Chapitre 10

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Je fis tourner le volant lentement, me garant sur ce parking.
Ce même parking que j'ai fui en courant il y a dix ans.

J'ai imploré de l'aide auprès de mon père.

Ce qu'il a répondu?
Qu'il voulait bien me transporter à l'aéroport, mais qu'au moment où je monterais dans l'avion, je ne serais plus son fils.

Un connard jusqu'au bout.

Je caresse le côté droit de ma mâchoire, en repenssant à ce combat.

J'avais seize en, maintenant j'en ai vingt-six.
En dix ans, la cicatrice n'est toujours pas partie, et l'impression du sol froid contre ma joue ne s'efface pas de ma mémoire.

J'étais bien seul à ce moment-là.
Nash était parti en courant dès le début.
Il avait appelé l'infirmière.
On m'avait mis un pansement, pour faire “comme si” et renvoyé en cours.

Et les terminales étaient revenus.
Ils étaient encore en colére d'apprendre que moi, le gars le plus homophobe sur terre, soit en fait bisexuel.

Alors ils avaient voulu me frapper.
J'ai rassemblé toutes mes économies, emprunté de l'argent à tous mes amis, enfin, ceux qui me restaient, et j'ai pris le premier avion pour la France.

Mon père ne m'a pas aidé plus que de me permettre de fuir le lycée sans me faire tabasser une seconde fois.

Aujourd'hui le “chef” doit en être à son sixième passage du Bac, le gringalet est sûrement au chomage, et le gros balour qui me frappait doit ressembler à un sumo.

Enfin...
Après cette rosse, je n'ai plus jamais parlé à Nash.
Il a toujours rejeté mes appels, amors j'ai fini par abandonner.
Je n'ai pas pu tenir la conversation très sérieuse que je voulais avoir avec lui.

Alors, je lui ai donné rendez-vous sur ce parking, devant notre ancien lycée, en éspérant qu'il vienne.
Soit il ne vient pas, et je poiraute toute la mâtinée, soit il vient, et je pourrais peut-être me faire pardonner.

Le pardon...

C'est une chose que ma mère m'a apprise, quand je suis revenu en France.
Alors, j'ai réussi à pardonner à mon père, même si lui ne l'a probablement pas fait.

Quand je suis arrivé en France, c'est une femme blonde qui m'a acceuilli à l'aéroport.
Elle était plutôt grande, fine, les yeux noisette.

Elle m'a dit de la suivre, et m'a conduite à un hôpital.

Son ton était froid à chaque fois qu'elle me parlait.
Ce n'était pas ma mère. Alors, qui était-ce par rapport à moi?

Elle avait arrêté sa voiture, et j'avais été amené à une chambre d'hôpital, où était ma mère.

Je l'ai embrassé en pleurant de joie.
Je ne l'avais pas revue depuis mes quatre ans.
D'ailleurs, pourquoi?

Sous le regard noir de la dame qui m'avait conduite, maman m'a expliqué.

Elle avait fait sa vie avec cet homme, dans un premier temps, car elle voulait rester dans le cadre de la société, se marier avec un bel homme et avoir de beaux enfants.

Mais, petit à petit, elle s'était rendu compte qu'elle ne se sentait pas à sa place.
Elle l'avait avoué à mon père, qui l'avait chassée.
Car elle n'avait pas simplement dit qu'elle ne l'aimait plus, mais qu'elle était lesbienne, et que cette situation, de vivre au quotidien avec un homophobe l'étouffait.

En fait, mon père l'a tout simplement reniée, comme moi il m'a renié.
Quand il disait que maman avait coupé les ponts, et nous avait abandonnés, c'est lui qui avait interdit tout contact entre sa femme et son fils.

Aujourd'hui, ma mère s'est remise de son opération de la jambe, qui l'avait amenée à séjourner à l'hôpital, et je considére comme ma seconde mère la compagne de ma vraie mère.
Oui, j'ai enfin réussi à accepter ça, que les gens sont tous différents, et peu m'importe le jugement des autres tant que je suis heureux.

Mais je n'arriverais pas à trouver mon futur bonheur, si je ne peux me débarasser de mon passé.

Je reléve la tête de mon volant, où je m'étais appuyé, pour sortir de la voiture.

Je me poste à l'entrée du parking, et attends Nash.
Peut-être suis-je un cas désespéré, qui n'arrivera jamais à se faire à l'idée que son amitié est rompue tant qu'on ne lui aura pas dit, mais j'assume.

J'attends...

J'attends...

Et je me fis accoster.

Par une fille aux cheveux noirs d'ébéne, et à la peau blanche.

-Bonjour mademoiselle, que puis-je pour vous? demandais-je poliment, en anglais.

-Déjà, moi c'est Ethan, donc tu vas me donner du monsieur, et ensuite je suis venu pour Nash.

J'ouvris la bouche en grand.
Dix ans ont passés, et il ressemble toujours autant à une fille.

-Quoi? P-pour Nash? me repris-je.

-Oui. Nous sommes colocataires. C'est moi qui ai lu ta lettre. Nash est venu, je l'ai forcé, mais il ne sait pas pourquoi il est ici. Ne le brusque pas.

Et Ethan me pousse vers une voiture marine.
J'aperçois Nash à l'intérieur.

Je toque sur la vitre, un peu de doute s'instillant dans mes veines.

Il tourne la tête vers moi, et son visage rêveurse décompose, comme s'il voyait un revenant.

Il se précipite hors de la voiture, les yeux lui sortant de la tête.
Très vite il se reprend, et je vois son expression devenir haineuse.

Il marche à reculons, loin de moi.
Ça fait mal, mais je le mérite.

J'avance d'un pas, il recule de deux, et atteris sur la route.

-Nash, calme-toi, je veux juste discuter... tentais-je sans paraître trop désespéré.

Mais il recule encore.
Il me fait peur.

-Non! Arrête d'avancer! Éloigne-toi de moi, je ne veux plus jamais te revoir! Jamais! Tu vas encore tenter de me faire du mal!

-Stop! criais-je.

-Quoi-

Bam!

Nash roula à terre, crachant du sang.

………
958 mots.

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