Isha (Sous Contrat d'édition "Bookmark")

4. Lycée & Premières rencontres

Deux semaines plus tard.

Je me sens enfin totalement chez moi. Plus aucun ressenti d'étrangeté désormais. Ma chambre est enfin devenue mon cocon privé et le chalet l'est d'autant plus. Grâce à la détermination de Kachina, j'ai retenté le coup en ce qui concerne le refuge où elle se rend souvent, mais uniquement en sa présence. J'ai même pu observer un ours mais d'assez loin je me dois de préciser. Je reconnais que l'expérience a été très instructive, et cette fois-ci, j'ai pris le temps de lire attentivement tous les petits panneaux présents sur les sentiers que nous empruntions même si Kachina me fournissait davantage d'explications et de détails.
Je n'ai plus entendu de hurlements de loups déchirant le silence des nuits. À croire que j'ai inventé de toute pièce, ce passage éclair d'une soirée. Aussi, je n'y prête même plus attention. Comme l'avait stipulé Kachina, leurs présences étaient assez rares. Je ne me suis pas encore rendue dans la réserve Kootenai. Par contre, durant ces quinze jours, j'ai parcouru plus d'une fois le centre-ville, j'ai adoré m'y balader. J'ai aussi passé énormément de temps avec Aquene qui m'a appris comment confectionner un capteur de mauvais rêve, et à tisser un tapis, ce qui s'est révélé un peu plus compliqué pour le dernier et où je me loupe encore assez souvent. Mais comme le dit si bien l'expression : c'est en forgeant que l'on devient forgeron.

Aujourd'hui, c'est la reprise du lycée. La fameuse rentrée que je voyais lointaine il y a deux semaines, mais qui pourtant est déjà là. Je me suis habillée simplement comme à l'habitude, d'un jean brut slim, d'un tee-shirt à manches longues blanc tout comme mes tennis de ville all-stars. J'ai toutefois fait suivre mon pull en laine noir, au cas où il ferait frisquet. Je sors de ma chambre et rejoins la cuisine où je trouve Kachina assise et buvant déjà son café.

- Prête pour le grand jour ?! S'exclame-t-elle avec enthousiasme.
- J'aimerais bien, maugrée-je en attrapant une tasse nous représentant toutes les trois avec Aquene, que nous avons fait faire au centre ville.
- Ne t'en fais pas, je suis sûre que tu vas t'en sortir haut la main, m'assure-t-elle.
- C'est gentil, mais oui, tu as raison, c'est un jour comme un autre après tout. Dans une semaine, j'aurai pris mes marques.
- Tout comme ici.
- Exact.
- À ta pause de déjeuner, nous pourrons nous rejoindre pour prendre notre repas ensemble, si tu veux, me propose-t-elle.
- Merci, mais je ne connais pas encore mon emploi du temps. Je prendrai un repas sur place au lycée. Ce sera plus simple.
- C'est comme tu veux, répond-elle en se levant.
- Laisse, je la laverai avec la mienne, j'ai encore quelques minutes devant moi, dis-je en lui prenant sa tasse.
- Merci, ma chérie, dit-elle en quittant la pièce avant de revenir sur ses pas. Tu sais, tu es vraiment facile à vivre, Tala. Je suis fière de t'avoir dans ma vie, ma petite fille chérie, déclare-t-elle en m'enlaçant.
- Je suis aussi fière de vous avoir arrière-grand-mère et toi dans la mienne. Et j'en dis autant de votre façon de vivre. Je me sens vraiment bien ici avec vous.
- Je sais, affirme-t-elle en sachant pertinemment qu'il s'agit d'une sincère déclaration. Allez, je file avant de fondre en larmes, dit-elle dans un large sourire avant de déguerpir.

Aquene me dit au revoir de la main, tandis que je m'éloigne à bord de ma voiture afin de filer direction le lycée. Je parcours les cinq miles en musique jusqu'au parking de l'établissement. Beaucoup d'élèves sont déjà présents lorsque j'arrive et me gare. Comme je m'y attendais, ils m'observent tous sans même s'en cacher. J'attrape mon sac en bandoulière que je positionne comme il faut en travers de ma poitrine et pose mon pull noir dessus coincé contre ma hanche et pendouillant de l'autre côté du sac.
Je me dirige vers l'entrée en ignorant l'effet de curiosité mal placée que je suscite chez chacun des élèves présents sur le parking ou que je croise sur mon chemin.
Je trouve facilement le bâtiment administratif. Je m'y engouffre afin de récupérer mon emploi du temps et un plan du lycée avec lequel je vais me balader pas mal de temps afin de ne pas me perdre, et savoir où se trouve chacun de mes cours. Allez, courage, Tala, m'intime-je, il ne s'agit que de l'affaire d'une petite semaine et tu seras intégrée. Je m'encourage comme je peux, tandis que je remercie la dame qui m'accueille en me donnant les documents que je suis venue chercher, après m'être présentée.