Perfection

Egarement

A quelques mètres de la réserve, je suis stoppé par deux énormes loups, un noir et un argenté, Sam et Paul.

« Ce n'est pas ton territoire ici Cullen ! »

Merde ! Tout à mes pensées, je ne me suis pas rendu compte d'où je me trouvais. Quel abruti ! Violer un traité vieux de mille ans sur un coup de tête !

« Qu'est-ce que tu fous là ? »

Je me suis perdu, Paul. Perdu dans ma tête. Je lève les mains de chaque côté de mes épaules et commence à reculer doucement. Les deux loups me suivent du regard.

- Je cherchais quelqu'un, j'ai été trop loin. Je m'en vais. Je ne veux pas d'ennuis.

« Tu cherchais qui ? »

Un sourire crispé étire mes lèvres.

- Ce n'est rien d'important. Considérez que vous ne m'avez pas vu aujourd'hui, d'accord ?

« On reçoit pas d'ordre des sangsues, Cullen. »

« Paul. »

Le loup argenté baisse la tête tandis que son alpha s'avance vers moi. Je me fige, n'ose plus reculer.

« Tu cherchais qui, Cullen ? Ta sécurité dépend de ta réponse. »

- Je... je cherchais Jacob.

La réponse sort de ma bouche toute seule, balbutiement incontrôlé.

« C'est bien ce que je pensais. Suis-nous. »

Sam et Paul se retournent sans attendre ma réponse et filent souplement à travers les arbres. Je prends quelques secondes pour me ressaisir et m'élance à leur suite. Alors que nous arrivons à l'entrée de la réserve, j'entends Sam appeler Jacob en esprit. Mon corps se tend comme un arc et un poids tombe sur ma poitrine quand je l'entends répondre.

« Qu'est ce qui se passe ? »

« Reste là, Cullen. Ne bouge pas. »

« Quoi ? Il est ici ? »

La détresse qui se fait sentir dans sa voix est au moins égale à la mienne. Est-ce que c'est vraiment sa voix qui me crispe comme ça ? Est-ce que j'ai vraiment si... peur de me retrouver face à lui ?

Sam et Paul reprennent forme humaine derrière un buisson, en bordure de la forêt. Puis, après m'avoir adressé deux regards lourds de menaces, ils s'en vont, me laissant là, devant l'entrée de la réserve, à attendre.

Jacob Black apparaît à peine une minute plus tard, sous sa forme humaine. Évidemment, il est torse-nu. Cet homme ne possède-t-il donc pas de t-shirt ? Les muscles de sa poitrine et ses bras bougent souplement, en accord avec ses pas, alors qu'il s'avance vers moi. J'ai l'impression de le voir pour la première fois. Non, de le regarder pour la première fois, le regarder vraiment. La distance entre nous se réduit tandis que mes yeux accrochent une multitude de détails que je n'avais encore jamais remarqués : la longueur de ses cils, l'angle de sa mâchoire, les milliers d'épis de ses cheveux courts – on dirait qu'il se les coupe lui-même–, ses cernes, ... Quand il se retrouve enfin en face de moi, je ne peux m'empêcher de remarquer qu'il est, enfin..., beau. Très beau, même.

- Qu'est-ce que tu veux ?

« J'ai été voir Bella. Pourquoi il...tu, pourquoi tu es venu jusqu'ici ? »