fallait bien se l'avouer : Justin était et resterait quelqu'un d'éminemment drôle.

-T'arrives quand même à réussir brillamment ton DUT, à travailler ici la moitié de la semaine, à gérer un appartement pourri inondé tous les deux jours sans l'aide de personne, à faire du baby-sitting tous les week-end pour garder l'espèce de mini requin de ta voisine qui te bouffe tes rouges à lèvres -quel morfale, il est vraiment bizarre quand même-, le tout en gérant les problèmes plus nuls les uns que les autres d'un assisté. Moi j'dis chapeau l'artiste, dit-il en l'applaudissant le temps de quelques secondes.

-D'un assisté ? répéta-elle, intriguée.

-Bah ouais, moi.

Marion se mit à sourire de façon sarcastique en secouant la tête, les paupières closes.