Déprime

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Erwann déprimait.

C'était un fait, depuis plusieurs jours. La fin de la guerre, pour être précis.

Tout avait été à reconstruire. Les non moldus craignaient a présent les "sangs-purs". Les rares familles tenues a l'écart du conflit étaient celles ayant parties a l'étranger. Celle d'Erwann avait préféré mettre ses service a disposition des autres, et ne pas déménager, histoire de rester proche de l'ainé de la fratrie. Son père, né moldu, n'avait pas été arrêté. Heureusement, d'ailleurs, ou il y aurait eu un massacre. Le père de famille n'était pas vraiment de bonne compagnie, une fois en colère.

Le mal était fait. Son benjamin, Alix, avait été traumatisé. Son cadet, Paul, avait vu certains de ses amis punis cruellement pour avoir placardé des affiches défendant les nés moldus, et n'y avait échappé que grâce a sa discrétion, et aux mensonges de leur petit frère.

Erwann avait perdu son petit copain. Il s'était battu dans une guerre débile. Il voyait sa famille souffrir et essayer de retourner a la normale, alors que lui en était incapable.

Il en avait marre. Ras le bol. Ras le cul. Il voulait juste dormir, pour ne jamais avoir à se réveiller.

Il marchait. Il mangeait. Il parlait (très peu). Il dormait encore moins qu'avant. Mais en le voyant ainsi, personne ne pouvait croire qu'il vivait. On aurait dit un fantôme.



Eden... avait étonnement bien géré son stress post traumatique. Vraiment. Il faisait un cauchemar par semaine, vivait, et réussissait presque a faire comme si tout allait bien.

Presque. Mais bon, rien n'est parfait.

Il avait subi la douleur de perdre un être proche. Il savait qu'être seul n'était pas une bonne solution, a fortiori pour une petite (pas loin du mètre quatre-vingt, quand même) bestiole câline comme Erwann. Donc, lorsqu'on lui avait apprit l'état de son ami, il avait accouru à ses cotés.

C'était Eden qui faisait manger Erwann, lui qui le faisait marcher dans le parc pour qu'il prenne l'air, encore lui qui trouvait les moyens de lui faire prononcer quelques mots. Il le distrayait, lui racontait ses journées, ou se contentait de s'appuyer contre le mur de sa chambre en lisant, près de son ami prostré dans son lit.

Par contre, il n'arrivait pas a le faire dormir. Seuls ses parents le pouvaient. Guila restait près de lui, permettant à son fils de se blottir contre elle en permanence. Son père s'incrustait parfois dans ces câlins, de même que ses frères.

Les nuits noires de suies, où le ciel semblait recouvert par des ailes de corbeaux, étaient les nuits à cauchemars. La famille se blottissait dans le lit parental, parlait, ou écoutait pour certains, et s'endormait ainsi, comme protégés des juments de obscurité par les bras protecteurs de leurs parents.



Ca avait été difficile. Eden fumait énormément, depuis la mort de Cédric, et avait du arrêter pour s'occuper d'Erwann. Son ami étant asthmatique, lui balancer son haleine pleine de tabac et sa fumée dans la gueule n'aurait pas arrangé les choses.

La propension a l'auto flagellation de ce dernier le faisait se sentir coupable d'être un fardeau, et il s'excusait en permanence.

Les progrès furent lents, chiants et éreintants.

Mais ce fut un réel plaisir de voir Erwann sourire, à nouveau, réellement, pour la première fois depuis trois mois. Il lui fallu plusieurs années avant de se remettre vraiment.

Mais il le fit.


-Tu crains la mort ?

-Nan, oui...

-Pas clair, poto, pas clair.

-Hum... Je ne crains pas ma mort, parce que ce n'est qu'une étape. Même si je préférerais mourir après avoir été utile au monde. Mais je la crains, aussi pour les autres. Quand une personne est morte, on ne peut plus la voir, plus l'embrasser, plus sentir son odeur. Il ne reste que des souvenir de quelque chose qui n'existe plus.



... J'ai pas d'idées de commentaires, donc....

J'espère que ce chapitre vous aura plu !

Nighty


09/02/2020



Poudlard, Poudlard ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant