La violence, bibliographie officielle

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D. Winnicott

« Je voudrais qu'il n'y ait pas d'âge entre 10 et 23 ans, ou alors que la jeunesse passe son temps à dormir ; entre les deux, fait-elle autre chose qu'engrosser les filles, manquer de respect aux vieillards, voler et se bagarrer ? »Shakespeare, Le Conte d'hiver, cité par D. W. Winnicott (1994).

Dans une lettre datée du 16 décembre 1939 adressée au British Medical Journal, et reproduite au début de Déprivation et délinquance (Winnicott, 1994), John Bowlby, Emmanuel Miller et Donald W. Winnicott, écrivent pour faire part de leur inquiétude des conséquences psychologiques de l'évacuation des jeunes enfants et de la séparation d'avec leurs parents. Ils évoquent les travaux de Bowlby qui seront ultérieurement publiés sous le titre Fourty-Four Juvenile Thieves (1944) dans lesquels il mq « le premier facteur étiologique de la délinquance chronique est la séparation prolongée d'un petit enfant et de sa mère ». Tous trois -> séparations répétées de l'enfant de moins de 5 ans d'avec sa mère « entraînent, outre cette grave anomalie qu'est la délinquance chronique, des troubles mineurs du comportement, des angoisses et une vague tendance à somatiser ». Ils vont même jusqu'à forcer le trait, craignant une « augmentation importante de la délinquance juvénile au cours des dix années à venir. Si Bowlby et Winnicott => mettent accent sur les « perturbations de l'environnement » et leurs conséquences sur le développement de l'enfant.

Le recueil Déprivation et délinquance rassemble, sous la direction de Clare Winnicott, divers articles et interventions de D. W. Winnicott traitant des conséquences de la déprivation, de ses idées sur « la nature et les origines de la tendance antisociale », et enfin de la thérapie de ces enfants.

Clare Winnicott rappelle en introduction que, selon lui, les comportements antisociaux peuvent être compris comme réaction à la perte d'un être cher et à la perte du sentiment de sécurité ; qu'il insiste aussi sur le fait que ces comportements peuvent avoir une dimension positive à condition que l'entourage de l'enfant adopte une attitude personnalisée et appropriée. Cf travail « cinq foyers accueillant des enfants trop perturbés pour être placés dans des familles ordinaires ». Winnicott y travaille comme superviseur, quand Clare Winnicott assure une présence quotidienne. 

Winnicott et Clare Britton coécrivent un article en 1947, « Le placement des enfants difficiles peut-il être thérapeutique ? », dans lequel ils retracent le parcours des enfants évacués pendant la guerre et envoyés dans des familles ; « certains enfants étaient trop difficiles et certaines familles n'étaient pas aptes à les accueillir ». Ainsi, un certain nombre d'enfants firent preuve de comportements antisociaux. Lorsqu'ils ne s'adaptaient pas, les enfants retrouvaient leur famille ou rejoignaient une autre famille d'accueil, plusieurs changements de familles d'accueil annonçant souvent un acte antisocial. « Ces enfants présentaient divers symptômes : énurésie, encoprésie, bien sûr, mais aussi toutes sortes de comportements antisociaux ; ils commettaient des vols en bande, mettaient le feu à des meules de foin, faisaient dérailler les trains, pratiquaient l'école buissonnière, fuguaient et fréquentaient des soldats, sans oublier les expressions + manifestes de leur angoisse : les crises maniaques, les phases de dépression, les bouderies, les comportements étranges et fous et enfin les troubles de la personnalité, associés à un manque d'intérêt pour les vêtements et la propreté. » Selon Winnicott, certains de ces enfants, gravement perturbés par l'évacuation, ne pouvaient, pour des raisons liées à leur histoire personnelle, reconnaître la qualité de leur famille d'accueil, car ils provenaient d'une famille instable ou n'avaient jamais connu d'environnement satisfaisant. Ainsi, il considère que ces comportements sont le reflet dune histoire précoce faite de rupture et de pertes : « Issus pour la plupart de familles défaillantes, désunies ou sur le point de l'être juste avant l'évacuation, ces enfants n'avaient pas besoin d'un substitut familial ; ils avaient besoin d'une première expérience familiale satisfaisante. » Il pense aussi qu'ils ont besoin de faire l'expérience d'un environnement adapté aux besoins du nourrisson et du tout petit enfant, indispensable à l'édification de leur santé psychique : « Si personne n'est à l'écoute de ses besoins, le nourrisson ne peut établir une bonne relation avec la réalité externe. S'il n'a personne à aimer ou à haïr, il ne peut savoir qu'il aime la même personne et ne découvre donc ni la culpabilité ni le désir de réparer et de restaurer. »

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