en 16 millimetres

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On voyait bien qu'il n'était qu'un figurant, avec sa tranche en biais et son œil surmaquillé, il avait l'air d'un clown, incapable de porter l'épée correctement, ses bottes surannées probablement trop grandes, un chapeau tricorne démesuré sur une toute petite tète, la fausse barbiche mal posée, il avait une démarche de nabot.

S'il m'était donné je lui aurais offert une canne. La caméra constamment braquée sur lui en faisait la vedette N°1, avec cet air qui minaude sans cesse et qui ne trompe personne, c'est le chouchou de Jack le metteur en scène, c'est visible.

Jaloux moi? Pensez-vous, je m'en voudrais. Je n'ai aucune envie de fréquenter le patron, quelle raison en aurais je, le luxe peut être, l'apparat, ou bien s'il était riche et savait s'amuser, tout cela bien loin de mes pensées intimes en tout cas.

Ce film qui n'en finissait pas de scènes à faire et a refaire, toute cette réalisation nulle et mal faite, mais qu'es-ce que je faisais dans cette équipe ?

L'opportunité m'avait été donnée suite a une annonce demandant des figurants, il m'a suffit de décrocher le téléphone.

Ce soir il était enfin l'heure. L'heure de quitter le plateau du tournage, alors passant devant moi, plongeant volontairement son regard bleu dans le mien, souhaitant montrer qu'il avait compris la pensée qui m'anime, marquant la pose d'un vrai sourire de pirate, il me toisa avec intensité.

Puis ils s'en allèrent vers le port. Les filles de la scène le suivirent, alors curieux, je les espionnait un bon moment, Jack aussi les suivaient, je compris mieux en constatant stupéfait notre pirate en chocolat monter sur un splendide 3 mats amarré par 6 cabestans et bordé par son personnel au garde a vous .

Ils attendaient leur capitaine.

Le sourire du pirateWhere stories live. Discover now