Édition limitée

326 50 88
                                    

Bakugo était énervé. Rien d'inhabituel à ce niveau-là. Il avait froid aussi. Horriblement froid, qui avait eu cette idée stupide de venir ici aussi tôt ?! Lui, malheureusement. Mais lorsqu'il se retrouvait dans ce genre de situation, il oubliait souvent qu'il était le seul et unique à blâmer. Parce qu'il avait froid, et qu'il aurait mieux fait de rester chez lui, au chaud, sous ses draps. Non, au lieu de cela, il était là, debout et statique depuis si longtemps qu'il commençait à avoir des fourmis dans les jambes, frigorifié malgré son épais manteau et son écharpe, impatient et énervé parce que qu'est-ce qu'il foutait là déjà ?!

Il savait exactement pourquoi il était là, à faire la queue comme un idiot devant un magasin encore fermé pour une bonne heure, mais il ne parvenait plus à trouver la logique de son raisonnement. Certes, arriver tôt lui avait permis de se placer à l'amont de la file qui s'étalait presque jusqu'au tournant de la rue. D'accord, il s'agissait d'une édition limitée, la dernière, une de celle que tout le monde voulait absolument se procurer dès sa sortie. Et peut-être que Bakugo était un plus grand fan qu'il ne voulait bien l'admettre. Mais merde, ce qu'il n'aurait pas donné pour un chocolat chaud, une paire de gants et un bonnet en plus. Qui avait eu l'idée de sortir cette édition en plein hiver ?! Bakugo le retrouverait et le ferait payer.

Il ne sentait plus ses doigts et arrivait à peine à taper ses messages. Kirishima se moquait bien de lui, depuis son lit dans sa chambre chauffée. Ce bouffon n'arrêtait pas de lui envoyer des photos de son radiateur et de sa couette épaisse à l'effigie de Crimson Riot. Bakugo aurait bien voulu se moquer en retour en disant que Kirishima était un tel fanboy idiot qu'il dormait dans des couvertures avec la tête de son héros préféré dessus, mais il ne pouvait rien dire, parce qu'il était , à faire la queue comme un con, et que Bakugo était beaucoup de choses, mais pas un hypocrite.

-C'est quand qu'ils ouvrent, putain, grommela quelqu'un quelque part devant lui.

Bakugo n'aurait pas pu mieux dire. Mais le magasin spécialisé n'ouvrait pas ses portes avant encore une heure et plus le temps passait, plus Bakugo regrettait amèrement sa décision. Cette édition limitée avait intérêt à valoir le coup.

La musique qui jouait dans ses écouteurs se stoppa pour être remplacée par la tonalité d'un appel et Bakugo décrocha avec un grognement d'agacement lorsqu'il lut « l'idiot aux cheveux de merde » sur l'écran.

-Tu veux quoi ? demanda-t-il sans attendre, le ton de sa voix aussi orageux que d'ordinaire.

-Wow, mon gars, comment tu vas choper la crève, rit Kirishima en entendant la façon dont la voix de Bakugo raclait désagréablement, ce que Bakugo avait pourtant essayé de cacher.

-Et toi tu vas crever si t'arrêtes pas de te foutre de moi, répliqua Bakugo en enfonçant son téléphone dans sa poche.

-Vu que t'as dit que t'arrivais plus à taper, je me suis dit que j'allais t'appeler, tu peux mettre tes mains dans tes poches maintenant, expliqua fièrement Kirishima plutôt que de prendre en compte sa menace. Je suis le meilleur des amis viriles que t'ai jamais eu, avoue.

-Tellement virile qu'il reste cacher sous sa couette au lieu de venir souffrir dans le froid, comme un homme.

-Oh, c'est une invitation ? répondit la voix enjouée de Kirishima.

-C'était une insulte, ducon.

-Demander si gentiment, je peux pas refuser. Bouge pas j'arrive !

Et juste comme cela, il raccrocha.

-Quel bouffon, grommela Bakugo en relançant sa musique.

Comme s'il allait bouger alors qu'il ne restait plus qu'une heure à attendre.

Édition limitéeWhere stories live. Discover now