2 | pour toi ce n'est qu'un tapis de poussière

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Note d'auteur.

Bonne année à tous ! J'espère que vous avez passé un bon reveillon, moi je vous lâche cette deuxième partie avec une gueule de bois et des chocolats dans la bouche =) J'espère que vous l'apprécierez, et merci à ceux qui ont voté pour la première partie ! Vous me faites super plaisir, et je suis ravie de voir que cet OS vous a laissé un bon souvenir héhé

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La graine que Keiji avait plantée des années plus tôt avait finalement donné un arbre, et c'était la première fois qu'il voyait d'aussi beaux fruits pendre à ses branches. Les feuilles vertes qu'il produisait tous les ans ne l'impressionnaient plus autant, mais il était toujours très satisfait de constater que cet arbre était vivant.

Se relevant sur la pointe des pieds, il tendit la main en direction du fruit qui lui semblait le plus mûr. Un sentiment de fierté le frappa tandis qu'il croquait à pleines dents dans la chair juteuse ; le goût était à la hauteur de ce qu'il attendait.

Coinçant son panier en osier dans le creux de son bras, Keiji le remplit de tout ce qu'il pouvait – les fruits qu'il ne pouvait pas atteindre se détachèrent d'eux même et volèrent jusqu'à lui, et il remercia son arbre avec un sourire –.

Une brise souleva sa chemise, et un murmure lui parvint de quelque part dans la forêt :

Intrus...

Son panier tomba au sol et Keiji se retourna. Au loin, le soleil commençait à disparaître derrière le feuillage des arbres, et il plissa les yeux en tendant l'oreille.

Intrus....

L'herbe sous ses pieds sembla lui montrer le chemin, susurrant au fil de ses pas, et Keiji se mit à courir. Une peur glaçante remonta de ses souvenirs, et il revit ces tenues étranges, ces airs sombres, et tout ce feu.

La voie qu'il prenait était celle de la rivière : il le savait car en plus de connaître la forêt comme sa poche – il avait utilisé toutes ces années de solitude pour explorer ce qui était à sa portée, et s'était plusieurs fois rendu à la frontière pour voir à quoi elle pouvait bien ressembler – il pouvait apercevoir l'immense arbre millénaire qui surplombait tout le reste : il se trouvait à l'exact centre de ce large domaine, planté sur la rive de la rivière.

Avec de grandes foulées, il parvint sur la berge en quelques minutes. Courir était bien plus simple quand l'air le poussait et que les obstacles s'écartaient sur son chemin, il se sentait léger et plein de colère. L'eau claire lui apparut au loin, et il ralentit quelque peu. La nature était là, à ses côtés, prête à l'aider et à le protéger en cas de problème, alors il sortit des fourrés les poings serrés et le regard hagard.

L'endroit était calme et semblait presque aussi paisible qu'à l'ordinaire, mais quelque chose attira son attention ; un écureuil monta sur son épaule, chuchota à son oreille, et Keiji tourna la tête en direction du corps étendu là.

Une sueur froide coula le long de sa tempe tandis qu'il reculait d'un pas.

Un soldat.

Il portait les mêmes vêtements que ces hommes des années plus tôt, et la moitié de ses jambes reposaient encore dans l'eau de la rivière. Sa tête était tournée de l'autre côté, et il ne bougeait plus : seul l'arrière de son dos se soulevait légèrement, signe d'une respiration lente et difficile.

Signe de vie.

Keiji s'avança silencieusement sur la pointe des pieds, un loup grognant à quelques mètres derrière lui. Il savait que ce dernier ne lui ferait aucun mal : par contre si le soldat de l'Empire se relevait brusquement et décidait de l'attaquer, Keiji ne donnait pas chair de sa peau.

L'air du vent || BokuAkaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant