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Elle courait, elle courait à n'en plus pouvoir. Elle courait à s'en déchirer les muscles. Ses poumons et sa gorge la brûlaient, ses jambes la faisaient souffrir. Elle pleurait, de douleur ou de tristesse, elle ne savait plus. Elle courait, elle courait autant qu'elle le pouvait, elle courait pour sa vie.

Au milieu de la forêt, des arbres aux ombres monstrueuses, des cris d'animeaux effrayants, sous le regard de la lune en croissant, elle hurlait aussi. Appelant à l'aide quiquonque l'entendrait. Dans son dos, les cris de rage de ses asssaillants se multipliaient, leurs ombres se rapprochaient, et leur haine se ravivait. Elle n'avait rien fait, mais qui la croirait ? 

Sous les faibles rayons de lune, elle peinait à courir, à ne pas tomber, à ne pas se faire attraper. Sa robe couleur neige avait pris des teintes écarlates là où elle avait été blessée, là où son sang avait coulé. 

Soudain, elle trébucha, chuta inexorablement, ne pouvant se rattraper. Ses yeux de jade s'écarquillèrent, elle cria de surprise, mais rien ne fut suffisant. Dans son dos, elle entendis ses assailants hurler leur rage plus fort encore, alors qu'elle chutait, le regard encré dans le vide, vers le sol qui l'attendait et lui promettait un atterissage violent. 

Au moment même de l'impact, elle entendis ses os craqué, se brisé, la douleur la traverssa et fût foudroyante. Elle cracha un peu de sang, lui faisant encore plus mal. Ses yeux semblaient bien plus pales, plus perdus dans le vide. Les battements de son coeur résonnaient dans son crâne avec violence. Elle se sentait mourir, et elle avait peur. 

Son regard se figea, encré dans la blancheur de la lune. Cette même lune qu'elle avait tant de fois admirer, peint. Un sanglot lui échappa, vite suivi d'un autre, puis d'une dizaine. Elle sentait son corps mourir, emportant avec lui la vie qu'il abritait. 

La robe de couleur neige n'était plus qu'un chiffon écarlate. Elle, elle revit une dernière fois sa vie, défilant devant ses yeux. Elle revit les yeux tendres de sa mère, elle sentit la barbe piquante de son père, elle entendit leurs voix douces et rassurantes. Elle sanglota encore plus lorsqu'elle vit les yeux cyans et remplis d'admiration de sa tendre petite sœur. 

Elle se revit lui promettre des cadeaux de la ville, à son retour, en lui caressant la joue. Elle se revit embrasser le front brulant de sa mère, malade. Elle se revit saluer de loin son père dans le champ. Elle revit. 

Elle pleurait, priant que sa famille ne la pleure pas. Priant qu'ils puisse survivre sans les achats qu'elle rapportait. Elle pleurait, elle se haïssait d'avoir était incapable de fuir l'adversaire. Elle pleurait, ne voulant que leur dire une dernière fois qu'elle les aimait, leur dire au revoir... 

Elle sentis son âme battre plus fort, elle la sentit vouloir vivre, se battre à n'en plus pouvoir. Epuisée, l'adolescente ferma les yeux, attendant la mort, effrayée. Son âme battait encore, alors que son cœur s'arrêtait lentement. 

Ses mains s'engourdirent, comme ses pieds. Les yeux fermés elle ne pouvait voir ce qu'il se passait; elle ne pouvait voir son corps devenir poussière d'or. Ce ne fût pas long, en quelques minutes, le corps de l'adolescente devint poudre dorée, et dans la forêt silencieuse, le bruit de son âme se brisant résonna. La poussière d'or, qui finissait de s'envoler lentement, fut suivit par quelques papillons de cristal, reste d'une âme pure. 

*

*

*

De l'or. De l'or s'élevait dans le ciel d'été. Une poudre d'or lumineuse. Elle volait au rythme du vent, se laissant emporter. Dans les village qu'elle traversa, les plus anciens pleuraient, les plus jeunes la suivaient en riant. 

Et sur le pas d'une maisonnette, où brûlait faiblement un feu de bois, une fillette pleura, la poudre d'or suivant le vent et lui caressant la joue, un esquisse de douceur, comme essuyant ses larmes. Ses parents ne lui ayant que trop de fois conté ces légendes... Elle en était sur, en remontant à la source de cette poudre d'or rassurante, elle y trouverait des vêtements, ayant appartenues à une personne au cœur pur... Et c'était le cas... 

Alors elle aussi, elle pleura, et l'absence de sa sœur les jours suivants lui confirma ses craintes... 

Sa sœur ne reviendrait pas, ni les jours suivants, ni jamais... 


A la lumière de la lune, à la lumière de mon âmeWhere stories live. Discover now