Chapitre 1 - Nostalgie

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Depuis que je suis née, ma mère me prépare à cet évènement. Les livres, les cours particuliers : tout a été fait pour que je devienne, le jour venue, une épouse parfaite. L'idée d'appartenir à quelqu'un pour le reste de ma vie ne m'avait jamais vraiment dérangé, je n'y pensais tout simplement pas. De toute façon, me marier est sans doute la meilleure option : j'aurais une grande maison, une famille, je serais à l'abri du besoin...Je ne peux espérer mieux  pour le reste de ma vie de toute façon ; Je suis une femme, comme me l'a repèté souvent ma mère.

- Jane, ma chérie, il est l'heure. dit elle derrière la porte. 

Toujours assise en fasse de ma coiffeuse, je tourne la tête vers ma mère. Ses cheveux bruns toujours attachés en un chignon élégant, et ses lèvres en cœurs qui m'avaient toujours rassuré lorsque j'étais enfant semble aujourd'hui me narguer. Et semble me dire 

« un jour, tu seras comme elle »

-       J'arrive, lui dis-je doucement.

Lorsque mon regard se pose de nouveau sur le miroir, mes yeux sont à présent remplie de larmes. Je regarde autour de moi, essayant de photographier les moindres parcelles de ce qui fut ma chambre pendant des années. Je sais que la prochaine fois que je reviendrais ici, si je reviens, je ne serais pas la même, en tout cas pas tout à fait.  Je sais que la prochaine fois que je passerais le pas de la porte, on m'appellerait Madame.

Admirer cet endroit, fait ressurgir de vieux souvenirs. Le genre de souvenir qui vous viennent seulement lorsque vous savez que vous êtes en train de passer un cap. Ils essaient de vous retenir, comme pour vous rappeler à quel point vous étiez heureuse, ils vous remettent en question et vous tourmentent. Et lorsqu'ils sont là, il n'y a qu'une phrase qui tourne en boucle en vous  : « Es-tu sur ? »

Je me suis préparé à ça ; à quitter cet endroit. C'est ainsi que les choses se passent et quel doivent se passer. Et rien ne m'en empêchera : pas même eux. La main fermement accroché à la poignée dorée de ma porte, je l'ouvre et d'un pas sûr je sors de ma chambre et de mon enfance.

Lorsque j'apparais dans le Haul, toute ma famille m'y attend déjà. Je descend les escaliers à petit pas comme Maman me l'a appris, je lève fièrement la tète comme papa me l'a répété et je souris légèrement afin de faire bonne figure. Mes parents me toisent, comblé.   Bertram, mon petit frère, en me voyant arriver, me saute au cou. Mon père et ma mère quand-t-à eux me sourient, et tentent de me rassurer.

-       Nous sommes en retard pour la cérémonie, dépêchons-nous. Dit alors ma mère en attachant d'un geste rapide et expert de la main une fleur blanche dans mes cheveux.

-       Ce n'est pas vous qui me disiez que tout bons invités se devaient d'arriver en retard ? lui dis-je en plaisantant.

Pour toute réponse elle me se contente de me regarder d'un air désinvolte, et quelques peu outré.

-       Avançons, se contente-t-elle de dire en faisant passer toute la troupe dans la cour, où la diligence nous attend.

-       Combien de temps nous reste-t-il mère ? s'exclame Bertram une fois installé.

-       Le temps qu'il faut, lui répondit-elle. Au fait, Niggel as-tu pensé aux fleurs pour la famille de Charles ?

-       Oui, elles sont derrière.

-       Bien.

Une fois complètement rassuré et prête à partir ma mère s'assoie à son tour et commence à me regarder longuement, comme pour essayer de sonder mon âme. 

Jane WrittWhere stories live. Discover now