Chapitre 1

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Cette ville n'avait rien d'extraordinaire.

Non, vraiment.

Elle était ni trop petite, ni trop grande, ni trop calme, ni trop agitée.

Tous ses habitants se connaissaient, ainsi que tous leurs défauts, secrets et autres traits de caractère que possèdent la plupart des habitants de toute ville.

C'était une ville bretonne avec tout les problèmes d'une ville de sa taille.

Des problèmes qui ne chatouillaient aucunement le reste du monde.

Vraiment Martollet-Des-Daims n'avait rien d'extraordinaire.

Ce fut pourtant le meilleur théâtre que LE drame ai pu trouver.

Qualifions ce drame d'un nom, pour commencer.

Dazelle Prescoot.

Miss Dazelle n'avait rien de dramatique, c'était une souriante jeune femme, adulte depuis enfin 5 ans, qui cherchait, non pas les problèmes, mais une maison peu chère et peu récente.

Dans cette région d'agriculteurs et de coquelicots, elle trouva bon nombre de logements, qu'une fille de la capitale pouvait trouver peu chers

C'est à Martollet, qu'elle admira son coup de cœur.

Elle déménagea peu de jours après de son ridicule appartement trop proche de l'arrondissement où vivaient ses parents.

Elle emménagea un 6 avril dans la longère inhabitée de la rue Paul Ténier, un ancien maire de la banale ville.

Dazelle n'avait ni petit copain, ni enfants, ni amis et son travail l'avait quitté après diverses tromperies.

Tout ce qu'elle avait en quittant Paris, c'était l'héritage de sa grand-mère, si important, qu'il survécut à l'achat de la grande longère.

Et son chat.

Le chat de la grand-mère, pas de Dazelle.

Qu'allait elle faire de ce matou au regard vif?

Oui, ce matou avait le regard vif.

Enfin si Dazelle, en vacances chez sa grand-mère un été, à peine rentrée d'une fête d'adolescent bien arrosée, n'avait pas rêvé.

Parce que pour apercevoir le regard de ce chat, il faut beaucoup de patience ou beaucoup de chance.

Le temps qu'il prend pour lever ses cimentées paupières est phénoménal!

Bref, le félin gris n'a pas grand chose à voir avec l'affaire.

Il était là, certes,mais ne peut parler en tant que témoin puisqu'il était endormi.

Et quand celui-là est endormi, même une météorite guerrière ne le réveillerait pas.

Bref, pour vous dire à quel point cette ville était d'une ennuyante banalité, j'ai consulté les rapports de police concernant la première nuit que passa Dazelle Prescoot à Martollet-Des-Daims.

Il n'y avait pas de rapports.

J'ai demandé à un ami, plutôt doué avec les ordinateurs et tous ces engins trop modernes, pour avoir l'historique internet, et les appels, passés et reçus, la nuit liant le 6 avril au 7 de cette tragique année.

Les policiers, au poste, ce soir là, ont mangé une pizza quatre fromages, une calzone et une hawaïenne.

Et ils ont regardé un film policier américain qui contribua à l'enveloppement de la salle par leurs rires gras et tomatés.

Cette ville n'avait rien d'extraordinaire.



L'affaire Dazelle et MartolletWhere stories live. Discover now