Arabella

Chapitre cinquième

Bella sortit de sa salle de classe et se mit immédiatement à inspecter les lieux, tournant la tête à droite puis à gauche. Il fallait qu'elle trouve Zac et sa bande.

Mike ne lui avait pas adressé la parole depuis qu'elle avait annulé le déjeuner qu'ils étaient supposés passer ensemble mais elle n'y avait pas vraiment porté attention. En fait, elle n'avait même pas remarqué qu'à chaque fois qu'elle posait son regard sur lui, il détournait le sien au plus vite puis fronçait les sourcils, un peu comme si il voulait qu'elle sache qu'il avait mal pris ce changement de dernière minute. Trop naïve et inexpérimentée en ce qui concernait les rapports humains, le fait que le blond puisse en vouloir à la jeune fille ne traversa même pas l'esprit de cette dernière.

La rouquine se redressa puis réajusta son bonnet sur son épaisse chevelure avant d'emprunter le couloir principal qui la mènerait au parking du lycée. Zachary devait déjà s'y trouver. Étant un an plus vieux qu'elle, le jeune homme ne s'était jamais retrouvé dans la classe de Bella, mais elle était sûre qu'il était le genre de mec à quitter le cours au moment même où la sonnerie retentissait. Pourtant, quand elle mit le nez dehors, l'adolescente ne le vit nul part. Ni lui, ni ses amis. En fait Bella ne savait même pas si c'était ses amis ou si ils se forçaient à trainer ensemble parce qu'ils partageaient les mêmes idées. Juste pour avoir l'air plus impressionnants, plus forts. Un peu comme une secte. Ouais, c'est ça, tout le monde voyait le groupe de Zac comme un genre de secte.

Enfin elle l'aperçut au bout de la rue, ses mains dans les poches, avec pour seule et unique compagnie Mary et un gars aux cheveux châtains particulièrement grand. D'après ses souvenirs, il s'appelait Jeremy et c'était le seul Première avec lequel Zac trainait. Jeremy partageait le même cours de maths que Bella un an auparavant. D'après les rumeurs, son père était mort dans un accident de voiture quand il avait quatre ans et sa mère était alcoolique depuis le décès de son mari. L'adolescente ne se souvenait même pas du son de sa voix, c'est pour dire à quel point il se montrait discret en cours. Il avait toujours l'air triste, mais c'était peut-être l'illusion que donnait la forme de ses yeux légèrement tombant.

Bella se mit à trottiner en direction des trois adolescents en tachant de rester discrète puis elle se remit à marcher lorsqu'elle jugea la distance qui les séparait assez longue pour qu'ils ne se doutent de rien, mais tout de même assez courte pour qu'elle ne les perde pas de vue. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'aucun d'eux ne se retourne et surtout pas Mary.

☺☺☺

Cela faisait une bonne vingtaine de minutes que les quatre adolescents marchaient et Bella n'avait toujours pas la moindre idée d'où il se rendait. Elle reconnaissait néanmoins la rue dans laquelle elle avait aperçu Zac le soir du match. Rue qui se révélait être une impasse.

Merde.

Bella recula de quelques pas afin de sortir de la ruelle et observa discrètement Zac, Mary et Jeremy grimper à l'échafaudage qui longeait le bâtiment désaffecté. La rouquine se demanda une seconde si il l'un d'eux habitait ici mais cela semblait impossible. Les carreaux de l'immeuble étaient, pour la plupart, cassés et personne n'avait nettoyé les tags sur les murs depuis longtemps. La jeune fille commença à s'imaginer un tas de scénarios.

Et si Jeremy avait trouvé refuge ici, fuyant sa mère veuve et alcoolique ? Et Zac ? Est ce qu'il avait des parents ? Évidemment, imbécile... Quoique... Peut-être dormaient-ils par terre, dans un sac de couchage. Non, Bella, tu te fais des films.

Bella rejeta un coup d'œil dans la ruelle mais il n'y avait plus personne. Ils étaient monté Dieu seul sait où dans le bâtiment. La rouquine soupira longuement puis se laissa glisser le long du mur pour se retrouver assise sur le trottoir. Elle plongea ses mains dans ses poches et en ressortit un barre de céréales. Elle commençait à regretter d'avoir annuler son déjeuner avec Mike juste pour suivre une bande de voyous qu'elle ne connaissait même pas.