Flashbacks et scènes coupées - Saga Bellwether [BxB]

Le jour où Mallory a vu la mer du Nord pour la première fois

AVANT-PROPOS :

Ceci est une nouvelle scène qui sera incluse dans la version imprimée de mon roman HORS DE PRIX. Elle se passe juste avant les évènements de Noël, avant donc que James se soit avoué à lui-même ses sentiments pour notre rouquin.

Bonne lecture ^^

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     Sur la plage de cailloux et de sable mêlés de Saint Andrews, Mallory avait sorti son téléphone pour prendre des photos de la mer du Nord. Ce n'était pas la même que celle qui arrivait jusque dans la baie de de Cardiff. Celle-ci avait l'air mécontente aujourd'hui et sa fougue lui donnait un charme tout particulier. Il y avait beaucoup de vent et son blouson en piteux état ne le préservait que mal contre l'air froid qui s'engouffrait contre sa nuque et le faisait frissonner. Pourtant, il se sentait bien.
      Avec l'enfance qui avait été la sienne, Mallory n'avait jamais eu les moyens de voyager. Une fois, quand il devait avoir dans les sept ou huit ans, sa classe avait organisé un voyage jusqu'à Oxford en Angleterre et sa mère lui avait promis qu'elle avait payé ce qu'il fallait pour qu'il puisse y aller. Le jour du départ, le professeur avait du lui apprendre qu'il devait rester à Cardiff parce que sa participation n'avait pas été réglée. Il avait pleuré jusqu'à ce que son grand-frère Callum vienne le chercher devant le portail de l'école et encore un peu quand il l'avait ensuite entendu passer un savon à leur mère à peine consciente de sa faute.
Mallory s'assit par terre, les jambes étendues devant lui, et il laissa aujourd'hui encore quelques larmes rouler sur ses joues comme il rangeait ce souvenir de sa mémoire.

— Fortitudo e dolore, souffla-t-il dans le vent en fermant les yeux.

      La force par la douleur.

     Callum s'était fait tatouer cette phrase d'une clavicule à l'autre, en grosses lettres gothiques, quelques années avant de finir en prison.
      Le rouquin n'avait pas besoin d'un tatouage pour s'en rappeler. Il n'avait jamais laissé un seul de ses déboires se perdre dans l'oubli. Chacun d'entre eux, si douloureux ou humiliants fussent-ils, lui avaient enseigné une leçon qu'il avait retenu.
      Il resta ainsi de longues minutes, les yeux perdus sur l'horizon, et quand il se releva pour rentrer, il découvrit James, les mains dans les poches, debout quelques mètres derrière lui. Le bruit des vagues avait couvert son arrivée. Mallory essuya ses joues d'un revers de manche et lui lança d'un ton léger :

— Vous m'espionnez, Lord Cavendish ?

      James dissimula un sourire dans son écharpe et détourna la tête pour répondre :

— Je commençais à croire que tu t'étais jeté dans la mer.

      Le rouquin consulta l'heure sur son téléphone et il constata qu'il était resté sur la plage bien plus longtemps qu'il ne l'avait cru. Il retourna vers le début du sentier de terre où l'attendait James, probablement pour ne pas mettre de sable sur ses belles chaussures.

— On va acheter un truc à manger ?
— Brett et Blake y sont allés pour tout le monde. Ils ne vont pas tarder à revenir.

      James détailla rapidement le visage pâle du Gallois et fronça les sourcils. Il sortit les mains de ses poches pour toucher ses doigts et s'exclama :

— Tu es gelé. Tu aurais du me laisser t'acheter un manteau digne de ce nom. Ton blouson est beaucoup trop fin pour l'hiver, je le savais.

      Tout en continuant de rouspéter, il ôta son écharpe et la passa d'autorité autour du cou de Mallory en la nouant bien fermement pour que l'air frais ne puisse plus accéder à sa nuque. Le rouquin le regarda faire, un demi sourire aux lèvres.