Chapitre 4

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Le message avait été clair. Très clair même. Et je l'avais entendu.

En toute hâte, mais non sans réflexion, j'avais chargé mes affaires dans mon sac à dos et pris la direction des écuries. Cat' avait été difficile à raisonner. Et je ne parle même pas là de compréhension, je n'en attendais pas autant d'elle. De toute manière, mon gardien avait été on ne peut plus claire. Des amies, ici, je n'en avais plus.

Billale était au rendez-vous, derrière sa clôture, les naseaux au vent et l'allure fière. Je pense qu'il a compris depuis longtemps que quelque chose se tramais. Et quoi qu'il se prépare, il était hors de question de prendre la route sans mon destrier blanc. Les voitures sont depuis quelques heures complètement inutilisable, rendu muette par l'éruption solaire. Comme le reste.

Mon indéfectible amis à poils semble m'attendre, impatient de voir ce que je vais lui proposer de faire. A mon approche, il devient subitement hargneux et chasse tout autres chevaux qui voudrait m'approcher. Je suis à lui et ça, tout le monde doit le savoir.

Ça fait bientôt six ans que cet étalon de race Camargue m'accompagne. Petit cheval courageux et porteur. Passe partout et que rien n'arrête. Compagnons idéals pour l'aventure qui nous attend. Mon Billale.

- Au lieux de les chasser, tu devrais leurs dire aurevoir, ça m'étonnerait qu'on les revoie un jour tu sais.

Attentifs, ces oreilles basculent vers l'avant l'une après l'autre, comme s'il essayait de me dire qu'il m'avait compris. Qu'importe de tout manière, il irait, ça j'en était certaine. Il n'en fut pas plus poli avec ses compagnons pour autant.

Je mis deux bonnes heures à harnacher Billale et à ne rien oublier. Tout devait rentrer dans mes sacoches de randonnée équestre et dans mon sac à dos : duvet, parka chaude et tente comprise. J'avais opté pour un pantalon beige, un peut large et pleins de poches. Je m'étais couverte d'un gros pull en laine couleurs moutarde, à col roulé et m'était emmitouflée sous une longue veste étanche d'équitation qui m'arrivait aux chevilles. Attirail extrêmement pratique en cette fin d'hiver encore très froide. J'avais attachée ma longue crinière qui ne savaient pas se décider entre les reflets blonds et châtains. Et je m'étais calfeutrée sous un imposant chapeau de cow-boy assortie à une écharpe noir qui me remonte jusqu'au nez. Dans ce monde, mieux vaut ne pas s'afficher femme, car les relents des hommes étaient devenus beaucoup trop débridé.

Ainsi prête, je me mise à cheval, non un certain gout de nostalgie face à la vie à Toulouse que je laissais derrière moi. Les choses changent, parfois de manière inattendue et violente.

Le cœur en joie de Billale, bien trop ravis de comprendre que nous partions pour de longue aventure, était presque contagieux. Chaud et actifs, il m'entraîna sur le début de notre route sans que je puisse caresser l'espoirs de me retourner et faire mes adieux.

- Allez Billale, soit sage, j'ai besoin de ton énergie pour un bon petit moment. Ça va être dur tu sais. On a plus de 200 kilomètres à parcourir avant d'atteindre la cote Océanique. J'espère que le Pays Basque est accueillant. Ha et... j'espère que tu n'as pas le mal de mer.

Je me mis à rire. Plus nerveusement que réellement amusée. Ce projet était fou et si je doutais de moi-même ne serait-ce qu'une seule seconde, je remettrais alors immédiatement en doutes mes médiations et tout ce qu'elles pouvaient m'apporter. Et si je fais ça, je finirais sans aucun doute comme tous ces gens perdus, incapable de gérer leurs émotions. Je dois donc me faire confiance et croire en mes rêves éveillé et donc... en mon gardien et en moi-même.

Une longe route nous attendait tout deux et ce qui est de certains, c'est que Billale, lui, au moins, semblait avoir le cœur de les affronter. 

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⏰ Last updated: Dec 31, 2019 ⏰

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SatinkaWhere stories live. Discover now