Chapitre 1 : La tentative de suicide

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Madeleine fixe l'horizon où quelques habitations scintillent. C'est douloureux de ne rien sentir. Depuis une année, elle se lève, mange, va à l'école, mange, va à l'école, mange, se lave, étudie, dort, se lève. Elle subit quelques moqueries, des disputes parentales. Tout ce qu'elle ressent, n'est plus que vide et fatigue constante. Elle veut se reposer, pour toujours. Et c'est suffisamment suffisant pour vouloir en finir. Elle s'approche du bord et ses pieds heurtent quelques cailloux qui roulent avant de précipiter dans le vide. Son regard et son esprit sont absent,  ils sont hypnotisés par le vide.

Tout à coup, elle sent une main se poser sur son épaule et un frisson de terreur lui glace l'échine Sans un bruit, elle s'en dégage et se retourne emplie de terreur. Elle se retrouve face à face avec un curieux personnage. Il fait sa taille, maigrichon, une peau de porcelaine, un visage coiffé d'une touffe de cheveux noirs en bataille et illuminé par de grands yeux brillants.

-Donne leur la main pour les mener vers d'autres lendemains.

Disant cela, il lui tend la main. Elle le regarde ébahit, la peur cédant sa place à la surprise. Ils se fixent et le silence règne.

- Je m'appelle Loïc Jacdelivet, pour vous servir.

Il maintient sa main tendue devant lui et elle, maintient son silence.

Il bouge alors brusquement et tourne autour d'elle

- Alors petite, fatiguée de la vie ? Juste une envie ? La paix infinie ? A la recherche d'un moyen de s'enfuir ? Tu pars à la rencontre de la Mort ? Je la connais bien, c'est un personnage qui peut être très désagréable selon son humeur. Mais je lui reconnaît une qualité, impossible de lui mentir.

Hypnotisée, elle est accrochée à ses grands yeux de chat.

-Dis moi, n'as-tu pas envie de vivre encore un peu avant d'aller lui acheter ton ticket pour le grand voyage ? Tu sais, son guichet est ouvert à toutes les heures, tous les jours, toute l'année et à mon avis elle est à l'abri de la faillite. Tu pourras t'y rendre une autre fois. Viens, écoute moi.

Tout en parlant il lui passe son bras maigrelet autour de ses épaules pour l'emmener marcher loin du précipice.

-Tu vois, c'est ton jour de chance. Et oui, il en faut pour croiser la route de Loïc Jacdelivet : Sans compter pour que je te porte de l'attention ! Vois-tu je suis un artiste et tu m'inspires. Je peux te peindre un splendide monde plus réel que le réel et comme tu le souhaites. Oui tu m'as bien entendu ! Tout ce que tu souhaites comme TU le souhaites. Une belle maison, des personnes étant comme tu veux, se comportant comme tu veux, de belles voitures, de beaux vêtements, de beaux accessoires, des superpouvoirs, des drogues et des licornes ! Alors ce n'est pas beau ?! Comment le vois-tu ce beau monde ? Sans maladies ? Sans contradictions ? Sans mourir ? Sans... rien ? Alors vas-y raconte-moi ?

Elle lâche un rire clair. Elle est bien dans ces bras. Elle se sent créative, libre, en sécurité. Alors elle lui parle, lui raconte son monde rêvé. Les personnes agissant sous sa volonté, tout fonctionnant comme si des gens travaillaient à l'apport d'électricité, de nourriture, de vêtements, de l'eau, travaillant dans des restaurant, aux bains, bref que tout fonctionne à son service. Un maîtrise de lois de la physique sans risque de mourir, sans se blesser,

-Pas de licorne ?

-Mmmm non pas de licorne. Je n'aime pas c'est ringard, monotone.

Il parait se vexer mais ne dit rien. Elle veut alors se rattraper et lui demande un dahu.

-Un dahu ?

Il semble encore plus mécontent. Puis il hausse les épaules.

- Tout ce que tu voudras Ma Délénie. Bien. Je dois te quitter. On se sert la main ?

Elle lui prend sa main et la sert.

-Au revoir, monsieur Jacdelivet.

-A bientôt ma Délénie.

Il lui baise sa main et disparaît dans l'ombre des bosquets. Elle reste plantée là quelques minutes, avant de sentir le froid pénétrer son corps. Elle frissonne et remarque qu'elle se trouve à côté de son vélo. Elle regarde la pente qui mène à la falaise, mais bizarrement, elle se sent trop fatiguée pour y aller. Elle a l'impression d'avoir rêvé une rencontre des plus étrange. Fatiguée, elle n'a qu'une envie. Rentrer au chaud se coucher et dormir. Elle pédale rapidement jusqu'à la maison. De plus en plus fatiguée, elle lutte pour garder les paupières ouvertes. Elle abandonne le deux-roues contre la maison, rentre silencieusement et se rend le plus discrètement possible dans sa chambre. Une fois la porte fermée, elle s'écrase sur ses draps et s'endort.

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⏰ Last updated: Nov 26, 2019 ⏰

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Les fenêtres de l'âmeWhere stories live. Discover now