Petites histoires

histoire 1

C'est l'histoire d'une petite fille, son nom est inconnu. Elle parlait beaucoup dans son enfance, si souvent que ses parents voulaient lui coudre la bouche. Une fois, alors qu'elle était âgée de 8 ans, elle dit tout innocemment à ses parents : « Pourquoi j'ai pas le droit de dire ce que je pense ? ». Ce à quoi sa mère répondit : « Parce que. C'est comme ça. ».

La petite fille n'étant pas satisfaite par cette réponse alla chez sa grand-mère pour lui poser la question. Sa grand-mère répondit la même chose que sa mère. La petite fille était de plus en plus curieuse quant à la raison de ce mutisme populaire de la société dans laquelle elle vivait. Elle décida donc de demander à un policier. Il lui répondit qu'elle n'avait pas à se poser la question, tout le monde devait penser comme le chef. Mais la petite fille n'était pas d'accord avec cela. Dès lors, elle parlait de tout et de rien dès qu'elle en avait l'occasion. Donc souvent. Ses parents étaient rempli de honte de voir leur fille agir ainsi. Si bien qu'ils décidèrent de ne plus la sortir de leur maison.

Cependant, la petite fille avait du caractère. Elle parti par la fenêtre de sa chambre et couru très loin de chez elle avec pour bagages son courage et sa parole. Elle interrogea toutes les personnes qu'elle croisait. Celles-ci lui répondirent toujours la même chose « C'est comme ça. » Un jour, elle arriva devant un grand monsieur aux allures de prince pet-sec et lui posa la même question qu'elle posait depuis maintenant de longues journées. Ce à quoi cet homme répondit d'une voix autoritaire et sans le moindre scrupule : « Enfermez-là. Muselez-là. Qu'elle ne parle plus jamais sauf si je l'y autorise de vive voix. »

La petite fille fut donc emmenée dans une cage, avec un bâillon dans la bouche, ne pouvant plus parler de sa vie.

De longues années passèrent sans qu'elle ne puisse adresser un mot à quiconque. Aucune nouvelle des parents. On ne connaissait pas son nom. On la nommait « la fille muselée » ou encore « celle qui a trop parler ». On ne connaissait même pas le son de sa voix. Elle ne pouvait même plus grogner ou faire vibrer ses cordes vocales d'une quelconque manière que ce soit. Un jour, le chef l'autorisa à aller se promener accompagnée. Elle alla dans la forêt, sans pouvoir poser toutes les questions qu'elle voulait. Ce fût la pire torture de sa vie. Elle passa dans un épais brouillard. Le garde chargé de la surveiller la perdit. Il l'appela mais elle ne pouvait répondre. Elle suivait inlassablement le brouillard. Puis elle tomba dans un ravin, son bâillon se prit dans une branche d'arbre qui poussait par-là, il se déchira, elle poussa son premier cri depuis de nombreuses années. La dernière phrase qu'elle prononça fut : « Pourquoi je n'ai pas le droit de dire ce que je pense ? ». Puis elle termina sa chute et mourut, libre.