1 - Ataya

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Une fois de plus, j'étais en train de contempler le ciel, d'un air rêveur. Il ressemblait à une cage, une cage qui nous enfermait sur cette planète. Je me demandais ce qu'il y avait de l'autre côté. Ce qu'il y avait derrière les limites de notre monde. Le bleu foncé du ciel sans nuages m'inspirait le froid, un univers glacial, dénué de vie. Cela est difficile à exprimer, mais... je ne sais pas, je ressentais qu'il était aussi... solitaire.

- Eh, salut !

Je sortis lentement de ma rêverie. Quelques secondes plus tard, je reconnus la personne qui m'avait interpellé. C'était Ataya, une fille de cette ville, qui allait au même lycée que moi, dans la même classe que moi. Elle porte d'ailleurs le même nom que cette cité portuaire. Quant à ce qu'elle faisait là, je n'en avais aucune idée. Je ne savais même pas comment elle m'avait trouvé, à travers les nombreuses ruelles sinueuses. Sans un mot, je la rejoignis, et nous commençâmes à marcher, ensemble.

***

Nous arrivâmes au centre-ville, et nous nous assîmes sur un banc, à l'ombre d'un arbre, pour se détendre. Aucun de nous deux n'avait ouvert la bouche pendant cette promenade. Pendant un instant, je regardai la place qui s'étendait devant moi, remplie de passants, qui avançaient, tandis que certains s'arrêtaient pour prendre des photos, des touristes sans doute. Il faut dire que notre ville portuaire est beaucoup fréquentée par les voyageurs. Son charme, et son soleil brillant presque toute l'année en étaient la raison principale.

- Dis... me questionna Ataya. Tu as quelque chose à faire en ce moment ? On est en plein jour de repos, donc je me suis dit que nous pouvions faire quelque chose ensemble, tu ne penses pas ?

Ce n'est pas déjà le cas ? me disais-je, surpris. Enfin... nous avions quand même passé une bonne heure à flâner. Je pensais qu'elle avait compris que c'était ce que je voulais. 

- On fait quoi, là, tu penses ? lui répondis-je.

Puis, elle remarqua ce que je sous-entendais, et afficha un visage stupéfait. Elle me pardonna, se leva d'un coup sec, et se retourna lentement vers moi.

- Bon, bah... C'était un plaisir... J'ai... un rendez-vous avec ma mère, aujourd'hui. Je suppose qu'on s'arrête là, donc... me dit-elle.

C'est pas toi qui venait de dire que l'on était en jour de repos ? Mais, ce n'est pas grave. Après tout, on avait été côte à côte assez longtemps. J'acquiesçais. Mais, avant de partir, elle me demanda :

- Tu préfères les sandwichs ou les sushis, en fait ?

" Pourquoi cette question ? " lui rétorquai-je. C'est un petit peu bizarre de me poser cette question sur le coup. Mais si elle veut réellement le savoir...

- Disons... les sushis, plutôt...

- C'est noté ! s'exclama-t-elle. Puis, elle partit, me laissant seul avec mes pensées. Je retournai donc chez moi, sous le soleil chaud de l'après-midi.

***

C'était la nuit depuis quelques heures déjà. Couché devant la télé, je regardais les émissions les unes après les autres. Je commençais à me sentir fatigué, quand tout à coup, j'entendis la sonnette de la maison retentir. Comme je vivais seul, je dus, difficilement, me lever et me diriger vers l'entrée. Après avoir ouvert la porte, j'entendis ces quelques mots qui m'annonçaient déjà qui se trouvait là, sans même que j'aie à le regarder :

- Défenseur de la grande citadelle des flammes éternelles, Idrik, pour vous servir ! Salut, Daro !

Mon ami d'enfance venait de faire son apparition, chez moi, à une heure du matin. Pour le dire tout de suite, il a eu depuis toujours le chuunibyou*, et se présente tout le temps comme guerrier de je-sais-plus-trop-quoi. Il faut dire que si tard, je n'avais pas envie d'écouter ses idioties. Sans m'empêcher de prendre un air énervé, je lui demandai :

- Qu'est-ce tu viens faire ici à cette heure ? Demain, on recommence les cours, tu sais ?

- Dans ce cas là, pourquoi es-tu réveillé à cette heure ? me dit-il en se moquant un peu. Ben.. Je viens te voir, parce que tu es un ami génial ! N'est-ce pas, Daro ?

- Alors, ta blague était nulle*, mais vas-y, entre, lui proposai-je rapidement.

Il entra, enleva ses chaussures, et, comme à son habitude, regarda les décorations qui enjolivaient le salon. Son regard s'arrêta sur une boîte que j'avais posée là il n'y a pas si longtemps que ça.

- Eh ! C'est nouveau, ça ! C'est quoi ? s'exclama-t-il.

Je fus pris d'une frayeur soudaine. Je lui criai, dans la panique, de ne pas y toucher.

- C'est... important...

Il me regarda d'un air compréhensif, puis, passant à autre chose, me proposa d'aller regarder la télévision. Ce que l'on fit, si bien que l'on ne ferma pas un œil de la nuit.

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*Chuunibyou (ou chūnibyō) = Maladie, principalement chez les adolescents, qui fait que l'on se prend pour un personnage spécial ou ayant un super-pouvoir.

 *Darou (ou Darō ) veut dire "n'est-ce pas" en japonais.

World's Desire - 1 - QueenWhere stories live. Discover now