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« Jamais. »

Mais pourquoi j'avais dit ça ?

Encore allongé dans mon futon, je me frappai le front de la main. À l'extérieur, le jour se levait, passant à travers toutes les fenêtres de la pièce principale mais ça m'importait peu, mon esprit tout entier n'était focalisé que sur une seule chose.

« Jamais. »

Mais quel abruti !

Je fermai les yeux en me tournant sur le ventre, la tête s'enfonçant dans l'oreiller avant de pousser un juron étouffé.

Probablement une insulte que Jimin utilisait d'ailleurs, qui devait sûrement venir de Yoongi hyung lui-même.

Voilà que j'utilisais maintenant les expressions de ce hyung.

C'était vraiment la fin des haricots.

La catastrophe planétaire.

Le déluge total.

La fin d'une ère.

Le...

Ok, je m'emballais.

Reprenons.

J'avais fait une promesse à un Jungkook en larmes, ma plus grosse faiblesse à jamais.

Zut, j'avais encore dit « jamais ».

Quelqu'un devait faire passer une loi pour que ce mot soit banni des dictionnaires et des vocabulaires du monde entier et ce dans toutes les langues.

Je m'emballais à nouveau, mais comment j'allais faire maintenant ?

J'avais juré que jamais plus je ne le laisserais mais il fallait quand même que je rentre un jour ou l'autre aux États-Unis, que je retourne travailler.

À moins que je l'emmène avec moi ?

J'appellerai ça « Évasion II, le retour. »

Notez ce titre à couper le souffle.

Un craquement me fit sursauter et je me redressai, faisant semblant d'être naturellement en train de me lever alors que ça faisait des heures que mon esprit imaginait déjà mille et un scénarios.

C'était insensé.

Le fourbe, il m'avait eu dans un moment de faiblesse et voilà maintenant que je m'arrachais les cheveux pour un simple mot prononcé.

Jungkook sortit de sa chambre avec le fauteuil tout en baillant, me lançant une vague salutation nonchalante sans aucune trace d'un « hyung » dans sa phrase, ce qui me déçut plus que je ne voulais l'avouer. Il avait mauvaise mine et se dirigea immédiatement vers la machine à café.

Je fixai son dos, ses cheveux longs et abîmés qu'il fallait couper, la forme de ses épaules coincées dans ce fauteuil.

Je n'allais plus pouvoir garder mon sang-froid maintenant.

Je n'allais plus pouvoir maintenir une distance face à la situation.

Mes sentiments étaient là, ressuscités d'entre les morts et je me sentais mal, bien, fiévreux, et enthousiaste.

Vivant.

Et ce constat m'effrayait tout autant qu'il me donnait envie de sourire comme un idiot, mon cœur était là, à l'intérieur de moi, brûlant, me poussant à vouloir l'embrasser à pleine bouche et explorer son corps de mes lèvres.

Jusqu'à me rappeler qu'il avait une femme, une épouse, et même s'il parlait de divorce je n'en avais aucune preuve.

Tout ce que je savais, c'est que quelque part dans le temps, Jungkook m'avait oublié.

Le VoyeurWhere stories live. Discover now