mon coeur

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Tu ne t'y attend sûrement pas. D'ailleurs, tu dois revenir de chez elle, son odeur posée sur toi. Je savais qu'un jour ou l'autre il fallait que je le fasse. T'écrire une lettre, bien plus profonde que cette dernière dispute, où toute atrocité a pu sortir de notre bouche. Sans qu'on le pense forcément. Parce que c'est comme ça que doit se dérouler une dispute quand on aime, non ?

Pourtant, tu m'as certifié que durant toutes ces années, tu ne m'aimais pas. Tu jouais avec moi. Je t'ai longuement demandé pourquoi ? Ce à quoi tu ma répondu, que tu t'étais simplement servie de moi. J'étais une simple conquête parmis tant d'autres.

Au début, j'ai pensé que tu étais une horrible personne, qui ne méritait aucun amour. Je le pense toujours, ou du moins presque. Tout le monde mérite de l'amour. Je n'étais juste pas ton mérite à toi. Alors je tenais à te le dire. Je t'ai aimé, plus fort que n'importe quelle personne pourrai aimer quelqu'un.

Et si je veux me reconstruire correctement après tout ce que tu m'as fait endurer, je voudrais te dire une chose: j'espère que quelqu'un t'aimera autant que je t'ai aimé. Je l'espère sincèrement. Mais si ce n'est pas le cas, j'espère que tu ne reviendras jamais vers moi. Car je ne veux plus souffrir, je ne peux plus.

C'était une soirée d'été, quelques jours avant la rentrée. Tu étais sorti, encore. J'étais en train de lire un bouquin lorsque tu avais passé la porte. Tu étais heureux, je l'ai vu à ton sourire s'étendant sur ton visage. A vrai dire, je ne savais même pas si je l'étais aussi, trop occupée par ton bonheur à toi.

Je me rappelle t'avoir demandé où tu étais. La question fût sans réponse. Au fond de moi, je la connaissait de toute façon. Mais je préférais l'ignorer. C'était plus facile.

Plus facile jusqu'à que je trouve une photo d'elle sur ton portable, lorsque tu étais sous la douche. Je mettais enfin une image sur cette femme que je détestais sans la connaître. Et c'est à ce moment là que tout a changé. Est ce qu'elle le savait ? Est ce que tout comme moi, elle pensait être la seule ? Peut-être qu'elle pensait fonder une famille. Ou peut-être qu'elle s'en foutait royalement de toi, comme tu n'en avais rien à faire de moi.

J'ai décidé à ce moment précis que je voulais souffrir. Vite, mais pas trop longtemps. Je ne voulais pas porter la culpabilité d'être complice, de savoir, mais de ne rien faire. Sur le coup, j'ai pensé que c'était pour cette femme, pour qu'elle ne ressente pas ce qu'elle devait ressentir. Mais à présent, je sais que c'était parce que je ne voulais que personne ressente ce sentiment. Parce que je le ressentais moi. Et bon dieu, ça me consumais.

Tu m'avais reproché d'avoir fouillé dans ton portable. D'ailleurs, c'est la première chose que tu as dit quand j'ai piqué une crise. Valable, oui. Mais pas à ton sens. Peut être que tu as changé d'avis, peut être même que tu as mûri depuis. Et que tu regrettes. Mais ce qui m'importe c'est ce moment là. Ce moment qui aurait dû m'éteindre de douleur pour tout ce que tu m'as dit. Bizarrement, c'est durant cet instant que j'ai eu l'impression de renaître. Je n'étais pas morte à cause de la vérité, non. C'est toi qui faisait mourir chacune des petites brides de mon âme. La sortie de ce déni, m'a fait renaître.

Alors j'ai eu soif de cette nouvelle liberté. Je n'avais qu'une envie. Pas de te détruire. Mais de partir, de crier sur les toit de Paris, que c'était moi. Que je m'étais retrouvé. Et ça grâce à un poison toxique qui s'était échappé par la porte d'à côté. J'avais envie de courir partout, de danser sous une pluie battante.

A croire que la météo avait prévu une dispute orageuse et des pleurs. Un soleil noir pour un cœur sombre. Lorsque je suis sortie, la porte claquant derrière moi, il pleuvait. Et aussi bizarre que cela puisse être, j'ai laissé glissé l'eau sur mon corps, jusqu'à que mon tee shirt me colle à la peau et que mon jean soit plus foncé qu'il devait l'être. J'ai souris, comme une dingue. Heureuse que ce ne soit pas mes larmes qui coulent sur mes joues, mais un ruissèlement de liberté.

Je suis alors partie loin. A quelques pâtés de maison, mais suffisamment loin pour ne plus sentir ta chaleur pourtant si douce , tes mains rugueuses sur mon corps et ton regard d'un bleu intense. Assez loin pour ne plus sentir tes crises, ta présence si agréable et oppressante à la fois, ton absence, tes ordres, son parfum et l'impression de ne pas être la seule.

Durant ces longs mois , qui m'ont paru des années, je me suis posé mille questions. Est ce que ça en valait vraiment la peine ? Si j'avais pu, aurais-je choisi d'effacer cette année là ? Est ce que j'aurais voulu tout recommencer ? Aurais-je dû arrêter ce jeu nocif lorsqu'il en était encore temps ?

Seulement quelques fois, les questions sont compliquées mais les réponses sont simples. Non, je n'aurais pas choisi de tout effacer. J'aurais garder toute bribe de caresse, de dispute, le temps que c'était avec toi. Oui, j'aurais dû arrêter tout cela avant, mais ça n'aurait pas été possible. Parce que j'aurais regretté. Sûrement à cause de cette peur continuelle de perdre ou de louper quelque chose. Je n'aurais pas tenu bon, courant à ta porte dès que la douleur aurais été insupportable.

Alors pourquoi ce n'est pas comme ça maintenant ? Pourquoi je n'ai pas couru à ta porte, te pardonnant l'impardonnable, comme je l'aurais fait il y a un mois de cela ? C'est ce petit truc en plus qui s'est installée en moi, après ce sentiment exquis de liberté. C'est une émotion, autre que la douleur et le manque, qui a fait la différence. Une nouvelle facette de mon cœur. Je t'aime, je t'aimerais toujours, tu as été mon premier amour, mais aussi mon premier cœur brisé. Et ça, même avec tous les pardons du monde, ce n'est pas pardonnable.

A toi qui était mon cœur, et qui sera désormais mon cœur brisé.

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⏰ Last updated: Feb 25, 2020 ⏰

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