5 chapitres. ✔
1976 - cinquième année des Maraudeurs
(dans le même style qu'《Orange Cannelle》)
Lorsqu'on apprend que quelque chose de dangereux s'échappe, que le gouvernement le recherche, mais que chez les Black, on touche le pouvoir du bout des do...
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Au moins une fois par semaine, ils accueillent quelqu'un. Ils ne font pas dans la charité, ses parents. Non. Ils font dans la politique. Ils font dans leurs intérêts. Ils font dans la puissance. Ils font dans les couronnes d'émeraudes. Gorgées de pétrole. Elles dégoulinent sur leurs paupières. Ça n'a pas d'importance. Pour eux, le prestige mérite la noyade.
Sirius descend les marches. Elles craquent. Elles chantent. Elles pleurent. Les têtes des elfes, sans corps, sont empaillées. Sous des coupes en verre, sans un gramme de poussière. Ça le répugne. Alors, il essaye d'oublier. D'imaginer la mélodie assombrie d'un violoncelle. Il essaye de se rappeler, qui vient dîner.
Ses pensées remontent. Les rouages reculent. Le brouillard terne son regard. Il descend encore. Il entre dans son esprit. Il ferme la porte. Il entend sa respiration. Comme si son oreille touche un poumon. Regulus est devant lui. Il a de l'avance. En contretemps. Il ne le voit plus. La réflexion le voile. Ses réflexes prennent la relève. Sa baguette frotte sa poche. Il se rappel.
Dans ses pensées, un couloir de bravoure. L'autre est un corridor de taxidermiste. Les yeux de verres l'observent. Il est mal à l'aise. Il n'aime pas cet aspect poisseux chez lui. Profondément enfoui. Comme un cadavre qu'on veut dissimuler dans le jardin. Planter des roses sur une pierre tombale anonyme. Donner à la peur, un joli ruban dans les cheveux.
Il ne regarde le fond du couloir, qu'un instant. Bref. Affolé. Le temps de frissonner et de laisser apparaître des étoiles sur sa peau. Il se souvient alors, de qui vient dîner ce soir.
Une fugitive. Une ennemie du Ministère de la Magie. Une expérience dangereuse qui s'est échappée. Elle profite de l'angoisse du gouvernement de la Magie, pour fuir. Elle est spéciale. Il ne sait plus pourquoi. Cela à avoir avec son ascendance. Elle est recherchée. Les Black ne sont alliés qu'au ministère dans les apparences. Vêtements trompeurs, âmes damnées, souffle froid.
Sirius ne sait pas les détails. Mais juste avec ce qu'il arrive à se remémorer, il ne peut s'empêcher de penser. Elle est comme lui, cette inconnue. Une famille qui l'entrave. Lianes de ténèbres qui lui aggrippent les chevilles. Lui aussi doit fuir. Un jour. Bientôt. Quand ?
Peut-être peut-il demander à cette invitée comment elle a fait ? Pourquoi ? Pour trouver la force de partir. La force de tout recommencer. La force de se laisser brûler sur le mur. La force de ne plus avoir de famille. La force de ne compter que sur ses amis. La force de lâcher prise, dans le plus profond des puits. Braver la détresse, la chute intérieure, le sanglot coincé au fond de sa gorge, comme un papillon. Puis ressortir. Ressortir de l'autre côté et assumer. Profiter.
Sirius tape sa semelle sur le parquet du vestibule. Ses parents sont là. Orion Black, cheveux d'argent, velours, peau de serpent. Il attend, baguette en main. Derrière lui, Walburga Black, saillante dans un chignon, étriquée, minceur et dentelle noire.
Elle lance un regard glacé à Sirius. Elle n'aime pas la couleur du noeud papillon. Regulus se met derrière lui. Elle n'aime pas du tout cette couleur. Elle veut lui enfoncer dans l'oesophage. Comme les principes qu'il se refuse à tolèrer pas. Mais elle n'en a pas le temps. Il est soulagé.
Le carillon sonne. Orion, père, lance platement.
- Tous en rang. Honneur et tradition. Parfait, ouvrons à nos invités.
Il lève sa baguette. Loin devant, la porte s'écartelle. Elle ne grince pas. Elle est délicate, comme une araignée. Huit pattes qui se déplacent sur un fil. Bave de rosée. Sa mère se retourne et murmure. Un murmure qui contre ses lèvres plissées, sonne comme une menace.
- Vous devez être parfait, surtout toi, Sirius. Je ne tolérerai aucune vague.
Un silence. Il serre la mâchoire. Il baisse la voile de son bateau. Un voilier en bois. Un jouet. Tout le monde se penche. Révérence. Pétrie par une politesse sans valeur morale.
- Vous êtes la bienvenue dans la demeure des Black, accueille la maîtresse de maison.
L'adolescent lève un oeil. Deux silhouettes viennent d'entrer. Sous un rideau de pluie.
